15 janvier 2012














Bonjour,

Un petit message pour vous indiquer que je me sépare d'une de mes théières que je n'utilise pas assez. Elle mérite un propriétaire plus attentif qui saura lui consacrer ses meilleurs wulongs.
Elle le mérite.
Tarif et conditions par email.


31 mai 2010

Fin d'une époque

Ce n'est pas sans émotion que j'ai constaté tout récemment le départ de Gilles de la Maison des Trois Thés.

Pas une mauvaise nouvelle, non, car un nouvel élan est toujours souhaitable dans la vie professionnelle d'un jeune homme, mais assurément, un grand vide pour les amateurs de la Place Monge et même de la rue du Pot de Fer.

Je n'ai pas honte de dire que Gilles a été capital dans mon parcours dans l'univers du thé.

Sa gentillesse, son professionnalisme et son goût de transmettre sa passion aux clients étaient remarquables.

Pendant dix années, j'ai été le témoin de son infinie patience, de son sens de l'humour et de son approche appliquée du thé.

Alors, bien sûr l'essentiel demeure et la maison restera la référence incontournable en matière de thé, habitée par sa fondatrice toujours disponible pour communiquer son enthousiasme.

Mais le "bistrot" est orphelin et je regretterai ces dégustations amicales lors desquelles le thé n'était que le moyen de retrouver un copain à l'autre bout de Paris.

L'aventure continue.


09 mai 2009


















Au delà des vertes conventions (version 1)

Si pour vous le thé vert est un végétal léger et un peu ennuyeux qui se fait infuser trois fois en zhong, vous devriez aller demander à Gilles des nouvelles de l’Anji Bai Cha.
Quoi de neuf à la M3T ?
Bah en cette saison, cela va de soi non ?
Les thés verts sont arrivés et seront ultra-frais pendant deux mois.
Ne les dégustez que maintenant ou jamais, sauf si vous aimez infuser l’herbe sèche…
Le petit nouveau est ample mais pur, sur l’asperge et les fleurs avec une finale sucrée.
Oubliez les conventions, la salade cuite et l’évanouissement des feuilles après trois infusions. Ici, le voyage est plein de promesses et ne craint pas les passages, trois, quatre, cinq, six pour 3g en zhong.
La grande classe avec une bouche riche, apaisée, loin des duretés habituelles.
Et quelles couleurs !
Un festival de verts tendres à soutenus.
Le bonheur.
Un thé de méditation, à boire avec soi dans le calme d’un dimanche après-midi.


Eloge de la lenteur (version 2)

Dimanche, ne presque rien faire, le doigt sur l’aiguille du temps, regarder quelques photos, se laisser bercer par Melody Gardot dans le titre « My one and only thrill ».
S’interdire l’effort, ne porter ses sens que vers la douceur, un temps propice à une dégustation de grande classe, pas forcément ruineuse, promenade sur un bouquet de fleurs, un souvenir d’asperges verts, sans amertume, ni raideur, une bouche ample et veloutée, regarder les reflets verts amande dans le lac limpide.
Boire le printemps, sentir la lourdeur du corps, l’appel du sommeil, se sentir tomber, refuser toute résistance.
Il faut aller maintenant à ce rendez-vous de l’éphémère, goûter à la fraîcheur des thés de saison, car dans deux mois il sera trop tard.









08 avril 2009






















Lukewarm, James !

Un récent article publié dans le très sérieux British Medical Journal indique qu’une consommation de thé noir (comprendre rouge, je présume) à haute température augmente très sensiblement le risque de développer un cancer de l’oesophage.

Vous pourrez lire un extrait de cet article et visionner une vidéo sur le sujet en suivant le lien ci-dessous.

http://www.bmj.com/cgi/gca?gca=338%2Fmar26_2%2Fb929&sendit=Get+All+Checked+Abstract%28s%29

L’étude a été menée sur une population du nord de l’Iran.

La qualité du thé y est-elle pour quelque chose ?

Il semble que non, non plus que la boisson en elle-même.

Comment prenez-vous votre thé ?

Au-delà de cette alarme, comment préférez-vous le boire ?

Je trouve que les températures trop chaudes nuisent à l’expression des thés les plus complexes et délicats.

C’est notamment le cas pour les Dan Cong et thés peu fermentés comme les WSBZ ou les Gao Shen Cha les plus fleuris.

A l’inverse, un thé refroidi perdra également toute expressivité.

L’important est donc de trouver un juste milieu.

31 mars 2009
























Bis repetita placent…

Voilà, la récolte d’automne de Pu Er du Mengku est emballée, importée, étiquetée, référencée, en un mot disponible.

Il y a notamment ce vrac 31 à pas cher, 15 euros les 75g.

C’est souple, bon, fruité, typé Mengku, gras ce qu’il faut. Un peu plus fin que la galette du début 2008 du même terroir.

Bref, que du bonheur. Un produit très bien placé, très agréable à déguster, qui tient bien les infusions, avec tout le raffinement et l’absence d’agressivité souhaités.

Il y a aussi une nouvelle galette Mengku.

Et après… ?

Bah, c’est du Pu Er frais, quoi.

Et on a beau se tortiller les fesses sur sa chaise, difficile d’y voir autre chose que ce que l’on déjà vu l’an passé.

C’est bien là le problème, Les années passent, les jeunes Pu Er se succèdent sur la carte et on finit pas se lasser de ce film.

« C’est toujours le même film qui passe » disait la chanson.

Alors, dans 10, 15 ans les différences se feront sans doute apprécier. Mais en attendant… on s’ennuie un peu.

On immobilise de la place chez soi, des sommes non négligeables pour stocker du Pu Er frais et tout se ressemble.

Heureusement qu’il y a les wulong pour donner un peu de couleurs au tableau parce que les années à venir risquent d’être un peu longues.

25 mars 2009


















Citoyen du monde

La saison des voyages va bientôt reprendre pour moi.

C’est chaque fois une renaissance, une source de vitalité.
Un besoin de voir vivre, évoluer les autres, de photographier leur environnement, au sens propre comme au figuré.

Déjà enfant, je visualisais les personnes vivant de l’autre côté de la planète et me demandais comment ils faisaient pour ne pas tomber, me figurant que je me trouvais sur le haut du globe, puisque je parvenais à tenir en place.

Les voyages d’agrément sont une chance, beaucoup ne peuvent sortir de chez eux pour divers raisons, moyens, maladie, d’autres s’épuisent dans les aéroports, un laptop accroché comme une lourde pierre sur l’épaule et ne rêvent que de chez eux et des leurs.

J’ai besoin du sentiment d’appartenir à une communauté plus vaste que l’hexagone, de me sentir « citoyen du monde » pour reprendre l’expression de l’un d’entre vous qui se reconnaîtra sûrement.

