12 octobre 2008




Quand on ne fait pas de thé...


Il y a un temps pour le thé, large, vaste, précieux et fréquent.

Mais le thé n'est pas tout et l'envie doit se ressourcer.

J'aime la Coupole à Montparnasse. J'aime l'Art Déco et ses temples.

C'est un endroit calme et majestueux où il fait bon flâner de temps en temps.
Le chocolat y est délicieux et bien moins lourd que chez Angelina mais les touristes ne le savent pas. Et puis, que boire, sinon...
On y traîne au matin, et si l'envie se présente, on peut y déjeuner très correctement.
Il y a toujours eu de beaux cafés à Paris, comme à Vienne, mais l'interdiction de fûmer les rend enfin fréquentables.
Quand le temps s'y prête, on peut traverser le Boulevard du Montparnasse et s'enfoncer dans le VIème arrondissement, se promener dans le jardin du Luxembourg, passer prendre une patisserie chez Sadaharu Aoki ou chez Pierre Hermé sans oublier les délicieux chocolats de Jean-Charles Rochoux. Ses truffes sont à se damner...
Et puis, toutes ces adresses sont assez proches de chez moi, un jet d'autobus m'y transporte sans peine, alors...

L'après-midi s'annonce enfin et il est temps d'appeler Gilles et de réserver la table 9, faire escale pour deux heures de détente totale avant de reprendre la balade et faire quelques photos en chemin.
Et vous, que faites-vous de votre temps hors du thé ?

20 septembre 2008

Pas assez cher, mon fils...

Il y eut des moments difficiles au pays des collectionneurs de pu Er.
Des temps durant lesquels, certains devaient user de mille ruses pour financer leur passion.
J'en ai même connus qui ont dû faire commerce de leur corps pour s'offrir les précieuses galettes.
D'autres ont dû sacrifier certains de leurs organes pour parvenir à leurs fins. On les appelait les Eunuques du Mao Cha.
Un jour, j'ai même croisé un borgne à la M3T...
Ce temps est révolu. On a eu chaud !
J'en étais même arrivé à me demander quel était le doigt dont j'aurais pu me passer pour lever la tasse et la brochure d'une clinique de Floride traîne toujours dans ma chambre. Je demande publiquement pardon à la famille américaine qui m'a accordé sa confiance et son espoir...

C'est fini !
Basta!

On va pouvoir s'éclater à mort avec les tarifs 2008.
La matière première a vu son prix fondre mais pas la qualité.
Et la M3T répercute les baisses pour le plus grand bonheur de ses fidèles.

La carte s'est enrichie ces derniers jours de 7 galettes de 200g, d'une briquette de 65g et de trois vracs. J'oublie peut-être quelques références mais vous pourrez faire vos recherches par vous mêmes.

Les galettes d'abord, toutes issues de théiers séculaires. La maison semble résolument décidée à monter en exigences chaque année. Probablement pour se démarquer toujours plus des thés disponibles sur le Net.

Voici la liste des galettes millésime 2008 fraîchement arrivées:
Yi Wu 52€
You Le 28€
Men Song 28€
Pa Sha 24€ (également disponible en briquette de 65g avec étui de voyage à 8,50€. Le Pu Er frais des voyageurs)
Nan Nuo 33€
Meng Ku 24€
Si Yuan 27€
Notez que pour ce dernier thé, il ne s'agit pas d'un terroir mais d'un blend réalisé à partir d'autres terroirs. Une recette maison en quelque sorte. Amusant, non ?

Les vracs 28 (1998 13€/100g) et 29 (2000 11€/100g) sont des Shu, le 30 (1993 28€/50g) est un Sheng stocké en milieu sec.

Un choix impressionnant que votre serviteur n'a pu que survoler.
En fait, j'ai dégusté le Yi Wu qui frappe très fort.
Pour être clair, si je mets à part les Pu Er issus de théiers millénaires, cette référence est la meilleure que j'ai pu goûter à ce jour, tous fournisseurs confondus.
Fruits frais, très complexe, étonnament souple et sucré pour un Yi Wu jeune, déjà une véritable gourmandise tout en distinction avec du fond, du vrai et une mâche très élégante. Un tantinet snob, tant il se moque de la durée d'infusion: jamais de raideur, d'amertume, de crispation, un horizon lointain sans ce sentiment si fréquent de se heurter à un mur d'impuissance dès que l'on cesse de regarder le chronomètre.
Il s'agit d'un mélange de deux récoltes du printemps 2008.
Une très belle réussite.

