29 décembre 2008


Vous en prendrez bien encore une petite couche ?

Voici ma seconde acquisition de cet hiver.

Ce sera la dernière avant longtemps et contrairement Philippe, je suis crédible quand j'avance sur ce terrain là.

Je cherchais depuis longtemps une théière pour les Dan Cong.

Je pense que les bonnes théières pour cette famille sont difficiles à trouver.

Il faut des parois fines pour une montée en température rapide mais également une terre qui conserve la température entre les infusions pour ne pas repartir avec une théière tiède entre chaque infusion. Enfin, il faut une terre noble pour aller loin dans l'expression et un volume suffisant pour que les feuilles puissent s'épanouir, ce dernier critère m'apparaît de plus en plus évident avec le temps.

Ca fait beaucoup de critères et ça ne se trouve pas facilement.

Avec cette théière, j'ai eu la chance de remplir le cahier des charges et, cerise sur le gâteau, l'esthétique est une réussite notamment avec un grain de terre d'une grande finesse.

Je n'ai fait que quelques essais mais ils m'ont semblé très concluants avec notamment la capacité de concilier une analyse très poussée des parfums et saveurs en même temps que des infusions riches en bouche. Même si l'on attendra jamais l'explosivité des parfums qu'offre le zhong, on pénètre avec cette théière un univers fait de liqueurs charnues et capiteuses qui ne me déplaît pas.
Et puis, ce bruit de sabre que l'on dégaine lorsque l'on retire le couvercle à longues lèvres est un régal...

Bon désolé, Philippe, j'ai encore tiré le premier...

27 décembre 2008


Comment vous dire…

J’ai vu passer un certain nombre de théières, voire un nombre certain.
On apprend à aimer les belles choses, à distinguer le bon grain de l’ivraie, le travail de l’artiste, le choix d’une terre particulière.
Et puis, il y a l’usage. On est parfois déçu. L’objet était beau mais se révèle médiocre dans sa tâche d’infuseur.
Et puis un jour … c’est la révélation, comme marcher sur quelque chose de dur, se baisser et trouver un diamant.
Cela m’est arrivé sans prévenir, par surprise.
Un coup de fil, puis un autre, une rencontre, un échange et enfin l’opportunité.
La chance de pouvoir acquérir un objet très spécial, miraculeux.
Une théière à l’esthétique parfaite, à la terre parfaite, à la taille parfaite, qui monte violemment et durablement à des températures insensées, change de couleur tout le temps, blanchit à plein, fonce dès qu’elle se vide, crépite, frémit au contact de l’eau bouillante.
Une vraie sorcière qui sonde l’âme du thé, va chercher les moindres secrets des plus grands, fait rendre gorge, tout avouer aux plus simples, détaille tout, avoue tout mais n’est jamais cassante ou brutale.

La théière ultime pour les Pu Er et sans doute pour les autres thés si on lui demande.

Un objet qui parle de générosité entre les personnes, offerte à prix d’ami parce que pour certains la transmission a du sens, parce que pour certains perdre, donner un peu de soi peut être un trésor.

Un tournant dans ma vie de dégustateur.

Merci.

22 décembre 2008

Rideau




Bientôt sur vos écrans, la collection hiver 2008/2009...


Bonnes fêtes à toutes et à tous !

21 décembre 2008




Et si...












Le proverbe dit: "si tu possèdes plus de trois objets, les objets te possèdent".




Cette pensée me trouble et je me demande si je ne devrais pas me séparer de certaines théières.



Mais qui pourrait bien être intéressé par de vieilles terres usagées...




18 décembre 2008


M3T Vs Mariage Frères

Vous en avez rêvé, je l'ai fait.

Enfin, sur ces colonnes, un banc d'essai comparatif des deux établissements les plus connus de la capitale.
Il se trouve que je les ai visités l'un après l'autre un week-end, il y a peu.
Ce qui m'a donné l'idée de ce "papier".
Samedi, j'étais place Monge, table 9 comme d'hab.
Dimanche, tea time aux Grands Augustins.
Les lieux:
La M3T propose une déco dans le style industriel londonien du meilleur effet avec des murs de briques et un sol en dur assorti.
La lumière douce très étudiée créé une véritable ambiance surtout lorsque la nuit tombe.
Les boîtes de thés grimpent le long du mur du fond et portent des inscriptions que personne ne comprend à part la patronne. Quelques théières sont suspendues mais rien de bien excitant car les terres épuisées sont planquées dans le cabinet privé de Madame à l'étage. Des livres sur la cuisson des crevettes et d'autres sur l'art de se masturber en pensant au thé sont disponibles près de l'entrée.
Le personnel est compétent et porte le cheveu court.
L'ambiance est studieuse et souvent silencieuse de peur de représailles, je présume.
Pour entrer, il faut sonner, comme chez Harry Winston. Mais c'est un peu moins cher.
Chez Mariage, la déco est pseudo coloniale. On porte le blanc comme chez le dentiste mais moins bien repassé, lin oblige. Le cheveu est souvent court aussi, mais moins que Place Monge. L'accès aux théières est plus aisé et le choix plus varié. Beaucoup de couleurs pour aller avec la déco de chez soi. Un bon point. Les boîtes sont plus grosses mais courent aussi sur les murs. Ca doit faire asiatique. On comprend les inscriptions mais elles ont souvent été choisies sous l'emprise de substances moins acceptées que le thé. Ici aussi, ça sent bon dans la boutique. Ca ne sent pas le thé mais c'est sympa. Le thé non plus ne sent pas le thé, d'ailleurs.
Il y a aussi un salon de thé pour déguster sur place mais à l'étage, cette fois. Ne vous trompez pas car si vous grimpez direct à l'étage à la M3T, vous risquez de redescendre plus vite que vous êtes montés...

La plus grande différence entre les deux établissements est probablement "le manger". A la M3T, faut venir avec, chez Mariage, il est fourni. Je précise qu'il n'y a pas de micro-ondes à la M3T. Venez donc avec un repas froid. Sardines, saumon fûmé, gigot froid, etc...
Chez Mariage, il y a des gâteaux, bons d'ailleurs et pas donnés. On peut aussi manger salé.
Sinon, pour aborder un sujet qui intéresse tout le monde, côté drague, la M3T, c'est mort. Ca branche pas du tout. Ou alors, j'ai rien compris. Chez Mariage, c'est plus ouvert, me semble-t-il. Par contre faut pas espérer consommer sur place. Rien n'a été prévu à cet effet. Pas de préservatifs aux toilettes, d'ailleurs, il n'y a pas beaucoup de place pour la bagatelle...
Pas trouvé de backroom non plus...
La clientèle est très différente. Place Monge, il y a un peu de bobos mais pas trop. Pas mal de jeunes et de groupes de femmes. Il y a même un des employés qui s'est spécialisé dans cette dernière catégorie. Enfin, quelques pervers qui fantasment sur les théières mais que les pouvoirs publics ont jugé acceptable de laisser évoluer en liberté.
Chez Mariage, y a du bobo, de la vieille et du touriste. Beaucoup de touristes...
Alors, à l'heure du bilan, difficile de se prononcer sur un choix.
L'eau chaude est bien meilleure Place Monge et pas toujours beaucoup plus chère.
Les théières sont plus grosses et décoratives chez Mariage mais deviennent de plus en plus chères avec les années.
Celles de la Place Monge sont plus petites, faciles à ranger et discrètes. Elles n'ont jamais été données. Mais le stock est mal géré. Difficile de trouver le même article en plusieurs exemplaires.

