26 février 2008


Ca ne vous rappelle rien ?

Impossible d’allumer le poste sans entendre quelqu’un pleurnicher sur la hausse des prix, notamment alimentaires et notamment dans la grande distribution.

La chasse aux coupables est ouverte : certains accusent les distributeurs, l’opacité du calcul des coûts et de la fixation des prix en fin de chaîne ; pour d’autres, l’émergence de nouveaux marchés créé une telle demande qu’il est impossible de contrôler les prix.
La faute aux Chinois et aux Indiens qui veulent se nourrir à l’occidentale et consomment des céréales et des produits laitiers.

Alors ?

L’opacité des prix, des circuits de distribution, l’ouverture à l’Est du marché, la concurrence de consommateurs asiatiques ?

Le thé bien entendu !

Il aurait fallu interroger le marché du thé pour prévoir la suite.

Nous avions un ou deux ans d’avance sur cette discussion, bien avant le pétrole, l’acier, le lait et le blé. En tous cas, bien avant que cela devienne le sujet de conversation préféré des Français.

Aujourd’hui, dans notre petit domaine d’intérêt, les informations commencent à filtrer sur l’origine des produits, une concurrence s’organise et bientôt verrons-nous peut-être de grands opérateurs chinois du monde du thé débarquer chez nous et nous vendre en direct leurs produits, pourquoi pas ouvrir boutique.
Probablement de l’entrée de gamme, de l’industriel assumé, mais peut-être aussi des produits de qualité plus ambitieux qui stimuleront la concurrence et inviteront peut-être nos revendeurs actuels à ajuster leur marge au marché nouveau.

Un avenir peut-être pas si sombre, donc…

25 février 2008


Comme un moment au coin du feu.


J'ai reçu de Christophe, il y a deux jours, un échantillon de Mi Lan Xiang 4 de la Maison des Trois Thés. Dans cette famille, je suis familier des 1, le 3 et le 5 qui sont des Dan Cong frais.


Le numéro 4 est un Dan Cong vieilli. Je crois qu'il date de 1991 même si cet élément reste à vérifier.


Les feuilles sèches chauffées annoncent clairement que l'on doit être prêt à changer du registre habituel. Ceux qui attendent l'explosion de parfums de fruits frais exotiques en seront pour leurs frais. La tonalité est clairement axée sur le fruit cuit, compoté, voire, la pâte de fruit avec pour orientation la poire, le coing selon moi mais, vous le savez, tout cela est très dépendant du parcours du dégustateur.


Les feuilles réhydratées, confirment cette ambiance.


Les deux premières infusions sont un peu raides et trop corsées pour moi. Les notes de torréfaction me dérangent même si tout cela est bien fondu et sans vulgarité comme à l'accoutumée chez ce fournisseur. Je pense que 5g en zhong est un dosage un peu généreux pour le début de la dégustation. En revanche, la suite est très satisfaisante.


Les infusions se succèdent et mettent en valeur une liqueur qui évoque les meilleurs vins moelleux de Loire. J’ai immédiatement vu revenir en surface des souvenirs de ce merveilleux Haut Lieu, première Trie 1990 de chez Huet.


Ce thé n'est pas, selon moi, un thé de nez. Le démarrage est un peu raide, comme je l'évoquais et la suite bien que plaisante et complexe ne peut rivaliser avec les magnifiques sensations de bouche qu'il procure.

Tout ce dont on peut rêver d'un Wulong de classe est présent: mâche, texture fine, longueur, raffinement des saveurs, complexité et le sentiment de siroter un vieux vin blanc de prestige. Une autre évocation en cours de dégustation: un dessert inoubliable chez Gill à Rouen: un pain perdu aux fruits rôtis au beurre.


Un très beau thé, idéal pour deviser en fin de soirée.




http://www.huet-echansonne.com/Accueil/index.html

http://www.gill.fr/

20 février 2008


A quoi bon...




Oui, à quoi bon consacrer tout ce temps, tout cet argent, tous ces messages sur Internet, toutes ces rencontres entre passionnés, toutes ces dégustations, ces tests de thé, s'il ne s'agit que de boire des produits médiocres.