Voilà, c'est tout pour le moment. Excusez le côté publi-reportage mais je voulais vous donner des faits et informer ceux qui ne se déplacent pas facilement Place Monge.


07 septembre 2008



Hommage humide et canaille au grand Serge,

Retour de force pour la dégustation de vieux Pu Er.

Bien longtemps que je n’avais plus le palais à la bagatelle.

Le soir venu, de retour du chantier, j’avais le cœur végétal.

Dans ces conditions, plus de place pour la soupe au Viandox.

Mais avec le temps, passée la saison chaude, les ballades en forêt me manquent de nouveau.

Avec le recul, bien content d’avoir joué l’écureuil dans les épisodes précédents.

Pas demain que je manquerai de noisettes…

En plus, j’ai la pince écossaise et le dosage aérien.

D’autant que le p’tites galettes, pour les toucher, faut d’abord les allonger, sinon c’est froid comme en décembre.

Bien heureux que la chasse au plaisir soit de nouveau ouverte, ça va frétiller tout l’hiver dans les Yi et les Xing, on va faire tinter la porcelaine comme dans les jardins du Zwinger.

Ca donnera peut-être pas l’heure mais on ne sera pas desséché du gosier.

Le principal, c’est que pieds-de-poule ou prince-de-galles, je prenne mon pied et m’rince la dalle !

28 août 2008



The man who has been there...
Cela commence un peu comme un titre de chanson de Johnny Cash et puis finalement cela vous renvoie au thé.
Il y a ceux qui en parlent, en boivent, en achètent, écrivent sur le sujet et puis il y a ceux qui vont en Chine pour essayer de comprendre le thé.
Ces personnes méritent notre respect car elles ont poussé la passion jusqu'à s'investir au-delà de la gestion d'un simple loisir.
J'ai découvert grâce à Michel certains jeunes Pu Er de Nada.
Je dois dire que leur point commun est "le fond".
Que l'on apprécie les parfums, saveurs, rondeurs et l'aspect général d'un thé est affaire de goûts et de vécu.
Un critère me semble en revanche déterminant dans le choix d'un thé: le fond.C'est à dire la complexité, la personalité, la typicité.
En bref le caractère.
Sans cela, il ne reste que l'ennui.
Les autres critères objectifs accessoires du premier sont la transparence et l'endurance.

Les Pu Er de chez Nada que j'ai pu goûter ont des qualités, parfois aussi des défauts (encore que pour leur prix...) mais ils ont tous du fond.
En gros, ils ont une histoire à raconter.

Je n'ai pas l'expérience et la connaissance pour dire s'ils deviendront de grands Pu Er mais cette incertitude plane sur tous les jeunes thés sans distinction de provenance et de prix...
La différence, c'est que les prix de Nada sont raisonnables au regard de la concurrence.
Je pense que je vais suivre cette carte avec intérêt.
Le 12 Gentlemen Yiwu 2006 est délicieux, le Yiwu Yi Chang Hao 2007 est un peu fermé et timide au nez mais fin et prometteur avec un caractère de Pu Er bien juteux déjà bien trempé et la galette "Nada" 'Cha Chan Yi Wei' 2008 tirée à 40 exemplaires à sa demande n'est pas une curiosité.
C'est un vrai bon, délicat et increvable Pu Er.
J'ai préparé un zhong avec 2 grammes que j'ai suivi sur 4 jours.
J'ai finalement jeté les feuilles ... pour libérer un zhong, non parce qu'il était mort.

J'ai eu de bonnes expériences avec Yunnan Sourcing mais la carte de Scott est résolument bas de gamme, par choix sans doute.
Avec Nada, on tient enfin une source fiable orientée vers des Pu Er plus sérieux.
Essayez...
A link that is producing or tending to produce happiness, a felicific place :

26 août 2008



Un peu d'histoire,



On nous bassine que les Chinois avaient déjà bâti une civilisation pendant que nos ancêtres cherchaient encore des glands dans la forêt.



Bon, d'accord...



On nous récite que le thé, le Pu Er, c'est une affaire de Chinois, que l'on évalue l’origine des premiers plants de théiers à l’état sauvage, entre 60 à 70 millions d’années dans le sud-ouest de la Chine. Bon d'accord, d'accord, tout vient de là-bas, c'est entendu.



Mais le thé en Occident, en Asie Mineure, en Afrique hein ?



Les Holandais ont introduit le thé en Europe en 1606 ?