Essayez les deux.

17 décembre 2008




Relief...


Une donnée que j'observe de plus en plus fréquemment est le relief d'un thé, tant en bouche qu'au nez, la capacité à s'exprimer un certain volume qui ne doit pas être confondue avec l'épaisseur.


C'est un peu comme si l'on pouvait tourner autour des arômes et saveurs.


Ne dit-on pas qu'un thé décevant est plat ?


Le volume s'exprime aussi par l'espace occupé en bouche, la manière ont la liqueur va venir tapisser le palais, le rendu du tombé en bouche, comme un corps solide.



Certains grands thés sont très présents en bouche mais leur mâche est aérienne, tout comme leur faculté de disparaitre comme par enchantement tout en laissant un souvenir très présent au palais.


Seules l'observation et la concentration, bref le calme, permettent de remarquer cet aspect du caractère d'un thé.







16 décembre 2008



Bon les jeunes .... ?!
Vous êtes là ?
Ok, alors j'vais pas vous la tartiner façon tailleur vénitien.
Du gros, du gras, du lourd.
Des faits !

Voilà, dans le droit fil de mon sentiment du moment, c'est à dire "c'est qui l'patron ?!?", j'ai décidé de tester ma théière à Pu Er en terre soit disant épuisée (c'est moi qui m'épuise à force d'entendre ce couplet) avec .... un Dan Cong.
Allez, zou ! un p'tit Ba Yé 3, autrement dit, du tout bon, 5g, de l'eau chaude optimale ( Brita 8 jours) et roule !

Première infusion, 45", histoire de détendre mémère. Un peu raide, en bouche, pas très révélateur des capacités du thé et un nez décevant.

Round 2: 2'30" Résultat: beurk ! Du jus de métal ! Y a pas à dire, l'effet mémoire des théières, c'est pas du roman. Ah si vous aimez le minéral, ça va être la fête. Pour les autres, circulez...


Acte 2: changement de décor. On vide grand-mère et on transvase dans ma théière à Rocher.
Je me dis que le retour dans la maison des Wulong fera du bien. J'attaque sec avec 3'.
Du bon, du moelleux, du fond et du nez. Bref, ça va nettement mieux. Pourtant, la théière est plus grosse et j'ai même perdu quelques unes des feuilles dans le déménagement de peur d'abîmer le culottage de la première.


A l'heure du bilan. C'est intéressant. D'abord parce que sans vouloir tirer de généralités, l'expérience Dan Cong dans une théière à Pu Er est un échec clair et net. Ensuite, parce que même avec la seconde, ce que je pensais déjà se confirme: on perd trop au nez en fraîcheur en comparaison avec le zhong. Mais bon, aucune n'était culottée pour cette famille de thés.


Par contre, il y a quelques semaines, j'ai eu une belle expérience de dégustation de Dan Cong en théière à la M3T avec une liqueur tout en relief, un nez capiteux et expressif, de la mâche et une très enviable longueur en bouche. Tout cela avec un Ba Yé 4, pourtant plus modeste que le n°3.


Il y a donc matière à creuser et à renouveler les expériences.




02 décembre 2008


Plénitude hivernale.

Je n'ai pas trouvé mieux pour résumer mon sentiment du moment.
Pour la première fois depuis des années, je n'ai pas d'angoisse, de stress, d'excitation, ou que sais-je encore à l'idée de passer ma commande de fin d'année de thés.
Tout simplement parce que je n'ai pas d'envie ou de besoin particulier.
Je n'ai pas vraiment de trou insupportable dans ma collection de Pu Er, pas de wulong dont je rêve de découvrir les secrets, non rien que de la sérénité. Finalement, la crise tombe la bonne année. On serre tous un peu la vis sans s'en rendre forcément compte et cette année, il n'y aura pas de frustration. Les galettes jeunes ne font pas vraiment rêver comme le faisaient les vieux Cheng. On les achète pour les oublier sur une étagère, la plupart du temps. Dans l'espoir qu'elles deviendront grandes mais pas de raison de rêver. Les nouvelles références en Pu Er anciens sont intouchables alors, non rien à faire que de regarder tout ça avec le détachement d'une vache au bord d'une ligne de chemin de fer.

A l'heure du bilan 2008, je retiendrai simplement un tournant dans ma modeste et courte vie de dégustateur: la généralisation de l'usage du zhong. Je lui préfère la théière 9 fois sur 10, ne sortant les belles terres que deux ou trois fois par mois en moyenne.
Manque de temps, flemme, aspect pratique, précision pour la découverte de nouvelles références (qui ont été nombreuses cette année).
Plus d'avantages que d'inconvénients à mon sens. Et peut-être aussi le sentiment que le zhong me rapproche du thé, débarrasse d'une certaine forme de pollution de l'expérience par l'aura de la terre.

A tout bientôt dans ces pages et ailleurs.

16 novembre 2008








La théorie du dromadaire,

Comme vous ne l'ignorez pas, c'est le chameau qui a deux bosses. Si les enfants vous demandent comment s'en souvenir, dites leur que cha-meau = 2 syllabes et 2 bosses. Clair ?
Bon, revenons au thé. Oui, c'est bien de thé qu'il s'agit et plus précisément de wulong, wu-long, comme le chameau, mais revenons au dromadaire. Si vous dessinez la bosse de l'animal, vous devez partir d'en bas à gauche, oui là... puis remonter selon une courbe délicate, en suivant une pente douce mais haute. Puis, vous arrivez au sommet et redescendez vers la droite dans un mouvement symétrique au début de votre dessin.

Vous suivez ?

Bien... vous savez dessiner une courbe de Gauss, une bosse de chameau, heu non, de dromadaire, pardon.

Mais vous savez aussi dessiner une courbe d'amertume de wulong.

Eh oui, on ne va pas parler que de camélidés, tout de même.

J'ai découvert récemment que les wulong infusés assez longtemps perdent l'amertume qu'ils peuvent présenter sur des infusions de durée moyenne. Etonnant, non ?
Faites l'expérience avec plusieurs de vos références, c'est parfois édifiant.

Les infusions courtes sont satisfaisantes parce qu'elles sont délicates et qu'elles mettent en valeur les parfums mais la liqueur manque souvent de matière. Avec une infusion de durée intermédiaire, vous récupérez la matière mais vous vous prenez souvent une correction du point de vue de l'amertume.

Avec certains thés, je ne dis pas que cela marche chaque fois, ni que je maîtrise parfaitement la technique, une infusion longue, disons au-delà de 45" pour 4g de thé non usé en théière par exemple, vous allez découvrir tout un monde de promesses insoupçonnées.

A tel point qu'il est difficile de reconnaître certains thés que l'on avait appris à seulement effleurer.

J'ai encore fait l'expérience aujourd'hui sur ce formidable petit Bayé Dan Cong 4.

Départ à 15" puis 1mn, puis 2, puis 3, franchement et sans crainte.

Epatant !

10 novembre 2008



Prologue au plaisir.

