30 juillet 2008




Hier, disposant d'un peu de temps, j'ai ressorti l'artillerie lourde: théière Yixing, pinceau, balance, 5g de galette n°11 de 1985, bref, le kit de la pignole !

J'ai essayé de prendre mon temps, de veiller au respect des étapes nécessaires à la mise en oeuvre réussie d'un Gong Fu Cha exemplaire, allant jusqu'à étudier la danse des volutes de vapeur au-dessus de la théière (ça, c'est pour les jeunes qui Gongfuchent d'une main).

Je ne vous cache pas que j'ai abordé cette cession avec inquiétude car avec l'arrivée des Pu Er jeunes, il y a 2 ans, j'ai peu à peu perdu mon "Mojo" avec les anciens.


Disons que j'éprouve de moins en moins de sensations lors de leur dégustation. Ils m'apparaissent souvent trop lourds, opaques, troubles et je ne vous parle pas des cuits que je considère, pour l'immense majorité, imbuvables.

Seules quelques piqûres de rappel salutaires prodiguées à la maison des Trois Thés ces derniers mois sur des références TRES chères (notamment le vrac n°27) ont sauvé mes sensations d'un sommeil profond.

Je dois vous confier avec embarras que le résultat de ma dégustation m'a partiellement convaincu. Les premières infusions m'ont paru manquer un peu de pureté, puis les choses se sont améliorées à partir de la 4ème. C'est un joli thé mais finalement assez moyen sur certains critères comme la précision, la transparence et même la longueur en bouche.

Je ne pense pas que l'on tienne là le top du Pu Er compte tenu des caractéristiques des nouvelles références.

Il me semble que certains crus récents et haut de gamme iront nettement plus loin lorsqu'ils auront revêtu dans quelques années leur costume de Pu Er.

L'avenir parlera.

Aujourd'hui, si c'était à refaire, compte tenu de ma modeste expérience et des prix actuels, je ne ferais plus l'effort de constituer une cave à vieux Pu Er, considérant la concurrence des jeunes et de leur potentiel.


Je n'ai pas de regrets mais je note une évolution du marché et de mes goûts avec lucidité et peut-être aussi un brin de nostalgie.

L'ignorance avait du bon.

Jour 2:

Je reprends la dégustation de la veille laissée après 6 passages.

C'est mieux, bien mieux.

L'infusion est claire, presque limpide, juteuse, dense en parfum, longue et sur la noix fraîche.

Je suis en terrain ami.

Faut-il user les feuilles pour qu'elles aillent à l'essentiel ?

C'est un peu comme un axe sur lequel ont devrait chercher à optimiser le couple pureté / usure des feuilles.

Je ne suis pas certain d'être bien clair.
Je reprends: plus le thé atteindra rapidement la pureté et la précision plus on pourra dire qu'il est de qualité.

Les autres, ceux qui ne pourront atteindre la transparence que tardivement seront usés et la rencontre entre les deux critères impossible.

La rencontre sera manquée.

27 juillet 2008





Là oû ça fait mal.




Je ne sais pas comment vous le vivez de votre côté mais j'ai beaucoup de mal à supporter l'idée de reprendre le travail après les vacances d'été.


Plus le break est long, plus la souffrance est intense et pas besoin de galette n°10 pour avoir le sommeil léger.


Cette année, j'ai adopté la posologie de mon épouse: à fond sur le Vouvray sec jusqu'à trouver tout marrant, même les factures d'été glissées sous la porte par le gardien.


J'ai tout de même trouvé le temps pour quelques dégustations de thés.


J'ai achété récemment une boîte de Cui Yu et le fameux Rou Gui n°2 de Taiwan.


Le premier est délicieux, en première intention, sans prétention mais d'une superbe fraîcheur.


J'aime ce thé et l'ai toujours aimé pour sa spontanéité et sa faculté à n'être jamais tout à fait le même d'une année sur l'autre.


J'ai commencé mon apprentissage des wulong avec lui, il y a sept années, rue du Pot de Fer.


A l'époque j'aimais beaucoup le parfum mais peinais à l'avaler, tant je le trouvais amer.


Aujourd'hui, j'ai fait mon chemin et pousse les infusions sur les Dan Cong, au risque de me ravager le palais. On grandit...


Le Rou Gui, dont vous avez sur vos blogs vanté les mérites est un joli thé avec du corps, de la bouche et du nez, du velours et des arômes de pèche. Mais voilà, justement, c'est bien là le problème, s'il y a bien un domaine qui fait figure de temple sacré, c'est bien celui des fruits jaunes d'été et des fruits exotiques.


Dans cette famille de senteurs et de saveurs, le Rou Gui se heurte forcément à la famille es Dan Cong et semble un peu léger.


Alors, bien entendu, on n'est pas dans la même catégorie de prix mais tout de même ...


Au final, j'apprécie cette dégustation mais mon expérience des wulong me prive d'un plus complet plaisir.


Le Rou Gui n°3 me semble s'en sortir autrement mieux, grâce à sa profonde originalité.


Affaire de goût et de vécu ?


Sûrement.