C'est ce que l'on nous a appris mais faut-il le croire...



Le reste du monde aurait-il attendu si longtemps pour découvrir les plaisirs du thé ?



Pas si sûr...



J'ai effectué une petite recherche pour vous et l'art parle souvent davantage que les livres.



Jugez plutôt en observant quelques oeuvres reproduisant la vie des amateurs de Pu Er, oui, j'ai bien dit de Pu Er !

















Regardez cet Egyptien de l'Antiquité en train de tasser ses galettes dans sa jarre.




Mais s'il ne fallait en retenir qu'un, un seul, le plus illustre des dégustateurs de Pu Er de toute l'histoire, ce serait celui-ci:
















Observez la fureur de Moïse qui, parti en pleine nature avec un groupe d'amis pour déguster un vieux Sheng compressé, se rend compte qu'il a oublier d'emporter de quoi découper sa galette.



Bien d'autres témoignages de l'histoire du thé se cachent dans les musées de nos villes.



Il nous appartient de rétablir la vérité !



A la demande générale, je rajoute une référence incontournable et d'actualité:





Le discobole immortalisé par le sculpteur Myron, cinq siècles avant JC !


Nous sommes ainsi renseignés sur la nature de la première discipline olympique: le lancé de galettes !


24 août 2008



L'age de raison.

On nous avait dit qu'il faudrait être patient, que l'on ne profiterait peut-être pas du fruit de nos efforts, que nous pourrions bien investir pour les générations futures, qu'acheter des Pu Er jeunes et les stocker, c'était mourir un peu puisque, accepter la course du temps.

Les plus braves ont tenu bon, ont dépensé, immobilisé des sommes non négligeables, encombré leur logis pariant sur le thé, pariant sur le temps.

Alors ils s'étaient donnés rendez-vous avec l'histoire, parfois effrayés par le message que ce pari fou représentait.

J'ai fait partie de ces fous heureux et je n'attendais pas de récompense pour mes efforts dans cette vie ou dans une autre.

Et puis, l'espoir est né peu à peu à force de goûter et regoûter l'œil aux aguets, tous les sens en éveil dans l'espoir d'un signe du temps. L'espoir de signes du temps, de maturation de thés, l'espoir d'un rendez-vous plus proche que promis.
.


Aujourd'hui, j'ai assez de recul et de tests derrière moi pour fêter la victoire, brandir la tasse et clamer que nous avons bien fait, que le temps n'est pas figé et tend déjà la main aux fidèles.

Tenez, cette galette 31 M3T qui a fait grincer bien des dents. Cette galette que certains voulaient brûler sur l'autel du stockage sec, que d'autres savouraient presque en cachette et avec honte. Et bien cette galette est passée de l'autre côté, du côté des vrais et bons Pu Er avec sa robe fauve, sa transparence, son velours et des saveurs de fruits secs et de vieux parchemins. Ce thé maudit sera vengé et maudira à son tour les incrédules.

Parce que ce thé aujourd'hui, je vous le dis, ce thé il y a encore peu si vert, poissonneux et ingrat, ce thé maintenant est magnifique et vient, chez moi en tous cas de refermer la porte de la honte et du doute. Il est entré dans une phase de maturité. Alors, je vous entends déjà rire de ce dégustateur naïf qui nierait le rôle du stockage humide et voudrait accélérer le temps pour se faire plaisir, pour se rassurer.

Je tiendrai bon. Si le temps n'a certes pas achevé son oeuvre, il est au travail et rend déjà des comptes qu'il est bon de boire ici et maintenant.

Puissent les autres thés suivre cette voie et nous ravir avant que n'ayons oublié de nous faire plaisir.





(Derniers essais: Yixing 13cl, 3g de galette 1998 n°31, inf de 30" à 5')




17 août 2008



L'Alpha et l'Omega.

Ok, j'ai une confession à vous faire: je ne suis pas cool.
Pas du tout même. Pourtant, j'ai essayé, j'écoute même Led Zeppelin et Cesaria Evora.
Mais rien à y faire, dès que je porte un T-shirt avec un slogan, j'ai l'air déguisé et je ne supporte pas l'imprécision et le non respect des règles.


Par exemple, je suis incapable de préparer une infusion sans compter les secondes dans ma tête.


Pour aggraver mon cas, j'ai épousé la femme la moins cool de l'hémisphère nord avec un sens de l'humour plus sharp qu'une lame japonaise.