On parle souvent de temps du thé, celui de la dégustation ; de l’après thé, tenue en bouche, sommeil léger.
Mais on parle peu de l’avant thé.
De plus en plus pourtant, je pense que la préparation du palais joue un rôle déterminant dans la réussite de la dégustation.
J’ai pensé me faire une petite liste d’aliments qui ruinent une dégustation à venir.
Certains font ressortir les défauts d’un thé, d’autres masquent ses qualités.
Vous avez sans doute déjà élaboré votre liste d’interdits afin de préserver vos dégustations.
Je citerai juste quelques exemples pour que mon propos soit plus clair.

Les Dan Cong bien préparés ne sont pas dramatiquement amers mais il faut être attentif à leur préparation et les rencontrer avec le palais vierge de certains mets qui ont tendance à exciter leur caractère. Evitez les agrumes, la pâte d’amande et le gingembre.

De manière générale, si vous ne pouvez pas espacer le dernier repas et la dégustation de thé d’au moins deux heures, abstenez-vous de dessert.
La dégustation est moins raide après des mets salés que sucrés, lesquels rendent agressifs presque tous les thés.

Dans mes premières années de dégustateur sérieux, j’aimais bien manger japonais (sushi, Chirashi, etc..) avant le Pu Er.
Puis, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une erreur.
La sauce soja contient trop de sucre et de sel et masque les saveurs.
La soif est décuplée artificiellement mais la dégustation est trop imprécise.
Le poisson blanc et les légumes vapeur ne font pas trop de dégats.

Préalablement à une dégustation de grande classe, je préconise de manger du pain avec éventuellement un peu de beurre. C’est tout.
Fuyez le pain aux noix, et autres fruits secs. Les olives sont également nuisibles. Tout comme les abricots secs, apporteurs de sucre.
Un très bon pain peut constituer un savoureux repas assez neutre pour préserver toutes les qualités de votre thé.
Evitez toutefois les pains spéciaux comme ceux réalisés à partir de farine de seigle ainsi que les multi céréales trop puissants en goût.
J’ai de bonnes expériences avec le levain naturel. Son acidité éveille les papilles sans trop plomber la bouche.
On peut le faire griller pour agrémenter un peu le repas mais il y a un petit risque de masquer les saveurs pâtissières des Rocher, par exemple.
Pas de risque avec un Pu Er, en revanche.

Pour la boisson, de l’eau, de l’eau et rien que de l’eau. Le vin, c’est la cata, sans parler de l’effet de l’alcool qui abaisse le niveau d’attention.

Dois-je préciser que le café assassine le thé ?

Enfin, déjà évoqués les fruits, bien que légers, font trop de concurrence au thé et sont à fuir avant les wulong et même les Pu Er compte tenu de leur apport en sucre et de leur acidité.

Un peu austère, comme propos, me direz-vous.
Pourtant, si vous vous apprêtez à vous rendre dans votre salon de thé préféré et claquer l’équivalent d’un repas au restaurant pour déguster un thé pendant deux heures, il serait dommage de gâcher la fête, n’est-ce pas ?

08 novembre 2008


L'automne est bien là,

J'ignore comment font les personnes qui vivent dans des régions du monde où les saisons se ressemblent. J'ai besoin de ces successions même si l'automne demande beaucoup au moral. Il faut du cran pour supporter de quitter l'été et sa douceur, son plaisir de vivre. La saison suivante est celle d'un long processus de dépouillement. On perd pour mieux retrouver au printemps. On y laisse aussi parfois un peu de son courage. Alors, l'envie réapparaît de créer une ambiance chaleureuse. On recherche les siens, les objets chers, les lainages, les feux de bois et les bougies, tout ce qui peut rappeler la lumière et la chaleur perdues. Même les thés dégustés ne sont pas les mêmes. Les Rocher sont à l'honneur, les saveurs et parfums de fruits sec et les notes pâtissières sont appréciés.
Tié Guan Yin n°4 découvert tardivement grâce à Florence, Shui Xian 5, fidèle compagnon des saisons froides, Da Hong Pao 4 et sa force réconfortante, Mi Lan Xiang 4 qui débarque parmi les familles de Wulong moins estivales que la sienne, Bu jian Tian et son grain poudré qui évoque la cacao sans faire l'impasse sur des notes fleuries.
Sans parler des Pu Er qui s'invitent dès que la pluie entre en scène.

Il nous faut cette richesse, ces parfums capiteux pour affronter l'hiver prochain, traverser la longue nuit de l'année et gagner une nouvelle fois la lumière du jour.

03 novembre 2008



Ba Xian 2 de Taiwan

Lorsque l'on décide pour la première fois de déguster sérieusement un wulong, l'initiateur pose souvent la même question: dans notre référentiel, gustatif, que va-t-on rechercher: le fruit frais, sec, la fleur ou le miel ?
C'est réducteur mais souvent précieux pour borner un sujet si vaste et étourdissant pour un néophyte.
Peut-être avez-vous aussi répondu à cette question, peut-être avez-vous en tête une réponse évidente qui signe votre ou vos penchants.
Lorsque l'on m'a posé cette question pour la première fois, il y a 8 ans, j'ai dû répondre le fruit sec ou frais, peut-être la fleur mais pas le miel. Ce n'est pas que je n'apprécie ce mets en général, mais je suis un peu gêné par tant de rondeur qui confine parfois à l'ennui. J'entends le chant des abeilles me bercer et je crois perdre toute énergie, vivacité. Et puis, ce monde me semble moins vaste que l'univers des fruits ou celui des fleurs.
Cette distance est restée avec le temps et ce n'est que rarement qu'il m'arrive de fréquenter ces rivages du thé, souvent par le "fruit" du hasard.
Comme samedi dernier par exemple, lorsque, accompagnant l'un d'entre vous, au terme d'un épique et endiablé shopping Place Monge, j'ai eu l'occasion de recevoir 5g de Ba Xian 2 de Taiwan.
Quelques jours ont passé et j'ai pu, au calme, aborder cette référence studieusement. Les feuilles sèches et chauffées annoncèrent d'emblée la couleur: bienvenue dans l'univers du miel, de l'hiver, de la montagne et des forêts de pins. Dès les premières effluves, j'eus l'impression d'être transporté dans un refuge de montagne et sentis que l'on ne me proposerait pas de conclure de sitôt...
En même temps, le parfum complexe et racé avec une belle ligne d'acidité ne m'emmenait pas si loin de celui de certains Rocher, comme le Shui Xian 5, par exemple.
Les feuilles rincées ont confirmé la dominante de miel plutôt sombre avec une belle profondeur.
Les infusions ont donné du spectacle au nez avec une intéressante évolution des parfums au fil des passages avec bien sûr une trajectoire allant du miel au résineux à quelque chose de plus floral, transparent, aérien qui n'était pas pour me déplaire. La bouche a été stimulée de manière parfois un peu anarchique avec des tanins pas toujours bien lissés et une ampleur perfectible. A ce titre, je pense qu'en zhong, 4g auraient suffi. En revanche, la persistance en bouche peut être qualifiée de phénoménale. Une heure plus tard, j'ai l'impression que l'on m'a tatoué le nom de ce thé au palais...
Vous l'aurez compris, ce n'est pas mon monde mais je dois concéder que ce thé a de l'expression, de la personnalité et plaira certainement à tous ceux qui rêvent la nuit de pénétrer dans l' "Hundred Acre Wood"...

02 novembre 2008




Monstres sacrés volume 1



Avec cet article, j'engage une petite série de présentations de thés qui ont marqué durablement mon expérience de dégustateur de Pu Er anciens.