Avaler des litres et des litres de soupette en cherchant tout le temps le carré de l'hypoténuse, reporter toutes ces magnifiques expériences de Gong Fu Chiant sur de jolis cahiers rangés religieusement dans une jolie étagère, toujours à portée de main et pourquoi ?



Dans quel but ?



Le tuning du thé, en voilà une noble et sérieuse occupation !




Bientôt le kit d'échappement pour théière, la puce pour bouilloire, les jantes chromées pour soucoupes !



Et j'en ai vu des passionnés de l'ordinaire, parader entre amis au comptoir, parfois même avec fière allure, commenter les vertus de telle référence, examiner d'un air professoral la carte, lever les yeux vers les cieux à l'annonce du numéro 2, infiniment supérieur au numéro 1, qu'il faut stocker en masse, des fois qu'il viendrait à manquer mais sans oser aborder les versions qui comptent.



Comment peut-on passer des mois, des années à boire du thé sans jamais goûter à quelque chose de sérieux ?



Mais comment font-ils pour se mentir de la sorte sans broncher ?



Ne jamais acheter de nobles feuilles, même occasionnellement, même rarement, pour savoir... juste pour savoir !



Même s'il y en a peu, même si cela entame le budget de l'ordinaire, même s'il faut se passer de jus de salade pendant 48 heures, même si il n'y en aura pas assez pour le partager, même si ...



Juste pour avoir l'impression, rien qu'une fois d'exister, d'avoir des sens et de s'en servir, pour ne plus être un rat dans sa roue, l'espace d'un thé. Un rat du thé, un raté en abrégé !



Je terminerai sur cette devise qui résume tout:



"La vie est trop courte pour ne pas se la péter" (Christophe, dit Jean Carmet, "Mémoires d'un jouisseur" 2001 aux éditions Caviar et Doigt d'Honneur")

16 février 2008



Envie de fraîcheur, d'un thé simple mais pas trop avec un peu de bouche, de gras mais pas trop et surtout un joli nez fleuri et végétal.


Comme un voile de printemps pour aider cet hiver à tirer sa révérence, enfin.
Un petit trip à la boutique, le temps de présenter le cahier des charges et voilà:
Wen Shan bao Zhong 3.
Tout y est comme demandé avec une classe que je n'avais pas spécialement espérée.
Peu familier avec ce genre de thés, je n'ai pas pris de risque: 3g en zhong.
C'est bien assez pour faire venir les amandes grillées (feuilles sèches) puis les arômes floraux avec une belle huile en bouche et une agréable sensation d'occupation de l'espace.
L'infusion couleur bouton d'or complète ce joli tableau.
A étudier plus sérieusement.

11 février 2008






Les théières, c'est compliqué...


Il y en a de bonnes et de moins bonnes, d'anciennes et de nouvelles, de précises et de généreuses, de chères et de moins chères et de belles et de moches.



Et même en ayant mis de côté les mauvaises, obtiendra-t-on deux fois les mêmes qualités ?



Ce que je pensais déjà m'est confirmé ces jours-ci avec mes "locataires".



Les thés que je connais, avec mon eau, mes dosages et ma méthode sont différents avec les théières qui m'ont été prêtées du résultat que j'obtiens avec mes théières "à moi".



Ce n'est ni mieux, ni moins bien mais un peu différents.



Ici, plus rond, là plus droit, ici plus riche, là plus subtil, etc...



Et puis, entre en ligne de compte la familiarité qui peut exister entre la théière et le thé.



Telle théière sera à l'aise avec telle famille de thé mais telle autre aura l'avantage d'avoir servi de nombreuses fois pour ce thé en particulier et rendra une infusion plus homogène ou du moins plus familière au dégustateur.



Un temps de rodage est certainement à prendre en compte avant de juger tel ou tel outil.



Rodage pour la théière mais aussi pour le dégustateur.



Il faudra résister à la tentation de trouver mieux ou moins bien ce qui est nouveau.



Accepter le droit à la différence sans pour autant que le résultat soit inférieur ou supérieur.



C'est pourquoi, je pense qu'un trop grand nombre de théières peut brouiller les pistes pour les dégustateurs peu expérimentés, notamment.


Pas assez d'utilisations, pas assez de repères sans compter que les théières qui ne servent pas assez perdent en précision. On dit parfois qu'elles s'endorment.



