31 mars 2009
























Bis repetita placent…

Voilà, la récolte d’automne de Pu Er du Mengku est emballée, importée, étiquetée, référencée, en un mot disponible.

Il y a notamment ce vrac 31 à pas cher, 15 euros les 75g.

C’est souple, bon, fruité, typé Mengku, gras ce qu’il faut. Un peu plus fin que la galette du début 2008 du même terroir.

Bref, que du bonheur. Un produit très bien placé, très agréable à déguster, qui tient bien les infusions, avec tout le raffinement et l’absence d’agressivité souhaités.

Il y a aussi une nouvelle galette Mengku.

Et après… ?

Bah, c’est du Pu Er frais, quoi.

Et on a beau se tortiller les fesses sur sa chaise, difficile d’y voir autre chose que ce que l’on déjà vu l’an passé.

C’est bien là le problème, Les années passent, les jeunes Pu Er se succèdent sur la carte et on finit pas se lasser de ce film.

« C’est toujours le même film qui passe » disait la chanson.

Alors, dans 10, 15 ans les différences se feront sans doute apprécier. Mais en attendant… on s’ennuie un peu.

On immobilise de la place chez soi, des sommes non négligeables pour stocker du Pu Er frais et tout se ressemble.

Heureusement qu’il y a les wulong pour donner un peu de couleurs au tableau parce que les années à venir risquent d’être un peu longues.

25 mars 2009


















Citoyen du monde

La saison des voyages va bientôt reprendre pour moi.

C’est chaque fois une renaissance, une source de vitalité.
Un besoin de voir vivre, évoluer les autres, de photographier leur environnement, au sens propre comme au figuré.

Déjà enfant, je visualisais les personnes vivant de l’autre côté de la planète et me demandais comment ils faisaient pour ne pas tomber, me figurant que je me trouvais sur le haut du globe, puisque je parvenais à tenir en place.

Les voyages d’agrément sont une chance, beaucoup ne peuvent sortir de chez eux pour divers raisons, moyens, maladie, d’autres s’épuisent dans les aéroports, un laptop accroché comme une lourde pierre sur l’épaule et ne rêvent que de chez eux et des leurs.

J’ai besoin du sentiment d’appartenir à une communauté plus vaste que l’hexagone, de me sentir « citoyen du monde » pour reprendre l’expression de l’un d’entre vous qui se reconnaîtra sûrement.

Dans mon « plan de campagne », entre avril et juillet, je promènerai mon sac entre la Suède, la Norvège, les Etats-Unis, l’Islande et la Tunisie. Partout, une petite tasse à couvercle de porcelaine me suivra, comme un poisson pilote, comme un moyen de retrouver un peu de chez moi partout où mes pas me porteront.

Il m’importe de garder ce repère partout, ce rituel de l’eau chaude et de l’oubli de soi, pour un temps.

09 mars 2009























Monstres sacrés volume 3

Galette 1987 « you shook me all night long » n°10

On peut être raisonnablement sensible à la théine et peiner à trouver le sommeil après une dégustation de bleu-vert, de vert ou de certains jeunes Pu Er.

En général, les vieux sheng sont peu dérangeant, le temps ayant calmé leur fougue, ce qui en fait d’agréables compagnons du soir.

Il en est tout autrement avec la galette n°10.

Qui n’a pas connu la longue nuit suivant une dégustation de cette référence, ne sait pas ce qu’est la solitude.

Thé de méditation nocturne pas excellence, il vous réservera des matins difficiles, jambes de plomb et estomac au garde à vous.

Vous l’aurez compris, il sera judicieux de terminer la dégustation avant la fin de l’après-midi.

D’un point de vue gustatif, ce thé est une splendeur. Beaucoup de rythme, de dynamique, une grande complexité aromatique et une spectaculaire longueur en bouche.
Pas de dureté ni d’âpreté mais il sera inutile de surdoser, le thé étant suffisamment expressif pour s’affirmer pleinement avec 4 ou 5g dans un volume moyen.
Dès les premières infusions, il est là, magnifique, rond, souple, tout en velours mais puissant, avec son nez mentholé et sa bouche végétale si fraîche, pure et transparente.

Un apprentissage préalable des sheng tendus me semble opportun avec par exemple les vracs 1980 et 1985, le Tuo Cha n°8 de 1986 pour pleinement apprécier toute la richesse de la galette de 1987.

Pas mal de fidèles de la place Monge la classent dans le quatuor de tête avec la galette n°13 de 1984, celle de 1985 n°11 et la n°29 de 1982.

Elle est bien entendu sortie de la carte et demeure difficilement trouvable (si vous en avez à vendre, contactez-moi ;o).

Je n’ose pas imaginer le prix de vente si elle devait réapparaître à la carte, si l’on songe au tarif d’une modeste galette n°19, par exemple…


02 mars 2009

















Avec le temps...

Tout s'en va, disait la chanson.

Les grands thés ne s'en vont que lentement.

Samedi soir, Antonio m'offrait une dégustation de Pu Er en vrac de 1950.

L'occasion d'organiser une rencontre entre un grand thé et une grande théière (la citrouille).

Après 8 ou 9 passages, nous passions aux bulles, laissant de côté le thé pour un temps.

Le lendemain l'eau chaude a repris le chemin de la théière avec bonheur.

Quatre infusions plus tard, le Pu Er avait encore une histoire à raconter.

Enfin, aujourd'hui, les feuilles ont retrouvé un peu de peps en zhong pour 5 nouvelles et dernières infusions. Trois jours de dégustation pour 5,5g de feuilles.

Il est toujours difficile de décrire ce qu'un thé de cette trempe apporte par rapport à un bon Pu Er. Peut-être un sentiment de sagesse, de calme; notions qui riment rarement avec expressivité et complexité. La dégustation est détendue mais riche.

En même temps, je terminais d'user un Bayé Dan Cong 4 engagé hier dans la théière "les coeurs".

Le Dan Cong offrait une très belle résistance aux infusions, passant de la fleur d'osmanthe à l'abricot sec, d'un jour l'autre.

Lorsque les feuilles sont un peu usées, il est intéressant de mener deux, voire plusieurs infusions en parallèle, sans risque d'interférence.

Les belles feuilles donnent décidément beaucoup au dégustateur.