Alors quand je croise des gens cools, c'est amusant.
Pas hostile mais amusant.
Tenez, Michel, par exemple. Il est adorable ce type.
Je ne le connais pas beaucoup mais je le trouve cool. Il doit l'être.

L'autre jour, il m'envoie du thé pour que je goûte des trucs.
Alors, c'est du Michel, quoi... Ca part dans tous les sens.
Y a des sachets avec des mots griffonnés, une lettre qui a l'air codée par les services secrets de Sa Majesté. Et le tout ressemble à une prise des stup.

Alors, je goûte ses échantillons de Pu Er.
Il y a des trucs vraiment bien. D'autres moins.

Et puis, je comprends que mon interlocuteur ne recherche pas forcément les mêmes sensations dans le Pu Er.
Certains thés qu'il trouve super me donnent l'impression de sucer un caillou tellement ils sont raides.
Je me retrouve davantage dans d'autres échantillons, comme ce 12 Gentlemen 2006 Yi Wu, formidable.

Alors, je me dis que l’on n’a pas appris le Pu Er de la même façon.
Il trouve que les Sheng de la M3T ont un petit goût de stockage humide, voire de Shu.


Ce qui m'étonne puisque je n'aime pas les Shu.
Moi, je trouve que les Sheng qui ne viennent pas de ma M3T sont presque toujours secs, sans fond et manquent de fruit et de complexité.

Alors qui a raison ?
Personne, sans doute, ou tout le monde.

Mais, c'est bien de pouvoir partager, s'énerver de ne pas être compris, être différent, aimer des choses différentes et peut-être surtout faire des connaissances grâce au thé.

Tiens, je suis peut-être en train de devenir cool, moi aussi...

10 août 2008


Recherche de l'épure et de l'essentiel.

La pratique du Gong Fu Cha demande du temps et de la disponibilité.
Je compte le temps que la vie me laisse chaque jour comme les grains de sable fin qui coulent en jets continus entre les doigts écartés.
La disponibilité de l'esprit bien davantage que du corps se paie en or.
Le torrent du temps qui s'enfuie sans pitié emporte tout sur son passage.
J'ai besoin de moi et des autres dans ce chaos incontrôlable.
Arrêter les images, les rendre belles et savoureuses, montrer le dos au vent qui mugit.
Goûter le meilleur du thé même rarement mais pleinement quitte à oublier les justes bons, les justes justes.
J'ai eu le temps du quotidien du thé et ne le regrette pas.
J'ai soif aujourd'hui d'îlots temporels, de concentration totale.
Je ne veux plus vivre avec le thé mais faire naître des moments privilégiés qui lui seront offerts pleinement.

30 juillet 2008




Hier, disposant d'un peu de temps, j'ai ressorti l'artillerie lourde: théière Yixing, pinceau, balance, 5g de galette n°11 de 1985, bref, le kit de la pignole !

J'ai essayé de prendre mon temps, de veiller au respect des étapes nécessaires à la mise en oeuvre réussie d'un Gong Fu Cha exemplaire, allant jusqu'à étudier la danse des volutes de vapeur au-dessus de la théière (ça, c'est pour les jeunes qui Gongfuchent d'une main).

Je ne vous cache pas que j'ai abordé cette cession avec inquiétude car avec l'arrivée des Pu Er jeunes, il y a 2 ans, j'ai peu à peu perdu mon "Mojo" avec les anciens.


Disons que j'éprouve de moins en moins de sensations lors de leur dégustation. Ils m'apparaissent souvent trop lourds, opaques, troubles et je ne vous parle pas des cuits que je considère, pour l'immense majorité, imbuvables.

Seules quelques piqûres de rappel salutaires prodiguées à la maison des Trois Thés ces derniers mois sur des références TRES chères (notamment le vrac n°27) ont sauvé mes sensations d'un sommeil profond.

Je dois vous confier avec embarras que le résultat de ma dégustation m'a partiellement convaincu. Les premières infusions m'ont paru manquer un peu de pureté, puis les choses se sont améliorées à partir de la 4ème. C'est un joli thé mais finalement assez moyen sur certains critères comme la précision, la transparence et même la longueur en bouche.

Je ne pense pas que l'on tienne là le top du Pu Er compte tenu des caractéristiques des nouvelles références.

Il me semble que certains crus récents et haut de gamme iront nettement plus loin lorsqu'ils auront revêtu dans quelques années leur costume de Pu Er.

L'avenir parlera.

Aujourd'hui, si c'était à refaire, compte tenu de ma modeste expérience et des prix actuels, je ne ferais plus l'effort de constituer une cave à vieux Pu Er, considérant la concurrence des jeunes et de leur potentiel.