Ne cherchez pas ailleurs que dans le catalogue de la Maison des Trois Thés, je n'ai tout simplement jamais approché le moindre vieux Pu Er digne d'intérêt venant d'ailleurs.

Beaucoup de ces références sont à présent épuisées et n'ont plus pour elles que la force du souvenir, sauf pour ceux qui ont eu la chance de pouvoir les collectionner.

Je commence donc avec un thé qui fait inconstablement partie de mes plus chers, au sens sentimental au moins du terme.

J'ai nommé le Tuo Cha n°8 de 1986.

Il y a dans ces feuilles un peu de sorcellerie, serais-je tenté de dire.

Originaire du même producteur que la galette Yi Wu n°10 de 1987 et de la brique n°11 de 1985, ce Tuo Cha fait partie d'une sorte de "dream team" des 80', sorte de paradis perdu du thé noir.

L'infusion est d'un bel orangé, très odorante pour un Pu Er.

La bouche est tout spécialement sur le fruit avec une belle acidité minérale, des notes de coing, de ginseng et d'agrume.

Est-il utile de préciser que les infusions sont très vertébrées et se succèdent très longtemps avant que le thé ne présente des signes de fatigue.

Il faut savoir réserver un temps hors du temps à de telles références, leur consacrer un espace de calme et de concentration pour les honorer comme elles le méritent.
C'est alors qu'elles livrent leurs trésors pour notre plus grand plaisir.


12 octobre 2008




Quand on ne fait pas de thé...


Il y a un temps pour le thé, large, vaste, précieux et fréquent.

Mais le thé n'est pas tout et l'envie doit se ressourcer.

J'aime la Coupole à Montparnasse. J'aime l'Art Déco et ses temples.

C'est un endroit calme et majestueux où il fait bon flâner de temps en temps.
Le chocolat y est délicieux et bien moins lourd que chez Angelina mais les touristes ne le savent pas. Et puis, que boire, sinon...
On y traîne au matin, et si l'envie se présente, on peut y déjeuner très correctement.
Il y a toujours eu de beaux cafés à Paris, comme à Vienne, mais l'interdiction de fûmer les rend enfin fréquentables.
Quand le temps s'y prête, on peut traverser le Boulevard du Montparnasse et s'enfoncer dans le VIème arrondissement, se promener dans le jardin du Luxembourg, passer prendre une patisserie chez Sadaharu Aoki ou chez Pierre Hermé sans oublier les délicieux chocolats de Jean-Charles Rochoux. Ses truffes sont à se damner...
Et puis, toutes ces adresses sont assez proches de chez moi, un jet d'autobus m'y transporte sans peine, alors...

L'après-midi s'annonce enfin et il est temps d'appeler Gilles et de réserver la table 9, faire escale pour deux heures de détente totale avant de reprendre la balade et faire quelques photos en chemin.
Et vous, que faites-vous de votre temps hors du thé ?

20 septembre 2008

Pas assez cher, mon fils...

Il y eut des moments difficiles au pays des collectionneurs de pu Er.
Des temps durant lesquels, certains devaient user de mille ruses pour financer leur passion.
J'en ai même connus qui ont dû faire commerce de leur corps pour s'offrir les précieuses galettes.
D'autres ont dû sacrifier certains de leurs organes pour parvenir à leurs fins. On les appelait les Eunuques du Mao Cha.
Un jour, j'ai même croisé un borgne à la M3T...
Ce temps est révolu. On a eu chaud !
J'en étais même arrivé à me demander quel était le doigt dont j'aurais pu me passer pour lever la tasse et la brochure d'une clinique de Floride traîne toujours dans ma chambre. Je demande publiquement pardon à la famille américaine qui m'a accordé sa confiance et son espoir...

C'est fini !
Basta!

On va pouvoir s'éclater à mort avec les tarifs 2008.
La matière première a vu son prix fondre mais pas la qualité.
Et la M3T répercute les baisses pour le plus grand bonheur de ses fidèles.

La carte s'est enrichie ces derniers jours de 7 galettes de 200g, d'une briquette de 65g et de trois vracs. J'oublie peut-être quelques références mais vous pourrez faire vos recherches par vous mêmes.

Les galettes d'abord, toutes issues de théiers séculaires. La maison semble résolument décidée à monter en exigences chaque année. Probablement pour se démarquer toujours plus des thés disponibles sur le Net.

Voici la liste des galettes millésime 2008 fraîchement arrivées:
Yi Wu 52€
You Le 28€
Men Song 28€
Pa Sha 24€ (également disponible en briquette de 65g avec étui de voyage à 8,50€. Le Pu Er frais des voyageurs)
Nan Nuo 33€
Meng Ku 24€
Si Yuan 27€
Notez que pour ce dernier thé, il ne s'agit pas d'un terroir mais d'un blend réalisé à partir d'autres terroirs. Une recette maison en quelque sorte. Amusant, non ?

Les vracs 28 (1998 13€/100g) et 29 (2000 11€/100g) sont des Shu, le 30 (1993 28€/50g) est un Sheng stocké en milieu sec.

Un choix impressionnant que votre serviteur n'a pu que survoler.
En fait, j'ai dégusté le Yi Wu qui frappe très fort.
Pour être clair, si je mets à part les Pu Er issus de théiers millénaires, cette référence est la meilleure que j'ai pu goûter à ce jour, tous fournisseurs confondus.
Fruits frais, très complexe, étonnament souple et sucré pour un Yi Wu jeune, déjà une véritable gourmandise tout en distinction avec du fond, du vrai et une mâche très élégante. Un tantinet snob, tant il se moque de la durée d'infusion: jamais de raideur, d'amertume, de crispation, un horizon lointain sans ce sentiment si fréquent de se heurter à un mur d'impuissance dès que l'on cesse de regarder le chronomètre.
Il s'agit d'un mélange de deux récoltes du printemps 2008.
Une très belle réussite.

Voilà, c'est tout pour le moment. Excusez le côté publi-reportage mais je voulais vous donner des faits et informer ceux qui ne se déplacent pas facilement Place Monge.


07 septembre 2008



Hommage humide et canaille au grand Serge,

Retour de force pour la dégustation de vieux Pu Er.

Bien longtemps que je n’avais plus le palais à la bagatelle.

Le soir venu, de retour du chantier, j’avais le cœur végétal.

Dans ces conditions, plus de place pour la soupe au Viandox.

Mais avec le temps, passée la saison chaude, les ballades en forêt me manquent de nouveau.

Avec le recul, bien content d’avoir joué l’écureuil dans les épisodes précédents.

Pas demain que je manquerai de noisettes…

En plus, j’ai la pince écossaise et le dosage aérien.

D’autant que le p’tites galettes, pour les toucher, faut d’abord les allonger, sinon c’est froid comme en décembre.

Bien heureux que la chasse au plaisir soit de nouveau ouverte, ça va frétiller tout l’hiver dans les Yi et les Xing, on va faire tinter la porcelaine comme dans les jardins du Zwinger.

Ca donnera peut-être pas l’heure mais on ne sera pas desséché du gosier.

Le principal, c’est que pieds-de-poule ou prince-de-galles, je prenne mon pied et m’rince la dalle !

