
En ces temps aventureux où le dégustateur goûte, regoûte, se dégoûte, l'expérience d'un vrai, grand, vieux et noble Pu Er cru relève de l'expérience sacrée. Fermez les yeux, passez en revue vos moments de grâce. Là, voilà, vous y êtes. C'est bon, non ?
Facile de faire remonter les souvenirs, les beaux, les grands. Les grands thés ne sont pas légions, pas même à la Maison des Trois Thés. Alors... lorsqu'un seigneur apparaît sur la carte, c'est un moment d'exception. Un moment comme celui vécu il y a une semaine avec le retour à la carte de la brique n°13 de 1988. Cela ne vous dit peut-être rien, elle avait disparu un temps et se trouve de nouveau à la dégustation et à la vente. Mais hélas, pas pour tous. Pensez donc, un euro le gramme... Mais au moins une fois, il faut avoir approché le phénomène sur place, concentré, seul avec soi même et un peu de temps, une poignée d'heures pour faire connaissance avec ce géant. Car il y a tout dans ce thé: les effluves mentholées, profondes, la persistance aromatique, la sagesse et la sévérité, la longueur en bouche grandiose, cette présence comme celle d'un silex trouvé au bord d'une source d'eau de montagne. Sauvage. Une minéralité qui imprime le palais et parfume de vieux bois la bouche toute entière. Regardez le disque vert, découvert par Christophe toujours à l'affût, épouser les bords de la tasse . Et ces infusions lointaines tellement vertébrées, avec cette finale tendue comme un arc et un dernier souvenir de dégustation poivré capturé pour quelques minutes encore. Respect...