02 novembre 2007




Après un début timide et mais généreux, l’automne semble s’installer sur la capitale.
Les feuilles, si tendres il y a encore une poignée de jours, arborent leur robe mordorée.
L’appel des Rochers ne saurait tarder dans de telles conditions.




C’est ainsi que je vous invite virtuellement à la dégustation d’un Bu Jian Tian.




Comme vous le constatez, les feuilles rincées évoquent les délices de l’enfance, les pâtisseries chaudes rassurantes, le cacao fumant de la chocolatière. Mais le raffinement et la puissance des parfums préparent à une dégustation racée.




La première infusion présente une bouche intense et sensuelle malgré une légèreté toute en promesse. Vous passez à proximité de votre conquête et captez à la dérobée un parfum fleuri inattendu et une acidité qui fixe la ligne de fuite imaginaire. Le souvenir d’une aventure avec un Shui Xian 5 est vivace.




La liqueur est là, offerte à la contemplation, jaune légèrement orangé et joliment transparente.
L’infusion suivante est plus corsée et ne s’embarrasse plus de formalités avec davantage d’acidité au nez, de cire comme dans l’évocation d’un presbytère de campagne entretenu comme à la veille d’une noce ou de funèbres préparatifs.



La bouche est légèrement farineuse, granuleuse. Il y a du corps et de la chair dans cette dégustation. Les senteurs de réductions balsamiques vous font tourner la tête tandis que les parfums dansent une valse endiablée pendant plus de deux minutes dans la tasse à sentir. Dame nature palpite par tous vos pores.
Vous avalez enfin, sans rougir et gardez l’onde d’une subtile amertume végétale sans retour possible.



La dernière tasse de cette infusion a perdu en chaleur ce qu’elle gagne en parfums floraux capiteux comme après le passage de quelque créature vêtue de velours pourpre. Votre palais est légèrement brûlé comme après l’alcool, râpeux, âpre et délicieusement dévasté. Vous palpitez de plus belle.






Votre troisième infusion pleine de force vous laisse pourtant un sentiment de transparence, de limpidité et la robe arbore maintenant la couleur orangée et lumineuse d’un matin d’été. Vous êtes calme et détendu, comme offert à votre dégustation, disponible pour de nouveaux plaisirs que ce thé vous réservera au fil des infusions prochaines.







9 commentaires:

Philippe a dit…

Quel bohneur, the great return of Blackteapot.

Et quel retour : un style unique, un compte-rendu de dégustation d'une classe hors-norme ... A ton image, logique ! Mesdemoiselles si vous rencontrez un jour notre héros, vous risquez de succomber irrémédiablement à son charme... mais attention, Madame (non moins charmante croyez-moi), veille au grain... ;-)

Allez mon Raph, t'es le plus beau et tu le sais !

PS : sur la photo, j'ai d'abord cru que c'était toi plus jeune !!

Raphael a dit…

Tu me sembles très en forme, mon Philippe (lol).

Plus sérieusement, ce Rocher est superbe, puissant et distingué comme on les aime. Un must have.

Sinon, désolé Philippe mais je n'ai jamais dégrafé la robe de Kristin Scott Thomas. Tiens pas à avoir des histoires, moi...

emmanuel a dit…

Superbe compte rendu.

"Les senteurs de réductions balsamiques" me rapellent un restaurant, le "Je t m" (Paris 15, à l'angle de la rue d'Alleray et de la rue François Villon) qui proposait de la langue de veau avec une excellente sauce miel/balsamique. D'ailleurs, si tu ne le connais pas, ce resto est vraiment sympa et d'un excellent rapport Qualité/Prix (et de surcroît pas loin de chez toi si j'ai bien compris).

Guillaume a dit…

Es ce que tu peux me mailer le prix et la reference, ca serait sympa
merci

Raphael a dit…

Merci du tuyau.
Je ne suis effectivement pas loin et toujours preneur de bonnes adresses.

Raphael a dit…

Guillaume,

J'ai vérifié aujourd'hui à la M3T.
31 euros les 50g.

Michel a dit…

Delight in a cup.

Merci j'en rêve déja.

jeancarmet a dit…

"La bouche est légèrement farineuse, granuleuse. Il y a du corps et de la chair dans cette dégustation."

C'est cette texture "poudrée" que j'avais appréciée dans ce Rocher.
Il faudra que j'en rachète d'ailleurs...

Raphael a dit…

"Poudrée" est bien trouvé.
C'est tout fait un thé de saison. On a besoin de ces parfums rassurants et chaleureux pendant l'automne et l'hiver, me semble-t-il.