Dans mon « plan de campagne », entre avril et juillet, je promènerai mon sac entre la Suède, la Norvège, les Etats-Unis, l’Islande et la Tunisie. Partout, une petite tasse à couvercle de porcelaine me suivra, comme un poisson pilote, comme un moyen de retrouver un peu de chez moi partout où mes pas me porteront.

Il m’importe de garder ce repère partout, ce rituel de l’eau chaude et de l’oubli de soi, pour un temps.

09 mars 2009























Monstres sacrés volume 3

Galette 1987 « you shook me all night long » n°10

On peut être raisonnablement sensible à la théine et peiner à trouver le sommeil après une dégustation de bleu-vert, de vert ou de certains jeunes Pu Er.

En général, les vieux sheng sont peu dérangeant, le temps ayant calmé leur fougue, ce qui en fait d’agréables compagnons du soir.

Il en est tout autrement avec la galette n°10.

Qui n’a pas connu la longue nuit suivant une dégustation de cette référence, ne sait pas ce qu’est la solitude.

Thé de méditation nocturne pas excellence, il vous réservera des matins difficiles, jambes de plomb et estomac au garde à vous.

Vous l’aurez compris, il sera judicieux de terminer la dégustation avant la fin de l’après-midi.

D’un point de vue gustatif, ce thé est une splendeur. Beaucoup de rythme, de dynamique, une grande complexité aromatique et une spectaculaire longueur en bouche.
Pas de dureté ni d’âpreté mais il sera inutile de surdoser, le thé étant suffisamment expressif pour s’affirmer pleinement avec 4 ou 5g dans un volume moyen.
Dès les premières infusions, il est là, magnifique, rond, souple, tout en velours mais puissant, avec son nez mentholé et sa bouche végétale si fraîche, pure et transparente.

Un apprentissage préalable des sheng tendus me semble opportun avec par exemple les vracs 1980 et 1985, le Tuo Cha n°8 de 1986 pour pleinement apprécier toute la richesse de la galette de 1987.

Pas mal de fidèles de la place Monge la classent dans le quatuor de tête avec la galette n°13 de 1984, celle de 1985 n°11 et la n°29 de 1982.

Elle est bien entendu sortie de la carte et demeure difficilement trouvable (si vous en avez à vendre, contactez-moi ;o).

Je n’ose pas imaginer le prix de vente si elle devait réapparaître à la carte, si l’on songe au tarif d’une modeste galette n°19, par exemple…


02 mars 2009

















Avec le temps...

Tout s'en va, disait la chanson.

Les grands thés ne s'en vont que lentement.

Samedi soir, Antonio m'offrait une dégustation de Pu Er en vrac de 1950.

L'occasion d'organiser une rencontre entre un grand thé et une grande théière (la citrouille).

Après 8 ou 9 passages, nous passions aux bulles, laissant de côté le thé pour un temps.

Le lendemain l'eau chaude a repris le chemin de la théière avec bonheur.

Quatre infusions plus tard, le Pu Er avait encore une histoire à raconter.

Enfin, aujourd'hui, les feuilles ont retrouvé un peu de peps en zhong pour 5 nouvelles et dernières infusions. Trois jours de dégustation pour 5,5g de feuilles.

Il est toujours difficile de décrire ce qu'un thé de cette trempe apporte par rapport à un bon Pu Er. Peut-être un sentiment de sagesse, de calme; notions qui riment rarement avec expressivité et complexité. La dégustation est détendue mais riche.

En même temps, je terminais d'user un Bayé Dan Cong 4 engagé hier dans la théière "les coeurs".

Le Dan Cong offrait une très belle résistance aux infusions, passant de la fleur d'osmanthe à l'abricot sec, d'un jour l'autre.

Lorsque les feuilles sont un peu usées, il est intéressant de mener deux, voire plusieurs infusions en parallèle, sans risque d'interférence.

Les belles feuilles donnent décidément beaucoup au dégustateur.

23 février 2009






















Poésie figée dans la terre.

Comment décide-t-on de graver dans la terre un poème, comment choisit-on une théière plutôt qu'une autre pour laisser un message ...

Faut-il honorer les éléments constitutifs de la dégustation, l'eau, le thé, le dégustateur.

Je n'ai aucune connaissance du sujet. Aucune expérience. Juste quelques caractères sur ma sorcière laissés pour aider à libérer l'esprit, le temps de quelques feuilles.

Le précédent propriétaire n'avait pu me livrer le message.

Alors, j'ai sonné à quelques portes, pour arriver à une réponse, confiée approximative mais début d'une réponse.

(Le traducteur n'est pas francophone)

"I try to decipher the meaning of those words. I am not sure if they have been perfectly translated but I try my best!

Basically the words are grouped into 2 phrases, starting from the rightmost column. They can be translated as:

This is a poem composed by the old man who dwelled in an heavenly, cliffy mountaineous area. (just to describe how free and noble a life that the old man is having!)

Let's share the best tea ever together. (雨前茶 means the tea made from tea leaves harvested in a period between Ching Ming Festival and 穀雨 [the day in the luna calendar that rain is expected to flourish the vegetations] in spring. 雨前茶 is supposed to be in good quality because the tea leaves are collected new and they have just sprouted!)"



22 février 2009






















Monstres sacrés volume 2

S'il ne devait rester qu'un Pu Er dans ma collection, ce serait certainement la galette n°13 de 1984.

Je l'ai réellement découverte assez tardivement, il y a 3 ans.

J'ai pu en acquérir 2 par chance alors qu'elle sortait de la carte.

Longtemps vantée par l'ami Gilles, elle a mis du temps à se présenter à moi.

Il faut avoir essayé au moins une fois ce velouté, cette mâche onctueuse si souple.

Le caractère est très homogène avec une pointe de verdeur qui pourrait rappeler le carré de 1980 avec davantage de classe, un geste plus noble.

Ce thé est l'expression de l'harmonie, tout est parfaitement orchestré, si bien qu'il est bien difficile de décrire un tel équilibre. La longueur en bouche est exemplaire, sans brutalité, comme le souvenir encore frais d'un baiser tendre.

Tout s'impose au dégustateur qui subit le délice sans pouvoir intervenir, comme une onde de plaisir qui laisse sans volonté ou désir d'agir.

La bouche est fraîche, mentholée, la noix et la chataîgne ne sont pas loin.

La liqueur est expressive, dense mais jamais lourde.
Comme une grande Dame que rien ne saurait perturber.

L'ultime marche avant le royaume des seigneurs ?





20 février 2009

Ne nous plaignons pas...