Et puis, de temps en temps, il est bon de retourner au zhong pour se rappeler de ce que la théière perd et améliore, ce que l'on recherche, ce que l'on attend d'elle.


Revenir à la trame juste pour recaler la mémoire.





09 février 2008

Mille excuses...





A tous ceux qui en ont plus qu'assez de voir le carrelage de ma cuisine sur toutes mes récentes photos, je dois une explication.
Je suis plongé dans la pénombre depuis le mois de ... septembre à cause d'un ravalement de mon immeuble.
Je vous promets davantage de variété lorsque les hommes en blanc m'auront un peu oublié...

07 février 2008

Blackteapot expo.





Je profite d'un moment de temps libre pour vous présenter mes nouvelles acquisitions. Ce n'est pas un exemple à donner aux jeunes mais j'ai craqué sur ces quatre beautés et me range définitivement dans la catégorie des acheteurs compulsifs.




Vous apprécierez l'élégance des formes et matières que j'espère avoir restituée avec un minimum de perte.







La plus petite fait partie d'une série de taïwanaises que vous connaissez bien.



Je la destine aux Pu Er.









La petite chocolat aux élégantes proportions est en terre épuisée et offre un "grain de peau" assez proche de la théière disponible à la dégustation à la M3T. Je l'ai testée ces derniers jours avec une galette n°8 de 1985. Le résultat est très transparent, pur et pourtant avec beaucoup de souplesse et de moelleux.











La troisième présente des parois très fines et met particulièrement bien en valeur les wulong faiblement torréfiés, restituant toute leur fraicheur et leur fruité. Ses formes et son couvercle me rappellent un peu l'art déco.









Enfin, la dernière, merveille parmi les merveilles sera consacrée aux Rocher, ses proportions, sa finition, sa couleur chaude et profonde ainsi que son grain si fin concourent à en faire une très grande théière. J'ajoute que son poids impressionnant est au-delà de tout ce que j'ai connu pour un tel volume.




Bon, maintenant j'ai un aveu à vous faire:



Je n'ai pas gagné au Loto le mois dernier...




J'ai beau rêver que ces merveilles m'appartiennent, il n'en est rien.




Disons que l'excellent Antonio et moi-même inaugurons un nouveau concept de garderie pour théières de prestige. Pendant qu'il est en déplacement, j'assure l'entretien et la bonne forme de sa progéniture.





Je voulais juste vous faire profiter de quelques clichés de ces théières qui ne sont pas souvent exposées et en tous cas pas sur le Net.

03 février 2008





Sensualité...



Si seule l'infusion devrait compter, je vous le concède, il est difficile de ne pas succomber au plaisir de la matière, du grain, du rendu lumineux, de la chaleur d'une théière.


Hein, mon Philippe, tu me comprends, toi, hein ?


Plonger dans les rides respectables de la terre ancienne ou dans la douceur d'une plus récente.



Prisonniers, nous sommes et prisonniers, nous resterons de ces charmes discrets.



La relation que nous entretenons avec nos chères théières n'est pas toujours rationnelle, compréhensible pour les "autres", ceux qui sont passés à côté de cette douce folie.




Pour autant, il serait malhonnête de vouloir occulter cette part de plaisir dans la pratique du Gong Fu Cha.


Une fois assumé cet aspect de notre passion, il me semble qu'il faille mériter de tels objets tout de même rares et onéreux. Il convient de ne pas les dévier de leur finalité: le thé.



Alors, utilisez vos théières ou vendez-les, libérez-les !



Car vous ne méritez pas de tels trésors si vous les détournez de leur mission.






Dimanche, fin d'après-midi.

Blackteapot ne vous propose pas d'article révolutionnaire.

Juste un petit remerciement à mes copains Christophe et Antonio pour ce moment fort agréable à la Maison des Trois Thés, hier.

Une petite dégustation entre amis, dans notre QG préféré.

Il est toujours très relaxant de passer un moment du week-end place Monge, de suivre les judicieux conseils de Gilles et d'oublier l'extérieur le temps d'une dégustation.

Il n'est pas facile de trouver du temps pour nous rencontrer et je regrette que les autres bloggers et lecteurs soient plus éloignés de Paris et donc difficiles d'accès.

J'espère que l'avenir me permettra de rencontrer les autres et de revoir ceux que je connais déjà.
Bonne fin de week-end.