Je n'ai pas de regrets mais je note une évolution du marché et de mes goûts avec lucidité et peut-être aussi un brin de nostalgie.

L'ignorance avait du bon.

Jour 2:

Je reprends la dégustation de la veille laissée après 6 passages.

C'est mieux, bien mieux.

L'infusion est claire, presque limpide, juteuse, dense en parfum, longue et sur la noix fraîche.

Je suis en terrain ami.

Faut-il user les feuilles pour qu'elles aillent à l'essentiel ?

C'est un peu comme un axe sur lequel ont devrait chercher à optimiser le couple pureté / usure des feuilles.

Je ne suis pas certain d'être bien clair.
Je reprends: plus le thé atteindra rapidement la pureté et la précision plus on pourra dire qu'il est de qualité.

Les autres, ceux qui ne pourront atteindre la transparence que tardivement seront usés et la rencontre entre les deux critères impossible.

La rencontre sera manquée.

27 juillet 2008





Là oû ça fait mal.




Je ne sais pas comment vous le vivez de votre côté mais j'ai beaucoup de mal à supporter l'idée de reprendre le travail après les vacances d'été.


Plus le break est long, plus la souffrance est intense et pas besoin de galette n°10 pour avoir le sommeil léger.


Cette année, j'ai adopté la posologie de mon épouse: à fond sur le Vouvray sec jusqu'à trouver tout marrant, même les factures d'été glissées sous la porte par le gardien.


J'ai tout de même trouvé le temps pour quelques dégustations de thés.


J'ai achété récemment une boîte de Cui Yu et le fameux Rou Gui n°2 de Taiwan.


Le premier est délicieux, en première intention, sans prétention mais d'une superbe fraîcheur.


J'aime ce thé et l'ai toujours aimé pour sa spontanéité et sa faculté à n'être jamais tout à fait le même d'une année sur l'autre.


J'ai commencé mon apprentissage des wulong avec lui, il y a sept années, rue du Pot de Fer.


A l'époque j'aimais beaucoup le parfum mais peinais à l'avaler, tant je le trouvais amer.


Aujourd'hui, j'ai fait mon chemin et pousse les infusions sur les Dan Cong, au risque de me ravager le palais. On grandit...


Le Rou Gui, dont vous avez sur vos blogs vanté les mérites est un joli thé avec du corps, de la bouche et du nez, du velours et des arômes de pèche. Mais voilà, justement, c'est bien là le problème, s'il y a bien un domaine qui fait figure de temple sacré, c'est bien celui des fruits jaunes d'été et des fruits exotiques.


Dans cette famille de senteurs et de saveurs, le Rou Gui se heurte forcément à la famille es Dan Cong et semble un peu léger.


Alors, bien entendu, on n'est pas dans la même catégorie de prix mais tout de même ...


Au final, j'apprécie cette dégustation mais mon expérience des wulong me prive d'un plus complet plaisir.


Le Rou Gui n°3 me semble s'en sortir autrement mieux, grâce à sa profonde originalité.


Affaire de goût et de vécu ?


Sûrement.

29 juin 2008




Petit projet.



Quatre mois sans message...

C'est long et en même temps ça m'a fait du bien.

Je lisais plus ou moins assudûment vos blogs en attendant d'avoir de nouveau envie de poster.

C'est chose faite, aujourd'hui en tous cas.

Merci d'avoir été patient.

Ces derniers mois, comme je l'ai écrit chez les uns et les autres, j'ai surtout bu des wulong et des Pu Er frais. Dans cette dernière famille, c'est le vrac n°26 de 2007 qui a retenu mon attention.

Son parfum envoûtant et délicat, sa bouche souple et généreuse, sa longueur exemplaire en font ma référence, mon mètre étalon, auquel viendront se mesurer les autres jeunes.

Comme disait Michel, avec les jeunes sheng de qualité en stockage sec, la vieillesse promet d'être belle... !

Mais il faudra être patient, savoir oublier le thé 10, 15 ans, davantage ... en y regoûtant régulièrement.

Ca fait peur... mais il est facile avec le vrac de prélever quelques feuilles de temps en temps. Et puis, les vracs de noble origine évoluent vite.

J'ai donc choisi de tenter l'aventure avec celui-ci qui me plait déjà beaucoup: 300g dans une jarre et le reste pour boire dès maintenant.






05 mars 2008



Vrac 1992, Pu Er d'enfance.