Demain, samedi ou peut-être dimanche, irai-je à la Maison des Trois Thés en prenant mon métro ou le bus.

Ce n'est pas très pratique de chez moi ou de mes endroits de promenade habituels; il faut faire un changement.

Mais comment me plaindre en comparaison avec nos amis de province, Belgique, de Suisse, d'Italie et d'ailleurs qui doivent prendre un avion, un train à grande vitesse ou leur auto.

Et encore... il y a des voyages pour boire une tasse de thé qui méritent le respect bien davantage encore.

Jugez plutôt en regardant les photos que vient de me transmettre Antonio:









16 février 2009
























Vade retro !

Et si l’on cherchait à désapprendre pour mieux approfondir l’étude des thés ?

Il y a déjà plusieurs années que cette idée me trotte dans la tête.
Pourquoi ne pas tenter l’expérience du « blending ».
Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de renier la recherche de pureté et le respect du terroir mais il faut bien considérer que nombreuses galettes de Pu Er sont déjà des blend et pas seulement les tâcherons.


Tenez, cette jolie galette n°57 de 2008, n’est-elle pas le blend de deux récoltes ?
Pourquoi ne pas aller encore plus loin et essayer d’unir les forces de différentes familles de thés ?


Imaginez un sheng un peu doux avec une finale sur le fruit frais exotique apportée par un peu de Dan Cong.
Un vigoureux carré 4 aux notes miellées procurées par quelques feuilles de beauté Académique 2.


Un univers sans limites s’ouvrirait à nos papilles, peut-être déjà exploré par certains d’entre vous.

Je vais faire quelques expériences pour voir si cela représente une perte de temps ou si, au contraire, le diable a mis le pied dans l’entrebâillement de la porte…

12 février 2009




Menu dégustation,

Comme les prémices d'un printemps dévotement espéré, quelques rayons de soleil ont honoré ma dégustation il y a quelques jours.
Alors, pris d'un enthousiasme soudain, j'ai enchaîné les belles choses.
Ba Yé Dan Cong 4, Tié Guan Yin 9, carré 85 n°4.
Il faut parfois savoir étaler les joujoux, s'amuser avec, regarder la lumière danser autour et capter la magie de l'instant.
Puis une chose qui me venait rarement en tête auparavant a rejailli : l'idée d'un menu avec plusieurs "courses" comme on dit de l'autre côté de la Manche.
Pourquoi ne pas penser une dégustation comme un repas ?
Prendre une entrée, un plat principal et un dessert.
Certes, cela demande du temps et de la vessie mais l'idée qu'un gong fu cha puisse se soigner comme un art de la table me séduit.
Il faut alors penser les accords, trouver des successions naturelles, ne pas gâcher un thé par le souvenir du précédent.
Un petit exercice intéressant qui apprend sur la personnalité de chaque thé, sa façon de marquer son emprunte et d'accueillir le suivant.
Pourquoi pas…



23 janvier 2009















Thés de crise !

Cela ne vous a pas échappé : la crise est là.
Derrière ce slogan racoleur, se cache l’espoir de raison, de parcimonie, de consommation intelligente.
Vous n’y croyez pas ?
Moi non plus.
Difficile d’imaginer que les gens vont se mettre à lire parce qu’ils ne peuvent plus se payer de console de jeux. Mais bon, comme vous êtes des gens bien, je vous propose ma solution à la crise… du thé.

Face à la vie chère, voici une toute petite sélection de références de la Maison des Trois Thés au rapport qualité/prix excellent.

Il y a bien sûr d’autres filières mais je les connais mal et d’autres seront meilleurs que moi pour vous les conseiller. Profitez de ces lignes pour nous éclairez de vos expériences.

Alors, bonne dégustation.

Dans la famille des Rocher, j’appelle le …

Bai Sui Xiang 2 (orthographe sous toutes réserves)
Un Rocher tout en finesse avec une belle rétro, une finale florale (assez rare) et une torréfaction légère.
La tenue des infusions est top malgré son côté aérien et son comportement lors des infusions longues est remarquable.

Dans la famille des Dan Cong, j’appelle le …

Bayé Dan Cong 4.
Famille illustre grâce au magnifique n°3.
Quelle ne fut pas ma surprise, lors de la découverte du n°4.
Un nez de fleur d’osmante (petite fleur blanche dont les senteurs évoquent la pêche)
Pour ceux qui ne connaissent pas, retenez juste que cela sent très très bon.
Je trouve que ce thé a un goût de confiture de mangue à la menthe poivrée.
Tout un programme…
Une très belle bouche, tout en équilibre, veloutée et grasse.
Des notes pâtissières avec une pointe élégante d’amertume qui laisse le palais frais avec un souvenir de fruits exotiques, surmonté d’une note résineuse.
En poussant les infusions suivantes, vous pourrez apprécier des saveurs gorgées de soleil, pêche, passion, pâte de coing.

Dans la famille des Wenshan Baozhong, j’appelle le …
Numéro 1.
D’accord, ce thé n’a pas la complexité d’un numéro 3 mais les notes de riz soufflé, de fruits sec, la bouche mielleuse et florale, sont bien là.
Les feuilles ne sont pas très belles mais elles donnent beaucoup.
Je conseille de doser léger pour éviter de faire ressortir l’amertume qui n’est pas souhaitable dans cette famille.


Je n'ai pas les prix en tête mais c'est dans le domaine de la raison.



06 janvier 2009



Putain, fait froid !

Avez-vous senti le monstre mordre ses sujets ?
Les avez-vous observés, courbés qu'ils étaient dans les rues, peinant à avancer entre deux abris ?
Je plains ceux qui n'ont pas de répit, rien de chaud à se mettre dans le ventre.
Même les privilégiés guettent des jours meilleurs.

Le matin m'accueille avec un Gao Chen Cha 12.
A peine arrivé au bureau, je reprends avec un Wen Chan Bao Zhong 1.
Il est 11 heures, voici venir le Tié Guan Yin 4.
Le déjeuner se termine avec la suite du Wen Chan.
17 heures, la pendule appelle un petit Vrac 23.
Puis, re-morsure du ciel, le temps de rentrer chez moi.
Le dîner se dépêche de terminer pour laisser place au carré n°2.

La journée a été ponctuée par le temps du thé. C'est bien agréable ainsi.
Pour demain matin, on parle de -12 à Paris.
Bon, peut-être pas à mon heure, mais tout de même...

Que ferait-on sans l'eau chaude...





29 décembre 2008


Vous en prendrez bien encore une petite couche ?

Voici ma seconde acquisition de cet hiver.

Ce sera la dernière avant longtemps et contrairement Philippe, je suis crédible quand j'avance sur ce terrain là.