28 août 2008



The man who has been there...
Cela commence un peu comme un titre de chanson de Johnny Cash et puis finalement cela vous renvoie au thé.
Il y a ceux qui en parlent, en boivent, en achètent, écrivent sur le sujet et puis il y a ceux qui vont en Chine pour essayer de comprendre le thé.
Ces personnes méritent notre respect car elles ont poussé la passion jusqu'à s'investir au-delà de la gestion d'un simple loisir.
J'ai découvert grâce à Michel certains jeunes Pu Er de Nada.
Je dois dire que leur point commun est "le fond".
Que l'on apprécie les parfums, saveurs, rondeurs et l'aspect général d'un thé est affaire de goûts et de vécu.
Un critère me semble en revanche déterminant dans le choix d'un thé: le fond.C'est à dire la complexité, la personalité, la typicité.
En bref le caractère.
Sans cela, il ne reste que l'ennui.
Les autres critères objectifs accessoires du premier sont la transparence et l'endurance.

Les Pu Er de chez Nada que j'ai pu goûter ont des qualités, parfois aussi des défauts (encore que pour leur prix...) mais ils ont tous du fond.
En gros, ils ont une histoire à raconter.

Je n'ai pas l'expérience et la connaissance pour dire s'ils deviendront de grands Pu Er mais cette incertitude plane sur tous les jeunes thés sans distinction de provenance et de prix...
La différence, c'est que les prix de Nada sont raisonnables au regard de la concurrence.
Je pense que je vais suivre cette carte avec intérêt.
Le 12 Gentlemen Yiwu 2006 est délicieux, le Yiwu Yi Chang Hao 2007 est un peu fermé et timide au nez mais fin et prometteur avec un caractère de Pu Er bien juteux déjà bien trempé et la galette "Nada" 'Cha Chan Yi Wei' 2008 tirée à 40 exemplaires à sa demande n'est pas une curiosité.
C'est un vrai bon, délicat et increvable Pu Er.
J'ai préparé un zhong avec 2 grammes que j'ai suivi sur 4 jours.
J'ai finalement jeté les feuilles ... pour libérer un zhong, non parce qu'il était mort.

J'ai eu de bonnes expériences avec Yunnan Sourcing mais la carte de Scott est résolument bas de gamme, par choix sans doute.
Avec Nada, on tient enfin une source fiable orientée vers des Pu Er plus sérieux.
Essayez...
A link that is producing or tending to produce happiness, a felicific place :

26 août 2008



Un peu d'histoire,



On nous bassine que les Chinois avaient déjà bâti une civilisation pendant que nos ancêtres cherchaient encore des glands dans la forêt.



Bon, d'accord...



On nous récite que le thé, le Pu Er, c'est une affaire de Chinois, que l'on évalue l’origine des premiers plants de théiers à l’état sauvage, entre 60 à 70 millions d’années dans le sud-ouest de la Chine. Bon d'accord, d'accord, tout vient de là-bas, c'est entendu.



Mais le thé en Occident, en Asie Mineure, en Afrique hein ?



Les Holandais ont introduit le thé en Europe en 1606 ?



C'est ce que l'on nous a appris mais faut-il le croire...



Le reste du monde aurait-il attendu si longtemps pour découvrir les plaisirs du thé ?



Pas si sûr...



J'ai effectué une petite recherche pour vous et l'art parle souvent davantage que les livres.



Jugez plutôt en observant quelques oeuvres reproduisant la vie des amateurs de Pu Er, oui, j'ai bien dit de Pu Er !

















Regardez cet Egyptien de l'Antiquité en train de tasser ses galettes dans sa jarre.




Mais s'il ne fallait en retenir qu'un, un seul, le plus illustre des dégustateurs de Pu Er de toute l'histoire, ce serait celui-ci:
















Observez la fureur de Moïse qui, parti en pleine nature avec un groupe d'amis pour déguster un vieux Sheng compressé, se rend compte qu'il a oublier d'emporter de quoi découper sa galette.



Bien d'autres témoignages de l'histoire du thé se cachent dans les musées de nos villes.



Il nous appartient de rétablir la vérité !



A la demande générale, je rajoute une référence incontournable et d'actualité:





Le discobole immortalisé par le sculpteur Myron, cinq siècles avant JC !


Nous sommes ainsi renseignés sur la nature de la première discipline olympique: le lancé de galettes !


24 août 2008



L'age de raison.

On nous avait dit qu'il faudrait être patient, que l'on ne profiterait peut-être pas du fruit de nos efforts, que nous pourrions bien investir pour les générations futures, qu'acheter des Pu Er jeunes et les stocker, c'était mourir un peu puisque, accepter la course du temps.

Les plus braves ont tenu bon, ont dépensé, immobilisé des sommes non négligeables, encombré leur logis pariant sur le thé, pariant sur le temps.

Alors ils s'étaient donnés rendez-vous avec l'histoire, parfois effrayés par le message que ce pari fou représentait.

J'ai fait partie de ces fous heureux et je n'attendais pas de récompense pour mes efforts dans cette vie ou dans une autre.

Et puis, l'espoir est né peu à peu à force de goûter et regoûter l'œil aux aguets, tous les sens en éveil dans l'espoir d'un signe du temps. L'espoir de signes du temps, de maturation de thés, l'espoir d'un rendez-vous plus proche que promis.
.


Aujourd'hui, j'ai assez de recul et de tests derrière moi pour fêter la victoire, brandir la tasse et clamer que nous avons bien fait, que le temps n'est pas figé et tend déjà la main aux fidèles.

Tenez, cette galette 31 M3T qui a fait grincer bien des dents. Cette galette que certains voulaient brûler sur l'autel du stockage sec, que d'autres savouraient presque en cachette et avec honte. Et bien cette galette est passée de l'autre côté, du côté des vrais et bons Pu Er avec sa robe fauve, sa transparence, son velours et des saveurs de fruits secs et de vieux parchemins. Ce thé maudit sera vengé et maudira à son tour les incrédules.

Parce que ce thé aujourd'hui, je vous le dis, ce thé il y a encore peu si vert, poissonneux et ingrat, ce thé maintenant est magnifique et vient, chez moi en tous cas de refermer la porte de la honte et du doute. Il est entré dans une phase de maturité. Alors, je vous entends déjà rire de ce dégustateur naïf qui nierait le rôle du stockage humide et voudrait accélérer le temps pour se faire plaisir, pour se rassurer.

Je tiendrai bon. Si le temps n'a certes pas achevé son oeuvre, il est au travail et rend déjà des comptes qu'il est bon de boire ici et maintenant.

Puissent les autres thés suivre cette voie et nous ravir avant que n'ayons oublié de nous faire plaisir.





(Derniers essais: Yixing 13cl, 3g de galette 1998 n°31, inf de 30" à 5')




17 août 2008



L'Alpha et l'Omega.

Ok, j'ai une confession à vous faire: je ne suis pas cool.
Pas du tout même. Pourtant, j'ai essayé, j'écoute même Led Zeppelin et Cesaria Evora.
Mais rien à y faire, dès que je porte un T-shirt avec un slogan, j'ai l'air déguisé et je ne supporte pas l'imprécision et le non respect des règles.


Par exemple, je suis incapable de préparer une infusion sans compter les secondes dans ma tête.


Pour aggraver mon cas, j'ai épousé la femme la moins cool de l'hémisphère nord avec un sens de l'humour plus sharp qu'une lame japonaise.

Alors quand je croise des gens cools, c'est amusant.
Pas hostile mais amusant.
Tenez, Michel, par exemple. Il est adorable ce type.
Je ne le connais pas beaucoup mais je le trouve cool. Il doit l'être.