C'est peut-être en regardant par dessus notre épaule que nous pouvons deviner l'avenir.

Souffler sur la poussière d'étoile qui magnifie nos souvenirs, rend au passé sa juste patine.

Il n'est pas de souvenir décevant si le regard est honnête.

C'est dans cet état d'esprit que j'ai regoûté à ce petit Pu Er en vrac n°15 à deux reprises cette semaine.

D'abord en utilisant ma terre ancienne puis avec Blackteapot.






La terre de Yixing offre une infusion savoureuse et fruitée, avec quelques notes fleuries (rose ?) lors des premiers passages. Un léger caramel roux sur la longueur signe une personnalité franche et honnête.



Le thé peine un peu sur la durée et s'évanouie doucement après la 7ème infusion.

Il ne faut pas chercher à poursuivre sur plusieurs jours une telle dégustation.





Ma boule noire a moins de poésie dans son sac et ne jette pas de regard attendri vers ces feuilles modestes. Elle offre une infusion huileuse mais objective et n'occulte pas un petit goût de Shu, de cuir et de bois. Mais tout cela reste fondu et agréable.


Il n'est pas interdit de commencer la dégustation avec une terre ancienne puis de terminer avec une terre de Taiwan pour préserver une certaine précision alors que le thé faiblit. De plus en plus, je passe d'un support à un autre, zhong, théières pour préserver le discours le plus longtemps possible.








26 février 2008


Ca ne vous rappelle rien ?

Impossible d’allumer le poste sans entendre quelqu’un pleurnicher sur la hausse des prix, notamment alimentaires et notamment dans la grande distribution.

La chasse aux coupables est ouverte : certains accusent les distributeurs, l’opacité du calcul des coûts et de la fixation des prix en fin de chaîne ; pour d’autres, l’émergence de nouveaux marchés créé une telle demande qu’il est impossible de contrôler les prix.
La faute aux Chinois et aux Indiens qui veulent se nourrir à l’occidentale et consomment des céréales et des produits laitiers.

Alors ?

L’opacité des prix, des circuits de distribution, l’ouverture à l’Est du marché, la concurrence de consommateurs asiatiques ?

Le thé bien entendu !

Il aurait fallu interroger le marché du thé pour prévoir la suite.

Nous avions un ou deux ans d’avance sur cette discussion, bien avant le pétrole, l’acier, le lait et le blé. En tous cas, bien avant que cela devienne le sujet de conversation préféré des Français.

Aujourd’hui, dans notre petit domaine d’intérêt, les informations commencent à filtrer sur l’origine des produits, une concurrence s’organise et bientôt verrons-nous peut-être de grands opérateurs chinois du monde du thé débarquer chez nous et nous vendre en direct leurs produits, pourquoi pas ouvrir boutique.
Probablement de l’entrée de gamme, de l’industriel assumé, mais peut-être aussi des produits de qualité plus ambitieux qui stimuleront la concurrence et inviteront peut-être nos revendeurs actuels à ajuster leur marge au marché nouveau.

Un avenir peut-être pas si sombre, donc…

25 février 2008


Comme un moment au coin du feu.


J'ai reçu de Christophe, il y a deux jours, un échantillon de Mi Lan Xiang 4 de la Maison des Trois Thés. Dans cette famille, je suis familier des 1, le 3 et le 5 qui sont des Dan Cong frais.


Le numéro 4 est un Dan Cong vieilli. Je crois qu'il date de 1991 même si cet élément reste à vérifier.


Les feuilles sèches chauffées annoncent clairement que l'on doit être prêt à changer du registre habituel. Ceux qui attendent l'explosion de parfums de fruits frais exotiques en seront pour leurs frais. La tonalité est clairement axée sur le fruit cuit, compoté, voire, la pâte de fruit avec pour orientation la poire, le coing selon moi mais, vous le savez, tout cela est très dépendant du parcours du dégustateur.


Les feuilles réhydratées, confirment cette ambiance.


Les deux premières infusions sont un peu raides et trop corsées pour moi. Les notes de torréfaction me dérangent même si tout cela est bien fondu et sans vulgarité comme à l'accoutumée chez ce fournisseur. Je pense que 5g en zhong est un dosage un peu généreux pour le début de la dégustation. En revanche, la suite est très satisfaisante.


Les infusions se succèdent et mettent en valeur une liqueur qui évoque les meilleurs vins moelleux de Loire. J’ai immédiatement vu revenir en surface des souvenirs de ce merveilleux Haut Lieu, première Trie 1990 de chez Huet.