Je cherchais depuis longtemps une théière pour les Dan Cong.

Je pense que les bonnes théières pour cette famille sont difficiles à trouver.

Il faut des parois fines pour une montée en température rapide mais également une terre qui conserve la température entre les infusions pour ne pas repartir avec une théière tiède entre chaque infusion. Enfin, il faut une terre noble pour aller loin dans l'expression et un volume suffisant pour que les feuilles puissent s'épanouir, ce dernier critère m'apparaît de plus en plus évident avec le temps.

Ca fait beaucoup de critères et ça ne se trouve pas facilement.

Avec cette théière, j'ai eu la chance de remplir le cahier des charges et, cerise sur le gâteau, l'esthétique est une réussite notamment avec un grain de terre d'une grande finesse.

Je n'ai fait que quelques essais mais ils m'ont semblé très concluants avec notamment la capacité de concilier une analyse très poussée des parfums et saveurs en même temps que des infusions riches en bouche. Même si l'on attendra jamais l'explosivité des parfums qu'offre le zhong, on pénètre avec cette théière un univers fait de liqueurs charnues et capiteuses qui ne me déplaît pas.
Et puis, ce bruit de sabre que l'on dégaine lorsque l'on retire le couvercle à longues lèvres est un régal...

Bon désolé, Philippe, j'ai encore tiré le premier...

27 décembre 2008


Comment vous dire…

J’ai vu passer un certain nombre de théières, voire un nombre certain.
On apprend à aimer les belles choses, à distinguer le bon grain de l’ivraie, le travail de l’artiste, le choix d’une terre particulière.
Et puis, il y a l’usage. On est parfois déçu. L’objet était beau mais se révèle médiocre dans sa tâche d’infuseur.
Et puis un jour … c’est la révélation, comme marcher sur quelque chose de dur, se baisser et trouver un diamant.
Cela m’est arrivé sans prévenir, par surprise.
Un coup de fil, puis un autre, une rencontre, un échange et enfin l’opportunité.
La chance de pouvoir acquérir un objet très spécial, miraculeux.
Une théière à l’esthétique parfaite, à la terre parfaite, à la taille parfaite, qui monte violemment et durablement à des températures insensées, change de couleur tout le temps, blanchit à plein, fonce dès qu’elle se vide, crépite, frémit au contact de l’eau bouillante.
Une vraie sorcière qui sonde l’âme du thé, va chercher les moindres secrets des plus grands, fait rendre gorge, tout avouer aux plus simples, détaille tout, avoue tout mais n’est jamais cassante ou brutale.

La théière ultime pour les Pu Er et sans doute pour les autres thés si on lui demande.

Un objet qui parle de générosité entre les personnes, offerte à prix d’ami parce que pour certains la transmission a du sens, parce que pour certains perdre, donner un peu de soi peut être un trésor.

Un tournant dans ma vie de dégustateur.

Merci.

22 décembre 2008

Rideau




Bientôt sur vos écrans, la collection hiver 2008/2009...


Bonnes fêtes à toutes et à tous !

21 décembre 2008




Et si...












Le proverbe dit: "si tu possèdes plus de trois objets, les objets te possèdent".




Cette pensée me trouble et je me demande si je ne devrais pas me séparer de certaines théières.



Mais qui pourrait bien être intéressé par de vieilles terres usagées...




18 décembre 2008


M3T Vs Mariage Frères

Vous en avez rêvé, je l'ai fait.

Enfin, sur ces colonnes, un banc d'essai comparatif des deux établissements les plus connus de la capitale.
Il se trouve que je les ai visités l'un après l'autre un week-end, il y a peu.
Ce qui m'a donné l'idée de ce "papier".
Samedi, j'étais place Monge, table 9 comme d'hab.
Dimanche, tea time aux Grands Augustins.
Les lieux:
La M3T propose une déco dans le style industriel londonien du meilleur effet avec des murs de briques et un sol en dur assorti.
La lumière douce très étudiée créé une véritable ambiance surtout lorsque la nuit tombe.
Les boîtes de thés grimpent le long du mur du fond et portent des inscriptions que personne ne comprend à part la patronne. Quelques théières sont suspendues mais rien de bien excitant car les terres épuisées sont planquées dans le cabinet privé de Madame à l'étage. Des livres sur la cuisson des crevettes et d'autres sur l'art de se masturber en pensant au thé sont disponibles près de l'entrée.
Le personnel est compétent et porte le cheveu court.
L'ambiance est studieuse et souvent silencieuse de peur de représailles, je présume.
Pour entrer, il faut sonner, comme chez Harry Winston. Mais c'est un peu moins cher.
Chez Mariage, la déco est pseudo coloniale. On porte le blanc comme chez le dentiste mais moins bien repassé, lin oblige. Le cheveu est souvent court aussi, mais moins que Place Monge. L'accès aux théières est plus aisé et le choix plus varié. Beaucoup de couleurs pour aller avec la déco de chez soi. Un bon point. Les boîtes sont plus grosses mais courent aussi sur les murs. Ca doit faire asiatique. On comprend les inscriptions mais elles ont souvent été choisies sous l'emprise de substances moins acceptées que le thé. Ici aussi, ça sent bon dans la boutique. Ca ne sent pas le thé mais c'est sympa. Le thé non plus ne sent pas le thé, d'ailleurs.
Il y a aussi un salon de thé pour déguster sur place mais à l'étage, cette fois. Ne vous trompez pas car si vous grimpez direct à l'étage à la M3T, vous risquez de redescendre plus vite que vous êtes montés...

La plus grande différence entre les deux établissements est probablement "le manger". A la M3T, faut venir avec, chez Mariage, il est fourni. Je précise qu'il n'y a pas de micro-ondes à la M3T. Venez donc avec un repas froid. Sardines, saumon fûmé, gigot froid, etc...
Chez Mariage, il y a des gâteaux, bons d'ailleurs et pas donnés. On peut aussi manger salé.
Sinon, pour aborder un sujet qui intéresse tout le monde, côté drague, la M3T, c'est mort. Ca branche pas du tout. Ou alors, j'ai rien compris. Chez Mariage, c'est plus ouvert, me semble-t-il. Par contre faut pas espérer consommer sur place. Rien n'a été prévu à cet effet. Pas de préservatifs aux toilettes, d'ailleurs, il n'y a pas beaucoup de place pour la bagatelle...
Pas trouvé de backroom non plus...
La clientèle est très différente. Place Monge, il y a un peu de bobos mais pas trop. Pas mal de jeunes et de groupes de femmes. Il y a même un des employés qui s'est spécialisé dans cette dernière catégorie. Enfin, quelques pervers qui fantasment sur les théières mais que les pouvoirs publics ont jugé acceptable de laisser évoluer en liberté.
Chez Mariage, y a du bobo, de la vieille et du touriste. Beaucoup de touristes...
Alors, à l'heure du bilan, difficile de se prononcer sur un choix.
L'eau chaude est bien meilleure Place Monge et pas toujours beaucoup plus chère.
Les théières sont plus grosses et décoratives chez Mariage mais deviennent de plus en plus chères avec les années.
Celles de la Place Monge sont plus petites, faciles à ranger et discrètes. Elles n'ont jamais été données. Mais le stock est mal géré. Difficile de trouver le même article en plusieurs exemplaires.