L'autre jour, il m'envoie du thé pour que je goûte des trucs.
Alors, c'est du Michel, quoi... Ca part dans tous les sens.
Y a des sachets avec des mots griffonnés, une lettre qui a l'air codée par les services secrets de Sa Majesté. Et le tout ressemble à une prise des stup.

Alors, je goûte ses échantillons de Pu Er.
Il y a des trucs vraiment bien. D'autres moins.

Et puis, je comprends que mon interlocuteur ne recherche pas forcément les mêmes sensations dans le Pu Er.
Certains thés qu'il trouve super me donnent l'impression de sucer un caillou tellement ils sont raides.
Je me retrouve davantage dans d'autres échantillons, comme ce 12 Gentlemen 2006 Yi Wu, formidable.

Alors, je me dis que l’on n’a pas appris le Pu Er de la même façon.
Il trouve que les Sheng de la M3T ont un petit goût de stockage humide, voire de Shu.


Ce qui m'étonne puisque je n'aime pas les Shu.
Moi, je trouve que les Sheng qui ne viennent pas de ma M3T sont presque toujours secs, sans fond et manquent de fruit et de complexité.

Alors qui a raison ?
Personne, sans doute, ou tout le monde.

Mais, c'est bien de pouvoir partager, s'énerver de ne pas être compris, être différent, aimer des choses différentes et peut-être surtout faire des connaissances grâce au thé.

Tiens, je suis peut-être en train de devenir cool, moi aussi...

10 août 2008


Recherche de l'épure et de l'essentiel.

La pratique du Gong Fu Cha demande du temps et de la disponibilité.
Je compte le temps que la vie me laisse chaque jour comme les grains de sable fin qui coulent en jets continus entre les doigts écartés.
La disponibilité de l'esprit bien davantage que du corps se paie en or.
Le torrent du temps qui s'enfuie sans pitié emporte tout sur son passage.
J'ai besoin de moi et des autres dans ce chaos incontrôlable.
Arrêter les images, les rendre belles et savoureuses, montrer le dos au vent qui mugit.
Goûter le meilleur du thé même rarement mais pleinement quitte à oublier les justes bons, les justes justes.
J'ai eu le temps du quotidien du thé et ne le regrette pas.
J'ai soif aujourd'hui d'îlots temporels, de concentration totale.
Je ne veux plus vivre avec le thé mais faire naître des moments privilégiés qui lui seront offerts pleinement.

30 juillet 2008




Hier, disposant d'un peu de temps, j'ai ressorti l'artillerie lourde: théière Yixing, pinceau, balance, 5g de galette n°11 de 1985, bref, le kit de la pignole !

J'ai essayé de prendre mon temps, de veiller au respect des étapes nécessaires à la mise en oeuvre réussie d'un Gong Fu Cha exemplaire, allant jusqu'à étudier la danse des volutes de vapeur au-dessus de la théière (ça, c'est pour les jeunes qui Gongfuchent d'une main).

Je ne vous cache pas que j'ai abordé cette cession avec inquiétude car avec l'arrivée des Pu Er jeunes, il y a 2 ans, j'ai peu à peu perdu mon "Mojo" avec les anciens.


Disons que j'éprouve de moins en moins de sensations lors de leur dégustation. Ils m'apparaissent souvent trop lourds, opaques, troubles et je ne vous parle pas des cuits que je considère, pour l'immense majorité, imbuvables.

Seules quelques piqûres de rappel salutaires prodiguées à la maison des Trois Thés ces derniers mois sur des références TRES chères (notamment le vrac n°27) ont sauvé mes sensations d'un sommeil profond.

Je dois vous confier avec embarras que le résultat de ma dégustation m'a partiellement convaincu. Les premières infusions m'ont paru manquer un peu de pureté, puis les choses se sont améliorées à partir de la 4ème. C'est un joli thé mais finalement assez moyen sur certains critères comme la précision, la transparence et même la longueur en bouche.

Je ne pense pas que l'on tienne là le top du Pu Er compte tenu des caractéristiques des nouvelles références.

Il me semble que certains crus récents et haut de gamme iront nettement plus loin lorsqu'ils auront revêtu dans quelques années leur costume de Pu Er.

L'avenir parlera.

Aujourd'hui, si c'était à refaire, compte tenu de ma modeste expérience et des prix actuels, je ne ferais plus l'effort de constituer une cave à vieux Pu Er, considérant la concurrence des jeunes et de leur potentiel.


Je n'ai pas de regrets mais je note une évolution du marché et de mes goûts avec lucidité et peut-être aussi un brin de nostalgie.

L'ignorance avait du bon.

Jour 2:

Je reprends la dégustation de la veille laissée après 6 passages.

C'est mieux, bien mieux.

L'infusion est claire, presque limpide, juteuse, dense en parfum, longue et sur la noix fraîche.

Je suis en terrain ami.

Faut-il user les feuilles pour qu'elles aillent à l'essentiel ?

C'est un peu comme un axe sur lequel ont devrait chercher à optimiser le couple pureté / usure des feuilles.

Je ne suis pas certain d'être bien clair.
Je reprends: plus le thé atteindra rapidement la pureté et la précision plus on pourra dire qu'il est de qualité.

Les autres, ceux qui ne pourront atteindre la transparence que tardivement seront usés et la rencontre entre les deux critères impossible.

La rencontre sera manquée.

27 juillet 2008





Là oû ça fait mal.




Je ne sais pas comment vous le vivez de votre côté mais j'ai beaucoup de mal à supporter l'idée de reprendre le travail après les vacances d'été.


Plus le break est long, plus la souffrance est intense et pas besoin de galette n°10 pour avoir le sommeil léger.


Cette année, j'ai adopté la posologie de mon épouse: à fond sur le Vouvray sec jusqu'à trouver tout marrant, même les factures d'été glissées sous la porte par le gardien.


J'ai tout de même trouvé le temps pour quelques dégustations de thés.


J'ai achété récemment une boîte de Cui Yu et le fameux Rou Gui n°2 de Taiwan.


Le premier est délicieux, en première intention, sans prétention mais d'une superbe fraîcheur.


J'aime ce thé et l'ai toujours aimé pour sa spontanéité et sa faculté à n'être jamais tout à fait le même d'une année sur l'autre.


J'ai commencé mon apprentissage des wulong avec lui, il y a sept années, rue du Pot de Fer.


A l'époque j'aimais beaucoup le parfum mais peinais à l'avaler, tant je le trouvais amer.


Aujourd'hui, j'ai fait mon chemin et pousse les infusions sur les Dan Cong, au risque de me ravager le palais. On grandit...


Le Rou Gui, dont vous avez sur vos blogs vanté les mérites est un joli thé avec du corps, de la bouche et du nez, du velours et des arômes de pèche. Mais voilà, justement, c'est bien là le problème, s'il y a bien un domaine qui fait figure de temple sacré, c'est bien celui des fruits jaunes d'été et des fruits exotiques.


Dans cette famille de senteurs et de saveurs, le Rou Gui se heurte forcément à la famille es Dan Cong et semble un peu léger.


Alors, bien entendu, on n'est pas dans la même catégorie de prix mais tout de même ...


Au final, j'apprécie cette dégustation mais mon expérience des wulong me prive d'un plus complet plaisir.