Ce thé n'est pas, selon moi, un thé de nez. Le démarrage est un peu raide, comme je l'évoquais et la suite bien que plaisante et complexe ne peut rivaliser avec les magnifiques sensations de bouche qu'il procure.

Tout ce dont on peut rêver d'un Wulong de classe est présent: mâche, texture fine, longueur, raffinement des saveurs, complexité et le sentiment de siroter un vieux vin blanc de prestige. Une autre évocation en cours de dégustation: un dessert inoubliable chez Gill à Rouen: un pain perdu aux fruits rôtis au beurre.


Un très beau thé, idéal pour deviser en fin de soirée.




http://www.huet-echansonne.com/Accueil/index.html

http://www.gill.fr/

20 février 2008


A quoi bon...




Oui, à quoi bon consacrer tout ce temps, tout cet argent, tous ces messages sur Internet, toutes ces rencontres entre passionnés, toutes ces dégustations, ces tests de thé, s'il ne s'agit que de boire des produits médiocres.




Avaler des litres et des litres de soupette en cherchant tout le temps le carré de l'hypoténuse, reporter toutes ces magnifiques expériences de Gong Fu Chiant sur de jolis cahiers rangés religieusement dans une jolie étagère, toujours à portée de main et pourquoi ?



Dans quel but ?



Le tuning du thé, en voilà une noble et sérieuse occupation !




Bientôt le kit d'échappement pour théière, la puce pour bouilloire, les jantes chromées pour soucoupes !



Et j'en ai vu des passionnés de l'ordinaire, parader entre amis au comptoir, parfois même avec fière allure, commenter les vertus de telle référence, examiner d'un air professoral la carte, lever les yeux vers les cieux à l'annonce du numéro 2, infiniment supérieur au numéro 1, qu'il faut stocker en masse, des fois qu'il viendrait à manquer mais sans oser aborder les versions qui comptent.



Comment peut-on passer des mois, des années à boire du thé sans jamais goûter à quelque chose de sérieux ?



Mais comment font-ils pour se mentir de la sorte sans broncher ?



Ne jamais acheter de nobles feuilles, même occasionnellement, même rarement, pour savoir... juste pour savoir !



Même s'il y en a peu, même si cela entame le budget de l'ordinaire, même s'il faut se passer de jus de salade pendant 48 heures, même si il n'y en aura pas assez pour le partager, même si ...



Juste pour avoir l'impression, rien qu'une fois d'exister, d'avoir des sens et de s'en servir, pour ne plus être un rat dans sa roue, l'espace d'un thé. Un rat du thé, un raté en abrégé !



Je terminerai sur cette devise qui résume tout:



"La vie est trop courte pour ne pas se la péter" (Christophe, dit Jean Carmet, "Mémoires d'un jouisseur" 2001 aux éditions Caviar et Doigt d'Honneur")

16 février 2008



Envie de fraîcheur, d'un thé simple mais pas trop avec un peu de bouche, de gras mais pas trop et surtout un joli nez fleuri et végétal.


Comme un voile de printemps pour aider cet hiver à tirer sa révérence, enfin.
Un petit trip à la boutique, le temps de présenter le cahier des charges et voilà:
Wen Shan bao Zhong 3.
Tout y est comme demandé avec une classe que je n'avais pas spécialement espérée.
Peu familier avec ce genre de thés, je n'ai pas pris de risque: 3g en zhong.
C'est bien assez pour faire venir les amandes grillées (feuilles sèches) puis les arômes floraux avec une belle huile en bouche et une agréable sensation d'occupation de l'espace.
L'infusion couleur bouton d'or complète ce joli tableau.
A étudier plus sérieusement.

11 février 2008






Les théières, c'est compliqué...


Il y en a de bonnes et de moins bonnes, d'anciennes et de nouvelles, de précises et de généreuses, de chères et de moins chères et de belles et de moches.



Et même en ayant mis de côté les mauvaises, obtiendra-t-on deux fois les mêmes qualités ?



Ce que je pensais déjà m'est confirmé ces jours-ci avec mes "locataires".



Les thés que je connais, avec mon eau, mes dosages et ma méthode sont différents avec les théières qui m'ont été prêtées du résultat que j'obtiens avec mes théières "à moi".



Ce n'est ni mieux, ni moins bien mais un peu différents.



Ici, plus rond, là plus droit, ici plus riche, là plus subtil, etc...