Essayez les deux.

17 décembre 2008




Relief...


Une donnée que j'observe de plus en plus fréquemment est le relief d'un thé, tant en bouche qu'au nez, la capacité à s'exprimer un certain volume qui ne doit pas être confondue avec l'épaisseur.


C'est un peu comme si l'on pouvait tourner autour des arômes et saveurs.


Ne dit-on pas qu'un thé décevant est plat ?


Le volume s'exprime aussi par l'espace occupé en bouche, la manière ont la liqueur va venir tapisser le palais, le rendu du tombé en bouche, comme un corps solide.



Certains grands thés sont très présents en bouche mais leur mâche est aérienne, tout comme leur faculté de disparaitre comme par enchantement tout en laissant un souvenir très présent au palais.


Seules l'observation et la concentration, bref le calme, permettent de remarquer cet aspect du caractère d'un thé.







16 décembre 2008



Bon les jeunes .... ?!
Vous êtes là ?
Ok, alors j'vais pas vous la tartiner façon tailleur vénitien.
Du gros, du gras, du lourd.
Des faits !

Voilà, dans le droit fil de mon sentiment du moment, c'est à dire "c'est qui l'patron ?!?", j'ai décidé de tester ma théière à Pu Er en terre soit disant épuisée (c'est moi qui m'épuise à force d'entendre ce couplet) avec .... un Dan Cong.
Allez, zou ! un p'tit Ba Yé 3, autrement dit, du tout bon, 5g, de l'eau chaude optimale ( Brita 8 jours) et roule !

Première infusion, 45", histoire de détendre mémère. Un peu raide, en bouche, pas très révélateur des capacités du thé et un nez décevant.

Round 2: 2'30" Résultat: beurk ! Du jus de métal ! Y a pas à dire, l'effet mémoire des théières, c'est pas du roman. Ah si vous aimez le minéral, ça va être la fête. Pour les autres, circulez...


Acte 2: changement de décor. On vide grand-mère et on transvase dans ma théière à Rocher.
Je me dis que le retour dans la maison des Wulong fera du bien. J'attaque sec avec 3'.
Du bon, du moelleux, du fond et du nez. Bref, ça va nettement mieux. Pourtant, la théière est plus grosse et j'ai même perdu quelques unes des feuilles dans le déménagement de peur d'abîmer le culottage de la première.


A l'heure du bilan. C'est intéressant. D'abord parce que sans vouloir tirer de généralités, l'expérience Dan Cong dans une théière à Pu Er est un échec clair et net. Ensuite, parce que même avec la seconde, ce que je pensais déjà se confirme: on perd trop au nez en fraîcheur en comparaison avec le zhong. Mais bon, aucune n'était culottée pour cette famille de thés.


Par contre, il y a quelques semaines, j'ai eu une belle expérience de dégustation de Dan Cong en théière à la M3T avec une liqueur tout en relief, un nez capiteux et expressif, de la mâche et une très enviable longueur en bouche. Tout cela avec un Ba Yé 4, pourtant plus modeste que le n°3.


Il y a donc matière à creuser et à renouveler les expériences.




02 décembre 2008


Plénitude hivernale.

Je n'ai pas trouvé mieux pour résumer mon sentiment du moment.
Pour la première fois depuis des années, je n'ai pas d'angoisse, de stress, d'excitation, ou que sais-je encore à l'idée de passer ma commande de fin d'année de thés.
Tout simplement parce que je n'ai pas d'envie ou de besoin particulier.
Je n'ai pas vraiment de trou insupportable dans ma collection de Pu Er, pas de wulong dont je rêve de découvrir les secrets, non rien que de la sérénité. Finalement, la crise tombe la bonne année. On serre tous un peu la vis sans s'en rendre forcément compte et cette année, il n'y aura pas de frustration. Les galettes jeunes ne font pas vraiment rêver comme le faisaient les vieux Cheng. On les achète pour les oublier sur une étagère, la plupart du temps. Dans l'espoir qu'elles deviendront grandes mais pas de raison de rêver. Les nouvelles références en Pu Er anciens sont intouchables alors, non rien à faire que de regarder tout ça avec le détachement d'une vache au bord d'une ligne de chemin de fer.

A l'heure du bilan 2008, je retiendrai simplement un tournant dans ma modeste et courte vie de dégustateur: la généralisation de l'usage du zhong. Je lui préfère la théière 9 fois sur 10, ne sortant les belles terres que deux ou trois fois par mois en moyenne.
Manque de temps, flemme, aspect pratique, précision pour la découverte de nouvelles références (qui ont été nombreuses cette année).
Plus d'avantages que d'inconvénients à mon sens. Et peut-être aussi le sentiment que le zhong me rapproche du thé, débarrasse d'une certaine forme de pollution de l'expérience par l'aura de la terre.

A tout bientôt dans ces pages et ailleurs.

16 novembre 2008








La théorie du dromadaire,

Comme vous ne l'ignorez pas, c'est le chameau qui a deux bosses. Si les enfants vous demandent comment s'en souvenir, dites leur que cha-meau = 2 syllabes et 2 bosses. Clair ?
Bon, revenons au thé. Oui, c'est bien de thé qu'il s'agit et plus précisément de wulong, wu-long, comme le chameau, mais revenons au dromadaire. Si vous dessinez la bosse de l'animal, vous devez partir d'en bas à gauche, oui là... puis remonter selon une courbe délicate, en suivant une pente douce mais haute. Puis, vous arrivez au sommet et redescendez vers la droite dans un mouvement symétrique au début de votre dessin.

Vous suivez ?

Bien... vous savez dessiner une courbe de Gauss, une bosse de chameau, heu non, de dromadaire, pardon.

Mais vous savez aussi dessiner une courbe d'amertume de wulong.

Eh oui, on ne va pas parler que de camélidés, tout de même.

J'ai découvert récemment que les wulong infusés assez longtemps perdent l'amertume qu'ils peuvent présenter sur des infusions de durée moyenne. Etonnant, non ?
Faites l'expérience avec plusieurs de vos références, c'est parfois édifiant.