Le Rou Gui n°3 me semble s'en sortir autrement mieux, grâce à sa profonde originalité.


Affaire de goût et de vécu ?


Sûrement.

29 juin 2008




Petit projet.



Quatre mois sans message...

C'est long et en même temps ça m'a fait du bien.

Je lisais plus ou moins assudûment vos blogs en attendant d'avoir de nouveau envie de poster.

C'est chose faite, aujourd'hui en tous cas.

Merci d'avoir été patient.

Ces derniers mois, comme je l'ai écrit chez les uns et les autres, j'ai surtout bu des wulong et des Pu Er frais. Dans cette dernière famille, c'est le vrac n°26 de 2007 qui a retenu mon attention.

Son parfum envoûtant et délicat, sa bouche souple et généreuse, sa longueur exemplaire en font ma référence, mon mètre étalon, auquel viendront se mesurer les autres jeunes.

Comme disait Michel, avec les jeunes sheng de qualité en stockage sec, la vieillesse promet d'être belle... !

Mais il faudra être patient, savoir oublier le thé 10, 15 ans, davantage ... en y regoûtant régulièrement.

Ca fait peur... mais il est facile avec le vrac de prélever quelques feuilles de temps en temps. Et puis, les vracs de noble origine évoluent vite.

J'ai donc choisi de tenter l'aventure avec celui-ci qui me plait déjà beaucoup: 300g dans une jarre et le reste pour boire dès maintenant.






05 mars 2008



Vrac 1992, Pu Er d'enfance.

C'est peut-être en regardant par dessus notre épaule que nous pouvons deviner l'avenir.

Souffler sur la poussière d'étoile qui magnifie nos souvenirs, rend au passé sa juste patine.

Il n'est pas de souvenir décevant si le regard est honnête.

C'est dans cet état d'esprit que j'ai regoûté à ce petit Pu Er en vrac n°15 à deux reprises cette semaine.

D'abord en utilisant ma terre ancienne puis avec Blackteapot.






La terre de Yixing offre une infusion savoureuse et fruitée, avec quelques notes fleuries (rose ?) lors des premiers passages. Un léger caramel roux sur la longueur signe une personnalité franche et honnête.



Le thé peine un peu sur la durée et s'évanouie doucement après la 7ème infusion.

Il ne faut pas chercher à poursuivre sur plusieurs jours une telle dégustation.





Ma boule noire a moins de poésie dans son sac et ne jette pas de regard attendri vers ces feuilles modestes. Elle offre une infusion huileuse mais objective et n'occulte pas un petit goût de Shu, de cuir et de bois. Mais tout cela reste fondu et agréable.


Il n'est pas interdit de commencer la dégustation avec une terre ancienne puis de terminer avec une terre de Taiwan pour préserver une certaine précision alors que le thé faiblit. De plus en plus, je passe d'un support à un autre, zhong, théières pour préserver le discours le plus longtemps possible.








26 février 2008


Ca ne vous rappelle rien ?

Impossible d’allumer le poste sans entendre quelqu’un pleurnicher sur la hausse des prix, notamment alimentaires et notamment dans la grande distribution.

La chasse aux coupables est ouverte : certains accusent les distributeurs, l’opacité du calcul des coûts et de la fixation des prix en fin de chaîne ; pour d’autres, l’émergence de nouveaux marchés créé une telle demande qu’il est impossible de contrôler les prix.
La faute aux Chinois et aux Indiens qui veulent se nourrir à l’occidentale et consomment des céréales et des produits laitiers.

Alors ?

L’opacité des prix, des circuits de distribution, l’ouverture à l’Est du marché, la concurrence de consommateurs asiatiques ?

Le thé bien entendu !

Il aurait fallu interroger le marché du thé pour prévoir la suite.

Nous avions un ou deux ans d’avance sur cette discussion, bien avant le pétrole, l’acier, le lait et le blé. En tous cas, bien avant que cela devienne le sujet de conversation préféré des Français.

Aujourd’hui, dans notre petit domaine d’intérêt, les informations commencent à filtrer sur l’origine des produits, une concurrence s’organise et bientôt verrons-nous peut-être de grands opérateurs chinois du monde du thé débarquer chez nous et nous vendre en direct leurs produits, pourquoi pas ouvrir boutique.
Probablement de l’entrée de gamme, de l’industriel assumé, mais peut-être aussi des produits de qualité plus ambitieux qui stimuleront la concurrence et inviteront peut-être nos revendeurs actuels à ajuster leur marge au marché nouveau.

Un avenir peut-être pas si sombre, donc…

25 février 2008


Comme un moment au coin du feu.


J'ai reçu de Christophe, il y a deux jours, un échantillon de Mi Lan Xiang 4 de la Maison des Trois Thés. Dans cette famille, je suis familier des 1, le 3 et le 5 qui sont des Dan Cong frais.


Le numéro 4 est un Dan Cong vieilli. Je crois qu'il date de 1991 même si cet élément reste à vérifier.


Les feuilles sèches chauffées annoncent clairement que l'on doit être prêt à changer du registre habituel. Ceux qui attendent l'explosion de parfums de fruits frais exotiques en seront pour leurs frais. La tonalité est clairement axée sur le fruit cuit, compoté, voire, la pâte de fruit avec pour orientation la poire, le coing selon moi mais, vous le savez, tout cela est très dépendant du parcours du dégustateur.


Les feuilles réhydratées, confirment cette ambiance.


Les deux premières infusions sont un peu raides et trop corsées pour moi. Les notes de torréfaction me dérangent même si tout cela est bien fondu et sans vulgarité comme à l'accoutumée chez ce fournisseur. Je pense que 5g en zhong est un dosage un peu généreux pour le début de la dégustation. En revanche, la suite est très satisfaisante.


Les infusions se succèdent et mettent en valeur une liqueur qui évoque les meilleurs vins moelleux de Loire. J’ai immédiatement vu revenir en surface des souvenirs de ce merveilleux Haut Lieu, première Trie 1990 de chez Huet.


Ce thé n'est pas, selon moi, un thé de nez. Le démarrage est un peu raide, comme je l'évoquais et la suite bien que plaisante et complexe ne peut rivaliser avec les magnifiques sensations de bouche qu'il procure.

Tout ce dont on peut rêver d'un Wulong de classe est présent: mâche, texture fine, longueur, raffinement des saveurs, complexité et le sentiment de siroter un vieux vin blanc de prestige. Une autre évocation en cours de dégustation: un dessert inoubliable chez Gill à Rouen: un pain perdu aux fruits rôtis au beurre.


Un très beau thé, idéal pour deviser en fin de soirée.




http://www.huet-echansonne.com/Accueil/index.html

http://www.gill.fr/

20 février 2008


A quoi bon...




Oui, à quoi bon consacrer tout ce temps, tout cet argent, tous ces messages sur Internet, toutes ces rencontres entre passionnés, toutes ces dégustations, ces tests de thé, s'il ne s'agit que de boire des produits médiocres.




Avaler des litres et des litres de soupette en cherchant tout le temps le carré de l'hypoténuse, reporter toutes ces magnifiques expériences de Gong Fu Chiant sur de jolis cahiers rangés religieusement dans une jolie étagère, toujours à portée de main et pourquoi ?



Dans quel but ?



Le tuning du thé, en voilà une noble et sérieuse occupation !




Bientôt le kit d'échappement pour théière, la puce pour bouilloire, les jantes chromées pour soucoupes !