Et puis, entre en ligne de compte la familiarité qui peut exister entre la théière et le thé.



Telle théière sera à l'aise avec telle famille de thé mais telle autre aura l'avantage d'avoir servi de nombreuses fois pour ce thé en particulier et rendra une infusion plus homogène ou du moins plus familière au dégustateur.



Un temps de rodage est certainement à prendre en compte avant de juger tel ou tel outil.



Rodage pour la théière mais aussi pour le dégustateur.



Il faudra résister à la tentation de trouver mieux ou moins bien ce qui est nouveau.



Accepter le droit à la différence sans pour autant que le résultat soit inférieur ou supérieur.



C'est pourquoi, je pense qu'un trop grand nombre de théières peut brouiller les pistes pour les dégustateurs peu expérimentés, notamment.


Pas assez d'utilisations, pas assez de repères sans compter que les théières qui ne servent pas assez perdent en précision. On dit parfois qu'elles s'endorment.



Et puis, de temps en temps, il est bon de retourner au zhong pour se rappeler de ce que la théière perd et améliore, ce que l'on recherche, ce que l'on attend d'elle.


Revenir à la trame juste pour recaler la mémoire.





09 février 2008

Mille excuses...





A tous ceux qui en ont plus qu'assez de voir le carrelage de ma cuisine sur toutes mes récentes photos, je dois une explication.
Je suis plongé dans la pénombre depuis le mois de ... septembre à cause d'un ravalement de mon immeuble.
Je vous promets davantage de variété lorsque les hommes en blanc m'auront un peu oublié...

07 février 2008

Blackteapot expo.





Je profite d'un moment de temps libre pour vous présenter mes nouvelles acquisitions. Ce n'est pas un exemple à donner aux jeunes mais j'ai craqué sur ces quatre beautés et me range définitivement dans la catégorie des acheteurs compulsifs.




Vous apprécierez l'élégance des formes et matières que j'espère avoir restituée avec un minimum de perte.







La plus petite fait partie d'une série de taïwanaises que vous connaissez bien.



Je la destine aux Pu Er.









La petite chocolat aux élégantes proportions est en terre épuisée et offre un "grain de peau" assez proche de la théière disponible à la dégustation à la M3T. Je l'ai testée ces derniers jours avec une galette n°8 de 1985. Le résultat est très transparent, pur et pourtant avec beaucoup de souplesse et de moelleux.











La troisième présente des parois très fines et met particulièrement bien en valeur les wulong faiblement torréfiés, restituant toute leur fraicheur et leur fruité. Ses formes et son couvercle me rappellent un peu l'art déco.









Enfin, la dernière, merveille parmi les merveilles sera consacrée aux Rocher, ses proportions, sa finition, sa couleur chaude et profonde ainsi que son grain si fin concourent à en faire une très grande théière. J'ajoute que son poids impressionnant est au-delà de tout ce que j'ai connu pour un tel volume.




Bon, maintenant j'ai un aveu à vous faire:



Je n'ai pas gagné au Loto le mois dernier...




J'ai beau rêver que ces merveilles m'appartiennent, il n'en est rien.




Disons que l'excellent Antonio et moi-même inaugurons un nouveau concept de garderie pour théières de prestige. Pendant qu'il est en déplacement, j'assure l'entretien et la bonne forme de sa progéniture.





Je voulais juste vous faire profiter de quelques clichés de ces théières qui ne sont pas souvent exposées et en tous cas pas sur le Net.

03 février 2008





Sensualité...



Si seule l'infusion devrait compter, je vous le concède, il est difficile de ne pas succomber au plaisir de la matière, du grain, du rendu lumineux, de la chaleur d'une théière.


Hein, mon Philippe, tu me comprends, toi, hein ?


Plonger dans les rides respectables de la terre ancienne ou dans la douceur d'une plus récente.



Prisonniers, nous sommes et prisonniers, nous resterons de ces charmes discrets.



La relation que nous entretenons avec nos chères théières n'est pas toujours rationnelle, compréhensible pour les "autres", ceux qui sont passés à côté de cette douce folie.




Pour autant, il serait malhonnête de vouloir occulter cette part de plaisir dans la pratique du Gong Fu Cha.


Une fois assumé cet aspect de notre passion, il me semble qu'il faille mériter de tels objets tout de même rares et onéreux. Il convient de ne pas les dévier de leur finalité: le thé.



Alors, utilisez vos théières ou vendez-les, libérez-les !



Car vous ne méritez pas de tels trésors si vous les détournez de leur mission.