29 mars 2007
En ces temps aventureux où le dégustateur goûte, regoûte, se dégoûte, l'expérience d'un vrai, grand, vieux et noble Pu Er cru relève de l'expérience sacrée. Fermez les yeux, passez en revue vos moments de grâce. Là, voilà, vous y êtes. C'est bon, non ?
Facile de faire remonter les souvenirs, les beaux, les grands. Les grands thés ne sont pas légions, pas même à la Maison des Trois Thés. Alors... lorsqu'un seigneur apparaît sur la carte, c'est un moment d'exception. Un moment comme celui vécu il y a une semaine avec le retour à la carte de la brique n°13 de 1988. Cela ne vous dit peut-être rien, elle avait disparu un temps et se trouve de nouveau à la dégustation et à la vente. Mais hélas, pas pour tous. Pensez donc, un euro le gramme... Mais au moins une fois, il faut avoir approché le phénomène sur place, concentré, seul avec soi même et un peu de temps, une poignée d'heures pour faire connaissance avec ce géant. Car il y a tout dans ce thé: les effluves mentholées, profondes, la persistance aromatique, la sagesse et la sévérité, la longueur en bouche grandiose, cette présence comme celle d'un silex trouvé au bord d'une source d'eau de montagne. Sauvage. Une minéralité qui imprime le palais et parfume de vieux bois la bouche toute entière. Regardez le disque vert, découvert par Christophe toujours à l'affût, épouser les bords de la tasse . Et ces infusions lointaines tellement vertébrées, avec cette finale tendue comme un arc et un dernier souvenir de dégustation poivré capturé pour quelques minutes encore. Respect...
26 mars 2007
Au terme d'une comparaison que j'ai voulue sérieuse pour une fois, je peux vous donner quelques pistes se rapportant à ces trois nouveautés que sont les vracs 1996 n°22, 1997 n°23 et 1998 n°24.
Le n°22 présente de petites feuilles brunes d'aspect assez classique. Les feuilles réhydratées offrent un parfum subtil légèrement iodé, salé, évoque la noisette grillée. En bouche, il est l'expression même de l'élégance. Rien ne dépasse, ni ne vient heurter le nez ou le palais. Tout est parfaitement orchestré. On dirait un vieux thé sage et fondu. Le seul trait qui le différencie d'un grand et vieux Pu Er est la discrétion et sa complexité relativement modeste. Mais il y a de la matière derrière cette retenue. Justesse.
Le n°23 et ses grandes et larges feuilles brunes est plus végétal, davantage sur les fruits frais (mangue verte, mirabelle, agrumes) et les légumes verts (un peu à la façon d'un carré 1980, toutes proportions gardées. Il présente une longue, très longue finale fraîche et subtilement amère, comme une amande à peine sortie de sa coque que l'on aurait gardée sur la langue. Ce thé est une bouffée d'air frais. C'est le plus jeune, tendre d'esprit.
Le n°24 et ses larges feuilles marron est le bad boy de la famille avec son nez fauve, musqué. Il porte le cuir et la fourrure et ne s'en laisse pas conter. Il est plus gourmand aussi, amande grillée, bois (rappelle le vrac 1993 en plus élégant), prune noire gorgée de soleil et de sucre. Mais aucune lourdeur dans ces infusions limpides. Un sauvageon, tout de même.
Au terme de cette comparaison partiale et succincte, il me semble que ces thés se complètent merveilleusement et feront le bonheur des dégustateurs.
Difficile pour moi de faire un choix ou un classement. Le premier est le plus homogène, le deuxième, le plus vivifiant et le dernier, le plus animal.
C'est déjà beaucoup pour le prix.
25 mars 2007
20 mars 2007
19 mars 2007
Effort souvent vain puisque nous n’avons pas toujours l’expérience et le discernement pour réaliser si le produit que nous avons en main est ou non réellement de qualité.
Nous nous réfugions, probablement à raison, derrière une règle simple : si c’est bon jeune, ça devrait au moins le rester, si ce n’est progresser.
Partant de ce postulat, nous pouvons passer à côté de jolis thés ingrats dans leur jeunesse mais plein d’avenir.
C’est la vie…
Pour ce qui est des cuits, l’équation est en théorie plus simple : ce n’est pas destiné à évoluer énormément donc, il ne faut pas miser sur l’avenir pour améliorer une situation décevante.
J’observe que les mauvais cuits ont dès les premières infusions un goût rance. Pour comprendre ce que je dis, vous prenez le très sympathique et gourmand cube 1987 de la M3T, vous le faites infuser une ou deux fois et vous le laissez dans la théière pendant 3 jours. Vous allez tout de suite comprendre. C’est à ça que ressemble un mauvais cuit. Il y a aussi parmi les mauvais cuits, ceux qui ne modifient l’eau qu’en apparence.
C’est coloré et cela n’a pratiquement aucun goût.
Bref, ça ressemble à du rendement intensif.
Maintenant, on peut se demander s’il est facile de distinguer un vieux cru d’un cuit. Pas si évident.
Demandez-vous par exemple quelles références de la M3T sont cuites. Il se peut que l’on se fasse des idées fausses, d’autant que notre fournisseur préféré est peu disert sur le sujet.