Et j'en ai vu des passionnés de l'ordinaire, parader entre amis au comptoir, parfois même avec fière allure, commenter les vertus de telle référence, examiner d'un air professoral la carte, lever les yeux vers les cieux à l'annonce du numéro 2, infiniment supérieur au numéro 1, qu'il faut stocker en masse, des fois qu'il viendrait à manquer mais sans oser aborder les versions qui comptent.



Comment peut-on passer des mois, des années à boire du thé sans jamais goûter à quelque chose de sérieux ?



Mais comment font-ils pour se mentir de la sorte sans broncher ?



Ne jamais acheter de nobles feuilles, même occasionnellement, même rarement, pour savoir... juste pour savoir !



Même s'il y en a peu, même si cela entame le budget de l'ordinaire, même s'il faut se passer de jus de salade pendant 48 heures, même si il n'y en aura pas assez pour le partager, même si ...



Juste pour avoir l'impression, rien qu'une fois d'exister, d'avoir des sens et de s'en servir, pour ne plus être un rat dans sa roue, l'espace d'un thé. Un rat du thé, un raté en abrégé !



Je terminerai sur cette devise qui résume tout:



"La vie est trop courte pour ne pas se la péter" (Christophe, dit Jean Carmet, "Mémoires d'un jouisseur" 2001 aux éditions Caviar et Doigt d'Honneur")

16 février 2008



Envie de fraîcheur, d'un thé simple mais pas trop avec un peu de bouche, de gras mais pas trop et surtout un joli nez fleuri et végétal.


Comme un voile de printemps pour aider cet hiver à tirer sa révérence, enfin.
Un petit trip à la boutique, le temps de présenter le cahier des charges et voilà:
Wen Shan bao Zhong 3.
Tout y est comme demandé avec une classe que je n'avais pas spécialement espérée.
Peu familier avec ce genre de thés, je n'ai pas pris de risque: 3g en zhong.
C'est bien assez pour faire venir les amandes grillées (feuilles sèches) puis les arômes floraux avec une belle huile en bouche et une agréable sensation d'occupation de l'espace.
L'infusion couleur bouton d'or complète ce joli tableau.
A étudier plus sérieusement.

11 février 2008






Les théières, c'est compliqué...


Il y en a de bonnes et de moins bonnes, d'anciennes et de nouvelles, de précises et de généreuses, de chères et de moins chères et de belles et de moches.



Et même en ayant mis de côté les mauvaises, obtiendra-t-on deux fois les mêmes qualités ?



Ce que je pensais déjà m'est confirmé ces jours-ci avec mes "locataires".



Les thés que je connais, avec mon eau, mes dosages et ma méthode sont différents avec les théières qui m'ont été prêtées du résultat que j'obtiens avec mes théières "à moi".



Ce n'est ni mieux, ni moins bien mais un peu différents.



Ici, plus rond, là plus droit, ici plus riche, là plus subtil, etc...



Et puis, entre en ligne de compte la familiarité qui peut exister entre la théière et le thé.



Telle théière sera à l'aise avec telle famille de thé mais telle autre aura l'avantage d'avoir servi de nombreuses fois pour ce thé en particulier et rendra une infusion plus homogène ou du moins plus familière au dégustateur.



Un temps de rodage est certainement à prendre en compte avant de juger tel ou tel outil.



Rodage pour la théière mais aussi pour le dégustateur.



Il faudra résister à la tentation de trouver mieux ou moins bien ce qui est nouveau.



Accepter le droit à la différence sans pour autant que le résultat soit inférieur ou supérieur.



C'est pourquoi, je pense qu'un trop grand nombre de théières peut brouiller les pistes pour les dégustateurs peu expérimentés, notamment.


Pas assez d'utilisations, pas assez de repères sans compter que les théières qui ne servent pas assez perdent en précision. On dit parfois qu'elles s'endorment.



Et puis, de temps en temps, il est bon de retourner au zhong pour se rappeler de ce que la théière perd et améliore, ce que l'on recherche, ce que l'on attend d'elle.


Revenir à la trame juste pour recaler la mémoire.





09 février 2008

Mille excuses...





A tous ceux qui en ont plus qu'assez de voir le carrelage de ma cuisine sur toutes mes récentes photos, je dois une explication.
Je suis plongé dans la pénombre depuis le mois de ... septembre à cause d'un ravalement de mon immeuble.
Je vous promets davantage de variété lorsque les hommes en blanc m'auront un peu oublié...

07 février 2008

Blackteapot expo.





Je profite d'un moment de temps libre pour vous présenter mes nouvelles acquisitions. Ce n'est pas un exemple à donner aux jeunes mais j'ai craqué sur ces quatre beautés et me range définitivement dans la catégorie des acheteurs compulsifs.




Vous apprécierez l'élégance des formes et matières que j'espère avoir restituée avec un minimum de perte.







La plus petite fait partie d'une série de taïwanaises que vous connaissez bien.



Je la destine aux Pu Er.









La petite chocolat aux élégantes proportions est en terre épuisée et offre un "grain de peau" assez proche de la théière disponible à la dégustation à la M3T. Je l'ai testée ces derniers jours avec une galette n°8 de 1985. Le résultat est très transparent, pur et pourtant avec beaucoup de souplesse et de moelleux.











La troisième présente des parois très fines et met particulièrement bien en valeur les wulong faiblement torréfiés, restituant toute leur fraicheur et leur fruité. Ses formes et son couvercle me rappellent un peu l'art déco.









Enfin, la dernière, merveille parmi les merveilles sera consacrée aux Rocher, ses proportions, sa finition, sa couleur chaude et profonde ainsi que son grain si fin concourent à en faire une très grande théière. J'ajoute que son poids impressionnant est au-delà de tout ce que j'ai connu pour un tel volume.




Bon, maintenant j'ai un aveu à vous faire:



Je n'ai pas gagné au Loto le mois dernier...




J'ai beau rêver que ces merveilles m'appartiennent, il n'en est rien.




Disons que l'excellent Antonio et moi-même inaugurons un nouveau concept de garderie pour théières de prestige. Pendant qu'il est en déplacement, j'assure l'entretien et la bonne forme de sa progéniture.





Je voulais juste vous faire profiter de quelques clichés de ces théières qui ne sont pas souvent exposées et en tous cas pas sur le Net.

03 février 2008





Sensualité...



Si seule l'infusion devrait compter, je vous le concède, il est difficile de ne pas succomber au plaisir de la matière, du grain, du rendu lumineux, de la chaleur d'une théière.


Hein, mon Philippe, tu me comprends, toi, hein ?


Plonger dans les rides respectables de la terre ancienne ou dans la douceur d'une plus récente.



Prisonniers, nous sommes et prisonniers, nous resterons de ces charmes discrets.



La relation que nous entretenons avec nos chères théières n'est pas toujours rationnelle, compréhensible pour les "autres", ceux qui sont passés à côté de cette douce folie.




Pour autant, il serait malhonnête de vouloir occulter cette part de plaisir dans la pratique du Gong Fu Cha.


Une fois assumé cet aspect de notre passion, il me semble qu'il faille mériter de tels objets tout de même rares et onéreux. Il convient de ne pas les dévier de leur finalité: le thé.



Alors, utilisez vos théières ou vendez-les, libérez-les !



Car vous ne méritez pas de tels trésors si vous les détournez de leur mission.