Les infusions courtes sont satisfaisantes parce qu'elles sont délicates et qu'elles mettent en valeur les parfums mais la liqueur manque souvent de matière. Avec une infusion de durée intermédiaire, vous récupérez la matière mais vous vous prenez souvent une correction du point de vue de l'amertume.

Avec certains thés, je ne dis pas que cela marche chaque fois, ni que je maîtrise parfaitement la technique, une infusion longue, disons au-delà de 45" pour 4g de thé non usé en théière par exemple, vous allez découvrir tout un monde de promesses insoupçonnées.

A tel point qu'il est difficile de reconnaître certains thés que l'on avait appris à seulement effleurer.

J'ai encore fait l'expérience aujourd'hui sur ce formidable petit Bayé Dan Cong 4.

Départ à 15" puis 1mn, puis 2, puis 3, franchement et sans crainte.

Epatant !

10 novembre 2008



Prologue au plaisir.

On parle souvent de temps du thé, celui de la dégustation ; de l’après thé, tenue en bouche, sommeil léger.
Mais on parle peu de l’avant thé.
De plus en plus pourtant, je pense que la préparation du palais joue un rôle déterminant dans la réussite de la dégustation.
J’ai pensé me faire une petite liste d’aliments qui ruinent une dégustation à venir.
Certains font ressortir les défauts d’un thé, d’autres masquent ses qualités.
Vous avez sans doute déjà élaboré votre liste d’interdits afin de préserver vos dégustations.
Je citerai juste quelques exemples pour que mon propos soit plus clair.

Les Dan Cong bien préparés ne sont pas dramatiquement amers mais il faut être attentif à leur préparation et les rencontrer avec le palais vierge de certains mets qui ont tendance à exciter leur caractère. Evitez les agrumes, la pâte d’amande et le gingembre.

De manière générale, si vous ne pouvez pas espacer le dernier repas et la dégustation de thé d’au moins deux heures, abstenez-vous de dessert.
La dégustation est moins raide après des mets salés que sucrés, lesquels rendent agressifs presque tous les thés.

Dans mes premières années de dégustateur sérieux, j’aimais bien manger japonais (sushi, Chirashi, etc..) avant le Pu Er.
Puis, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une erreur.
La sauce soja contient trop de sucre et de sel et masque les saveurs.
La soif est décuplée artificiellement mais la dégustation est trop imprécise.
Le poisson blanc et les légumes vapeur ne font pas trop de dégats.

Préalablement à une dégustation de grande classe, je préconise de manger du pain avec éventuellement un peu de beurre. C’est tout.
Fuyez le pain aux noix, et autres fruits secs. Les olives sont également nuisibles. Tout comme les abricots secs, apporteurs de sucre.
Un très bon pain peut constituer un savoureux repas assez neutre pour préserver toutes les qualités de votre thé.
Evitez toutefois les pains spéciaux comme ceux réalisés à partir de farine de seigle ainsi que les multi céréales trop puissants en goût.
J’ai de bonnes expériences avec le levain naturel. Son acidité éveille les papilles sans trop plomber la bouche.
On peut le faire griller pour agrémenter un peu le repas mais il y a un petit risque de masquer les saveurs pâtissières des Rocher, par exemple.
Pas de risque avec un Pu Er, en revanche.

Pour la boisson, de l’eau, de l’eau et rien que de l’eau. Le vin, c’est la cata, sans parler de l’effet de l’alcool qui abaisse le niveau d’attention.

Dois-je préciser que le café assassine le thé ?

Enfin, déjà évoqués les fruits, bien que légers, font trop de concurrence au thé et sont à fuir avant les wulong et même les Pu Er compte tenu de leur apport en sucre et de leur acidité.

Un peu austère, comme propos, me direz-vous.
Pourtant, si vous vous apprêtez à vous rendre dans votre salon de thé préféré et claquer l’équivalent d’un repas au restaurant pour déguster un thé pendant deux heures, il serait dommage de gâcher la fête, n’est-ce pas ?

08 novembre 2008


L'automne est bien là,

J'ignore comment font les personnes qui vivent dans des régions du monde où les saisons se ressemblent. J'ai besoin de ces successions même si l'automne demande beaucoup au moral. Il faut du cran pour supporter de quitter l'été et sa douceur, son plaisir de vivre. La saison suivante est celle d'un long processus de dépouillement. On perd pour mieux retrouver au printemps. On y laisse aussi parfois un peu de son courage. Alors, l'envie réapparaît de créer une ambiance chaleureuse. On recherche les siens, les objets chers, les lainages, les feux de bois et les bougies, tout ce qui peut rappeler la lumière et la chaleur perdues. Même les thés dégustés ne sont pas les mêmes. Les Rocher sont à l'honneur, les saveurs et parfums de fruits sec et les notes pâtissières sont appréciés.
Tié Guan Yin n°4 découvert tardivement grâce à Florence, Shui Xian 5, fidèle compagnon des saisons froides, Da Hong Pao 4 et sa force réconfortante, Mi Lan Xiang 4 qui débarque parmi les familles de Wulong moins estivales que la sienne, Bu jian Tian et son grain poudré qui évoque la cacao sans faire l'impasse sur des notes fleuries.
Sans parler des Pu Er qui s'invitent dès que la pluie entre en scène.

Il nous faut cette richesse, ces parfums capiteux pour affronter l'hiver prochain, traverser la longue nuit de l'année et gagner une nouvelle fois la lumière du jour.

03 novembre 2008



Ba Xian 2 de Taiwan

Lorsque l'on décide pour la première fois de déguster sérieusement un wulong, l'initiateur pose souvent la même question: dans notre référentiel, gustatif, que va-t-on rechercher: le fruit frais, sec, la fleur ou le miel ?
C'est réducteur mais souvent précieux pour borner un sujet si vaste et étourdissant pour un néophyte.
Peut-être avez-vous aussi répondu à cette question, peut-être avez-vous en tête une réponse évidente qui signe votre ou vos penchants.
Lorsque l'on m'a posé cette question pour la première fois, il y a 8 ans, j'ai dû répondre le fruit sec ou frais, peut-être la fleur mais pas le miel. Ce n'est pas que je n'apprécie ce mets en général, mais je suis un peu gêné par tant de rondeur qui confine parfois à l'ennui. J'entends le chant des abeilles me bercer et je crois perdre toute énergie, vivacité. Et puis, ce monde me semble moins vaste que l'univers des fruits ou celui des fleurs.
Cette distance est restée avec le temps et ce n'est que rarement qu'il m'arrive de fréquenter ces rivages du thé, souvent par le "fruit" du hasard.
Comme samedi dernier par exemple, lorsque, accompagnant l'un d'entre vous, au terme d'un épique et endiablé shopping Place Monge, j'ai eu l'occasion de recevoir 5g de Ba Xian 2 de Taiwan.
Quelques jours ont passé et j'ai pu, au calme, aborder cette référence studieusement. Les feuilles sèches et chauffées annoncèrent d'emblée la couleur: bienvenue dans l'univers du miel, de l'hiver, de la montagne et des forêts de pins. Dès les premières effluves, j'eus l'impression d'être transporté dans un refuge de montagne et sentis que l'on ne me proposerait pas de conclure de sitôt...
En même temps, le parfum complexe et racé avec une belle ligne d'acidité ne m'emmenait pas si loin de celui de certains Rocher, comme le Shui Xian 5, par exemple.
Les feuilles rincées ont confirmé la dominante de miel plutôt sombre avec une belle profondeur.
Les infusions ont donné du spectacle au nez avec une intéressante évolution des parfums au fil des passages avec bien sûr une trajectoire allant du miel au résineux à quelque chose de plus floral, transparent, aérien qui n'était pas pour me déplaire. La bouche a été stimulée de manière parfois un peu anarchique avec des tanins pas toujours bien lissés et une ampleur perfectible. A ce titre, je pense qu'en zhong, 4g auraient suffi. En revanche, la persistance en bouche peut être qualifiée de phénoménale. Une heure plus tard, j'ai l'impression que l'on m'a tatoué le nom de ce thé au palais...
Vous l'aurez compris, ce n'est pas mon monde mais je dois concéder que ce thé a de l'expression, de la personnalité et plaira certainement à tous ceux qui rêvent la nuit de pénétrer dans l' "Hundred Acre Wood"...

02 novembre 2008




Monstres sacrés volume 1



Avec cet article, j'engage une petite série de présentations de thés qui ont marqué durablement mon expérience de dégustateur de Pu Er anciens.

Ne cherchez pas ailleurs que dans le catalogue de la Maison des Trois Thés, je n'ai tout simplement jamais approché le moindre vieux Pu Er digne d'intérêt venant d'ailleurs.

Beaucoup de ces références sont à présent épuisées et n'ont plus pour elles que la force du souvenir, sauf pour ceux qui ont eu la chance de pouvoir les collectionner.

Je commence donc avec un thé qui fait inconstablement partie de mes plus chers, au sens sentimental au moins du terme.

J'ai nommé le Tuo Cha n°8 de 1986.

Il y a dans ces feuilles un peu de sorcellerie, serais-je tenté de dire.

Originaire du même producteur que la galette Yi Wu n°10 de 1987 et de la brique n°11 de 1985, ce Tuo Cha fait partie d'une sorte de "dream team" des 80', sorte de paradis perdu du thé noir.

L'infusion est d'un bel orangé, très odorante pour un Pu Er.

La bouche est tout spécialement sur le fruit avec une belle acidité minérale, des notes de coing, de ginseng et d'agrume.

Est-il utile de préciser que les infusions sont très vertébrées et se succèdent très longtemps avant que le thé ne présente des signes de fatigue.

Il faut savoir réserver un temps hors du temps à de telles références, leur consacrer un espace de calme et de concentration pour les honorer comme elles le méritent.
C'est alors qu'elles livrent leurs trésors pour notre plus grand plaisir.


12 octobre 2008




Quand on ne fait pas de thé...


Il y a un temps pour le thé, large, vaste, précieux et fréquent.

Mais le thé n'est pas tout et l'envie doit se ressourcer.

J'aime la Coupole à Montparnasse. J'aime l'Art Déco et ses temples.

C'est un endroit calme et majestueux où il fait bon flâner de temps en temps.
Le chocolat y est délicieux et bien moins lourd que chez Angelina mais les touristes ne le savent pas. Et puis, que boire, sinon...
On y traîne au matin, et si l'envie se présente, on peut y déjeuner très correctement.
Il y a toujours eu de beaux cafés à Paris, comme à Vienne, mais l'interdiction de fûmer les rend enfin fréquentables.
Quand le temps s'y prête, on peut traverser le Boulevard du Montparnasse et s'enfoncer dans le VIème arrondissement, se promener dans le jardin du Luxembourg, passer prendre une patisserie chez Sadaharu Aoki ou chez Pierre Hermé sans oublier les délicieux chocolats de Jean-Charles Rochoux. Ses truffes sont à se damner...
Et puis, toutes ces adresses sont assez proches de chez moi, un jet d'autobus m'y transporte sans peine, alors...

L'après-midi s'annonce enfin et il est temps d'appeler Gilles et de réserver la table 9, faire escale pour deux heures de détente totale avant de reprendre la balade et faire quelques photos en chemin.
Et vous, que faites-vous de votre temps hors du thé ?

20 septembre 2008

Pas assez cher, mon fils...

Il y eut des moments difficiles au pays des collectionneurs de pu Er.
Des temps durant lesquels, certains devaient user de mille ruses pour financer leur passion.
J'en ai même connus qui ont dû faire commerce de leur corps pour s'offrir les précieuses galettes.
D'autres ont dû sacrifier certains de leurs organes pour parvenir à leurs fins. On les appelait les Eunuques du Mao Cha.
Un jour, j'ai même croisé un borgne à la M3T...
Ce temps est révolu. On a eu chaud !
J'en étais même arrivé à me demander quel était le doigt dont j'aurais pu me passer pour lever la tasse et la brochure d'une clinique de Floride traîne toujours dans ma chambre. Je demande publiquement pardon à la famille américaine qui m'a accordé sa confiance et son espoir...

C'est fini !
Basta!

On va pouvoir s'éclater à mort avec les tarifs 2008.
La matière première a vu son prix fondre mais pas la qualité.
Et la M3T répercute les baisses pour le plus grand bonheur de ses fidèles.

La carte s'est enrichie ces derniers jours de 7 galettes de 200g, d'une briquette de 65g et de trois vracs. J'oublie peut-être quelques références mais vous pourrez faire vos recherches par vous mêmes.

Les galettes d'abord, toutes issues de théiers séculaires. La maison semble résolument décidée à monter en exigences chaque année. Probablement pour se démarquer toujours plus des thés disponibles sur le Net.

Voici la liste des galettes millésime 2008 fraîchement arrivées:
Yi Wu 52€
You Le 28€
Men Song 28€
Pa Sha 24€ (également disponible en briquette de 65g avec étui de voyage à 8,50€. Le Pu Er frais des voyageurs)
Nan Nuo 33€
Meng Ku 24€
Si Yuan 27€
Notez que pour ce dernier thé, il ne s'agit pas d'un terroir mais d'un blend réalisé à partir d'autres terroirs. Une recette maison en quelque sorte. Amusant, non ?

Les vracs 28 (1998 13€/100g) et 29 (2000 11€/100g) sont des Shu, le 30 (1993 28€/50g) est un Sheng stocké en milieu sec.

Un choix impressionnant que votre serviteur n'a pu que survoler.
En fait, j'ai dégusté le Yi Wu qui frappe très fort.
Pour être clair, si je mets à part les Pu Er issus de théiers millénaires, cette référence est la meilleure que j'ai pu goûter à ce jour, tous fournisseurs confondus.
Fruits frais, très complexe, étonnament souple et sucré pour un Yi Wu jeune, déjà une véritable gourmandise tout en distinction avec du fond, du vrai et une mâche très élégante. Un tantinet snob, tant il se moque de la durée d'infusion: jamais de raideur, d'amertume, de crispation, un horizon lointain sans ce sentiment si fréquent de se heurter à un mur d'impuissance dès que l'on cesse de regarder le chronomètre.
Il s'agit d'un mélange de deux récoltes du printemps 2008.
Une très belle réussite.

Voilà, c'est tout pour le moment. Excusez le côté publi-reportage mais je voulais vous donner des faits et informer ceux qui ne se déplacent pas facilement Place Monge.


07 septembre 2008



Hommage humide et canaille au grand Serge,

Retour de force pour la dégustation de vieux Pu Er.

Bien longtemps que je n’avais plus le palais à la bagatelle.

Le soir venu, de retour du chantier, j’avais le cœur végétal.

Dans ces conditions, plus de place pour la soupe au Viandox.

Mais avec le temps, passée la saison chaude, les ballades en forêt me manquent de nouveau.

Avec le recul, bien content d’avoir joué l’écureuil dans les épisodes précédents.

Pas demain que je manquerai de noisettes…

En plus, j’ai la pince écossaise et le dosage aérien.

D’autant que le p’tites galettes, pour les toucher, faut d’abord les allonger, sinon c’est froid comme en décembre.

Bien heureux que la chasse au plaisir soit de nouveau ouverte, ça va frétiller tout l’hiver dans les Yi et les Xing, on va faire tinter la porcelaine comme dans les jardins du Zwinger.

Ca donnera peut-être pas l’heure mais on ne sera pas desséché du gosier.

Le principal, c’est que pieds-de-poule ou prince-de-galles, je prenne mon pied et m’rince la dalle !

28 août 2008



The man who has been there...
Cela commence un peu comme un titre de chanson de Johnny Cash et puis finalement cela vous renvoie au thé.
Il y a ceux qui en parlent, en boivent, en achètent, écrivent sur le sujet et puis il y a ceux qui vont en Chine pour essayer de comprendre le thé.
Ces personnes méritent notre respect car elles ont poussé la passion jusqu'à s'investir au-delà de la gestion d'un simple loisir.
J'ai découvert grâce à Michel certains jeunes Pu Er de Nada.
Je dois dire que leur point commun est "le fond".
Que l'on apprécie les parfums, saveurs, rondeurs et l'aspect général d'un thé est affaire de goûts et de vécu.
Un critère me semble en revanche déterminant dans le choix d'un thé: le fond.C'est à dire la complexité, la personalité, la typicité.
En bref le caractère.
Sans cela, il ne reste que l'ennui.
Les autres critères objectifs accessoires du premier sont la transparence et l'endurance.

Les Pu Er de chez Nada que j'ai pu goûter ont des qualités, parfois aussi des défauts (encore que pour leur prix...) mais ils ont tous du fond.
En gros, ils ont une histoire à raconter.

Je n'ai pas l'expérience et la connaissance pour dire s'ils deviendront de grands Pu Er mais cette incertitude plane sur tous les jeunes thés sans distinction de provenance et de prix...
La différence, c'est que les prix de Nada sont raisonnables au regard de la concurrence.
Je pense que je vais suivre cette carte avec intérêt.
Le 12 Gentlemen Yiwu 2006 est délicieux, le Yiwu Yi Chang Hao 2007 est un peu fermé et timide au nez mais fin et prometteur avec un caractère de Pu Er bien juteux déjà bien trempé et la galette "Nada" 'Cha Chan Yi Wei' 2008 tirée à 40 exemplaires à sa demande n'est pas une curiosité.
C'est un vrai bon, délicat et increvable Pu Er.
J'ai préparé un zhong avec 2 grammes que j'ai suivi sur 4 jours.
J'ai finalement jeté les feuilles ... pour libérer un zhong, non parce qu'il était mort.

J'ai eu de bonnes expériences avec Yunnan Sourcing mais la carte de Scott est résolument bas de gamme, par choix sans doute.
Avec Nada, on tient enfin une source fiable orientée vers des Pu Er plus sérieux.
Essayez...
A link that is producing or tending to produce happiness, a felicific place :

26 août 2008



Un peu d'histoire,



On nous bassine que les Chinois avaient déjà bâti une civilisation pendant que nos ancêtres cherchaient encore des glands dans la forêt.



Bon, d'accord...



On nous récite que le thé, le Pu Er, c'est une affaire de Chinois, que l'on évalue l’origine des premiers plants de théiers à l’état sauvage, entre 60 à 70 millions d’années dans le sud-ouest de la Chine. Bon d'accord, d'accord, tout vient de là-bas, c'est entendu.



Mais le thé en Occident, en Asie Mineure, en Afrique hein ?



Les Holandais ont introduit le thé en Europe en 1606 ?



C'est ce que l'on nous a appris mais faut-il le croire...



Le reste du monde aurait-il attendu si longtemps pour découvrir les plaisirs du thé ?



Pas si sûr...



J'ai effectué une petite recherche pour vous et l'art parle souvent davantage que les livres.



Jugez plutôt en observant quelques oeuvres reproduisant la vie des amateurs de Pu Er, oui, j'ai bien dit de Pu Er !

















Regardez cet Egyptien de l'Antiquité en train de tasser ses galettes dans sa jarre.




Mais s'il ne fallait en retenir qu'un, un seul, le plus illustre des dégustateurs de Pu Er de toute l'histoire, ce serait celui-ci:
















Observez la fureur de Moïse qui, parti en pleine nature avec un groupe d'amis pour déguster un vieux Sheng compressé, se rend compte qu'il a oublier d'emporter de quoi découper sa galette.



Bien d'autres témoignages de l'histoire du thé se cachent dans les musées de nos villes.



Il nous appartient de rétablir la vérité !



A la demande générale, je rajoute une référence incontournable et d'actualité:





Le discobole immortalisé par le sculpteur Myron, cinq siècles avant JC !


Nous sommes ainsi renseignés sur la nature de la première discipline olympique: le lancé de galettes !