29 décembre 2008


Vous en prendrez bien encore une petite couche ?

Voici ma seconde acquisition de cet hiver.

Ce sera la dernière avant longtemps et contrairement Philippe, je suis crédible quand j'avance sur ce terrain là.

Je cherchais depuis longtemps une théière pour les Dan Cong.

Je pense que les bonnes théières pour cette famille sont difficiles à trouver.

Il faut des parois fines pour une montée en température rapide mais également une terre qui conserve la température entre les infusions pour ne pas repartir avec une théière tiède entre chaque infusion. Enfin, il faut une terre noble pour aller loin dans l'expression et un volume suffisant pour que les feuilles puissent s'épanouir, ce dernier critère m'apparaît de plus en plus évident avec le temps.

Ca fait beaucoup de critères et ça ne se trouve pas facilement.

Avec cette théière, j'ai eu la chance de remplir le cahier des charges et, cerise sur le gâteau, l'esthétique est une réussite notamment avec un grain de terre d'une grande finesse.

Je n'ai fait que quelques essais mais ils m'ont semblé très concluants avec notamment la capacité de concilier une analyse très poussée des parfums et saveurs en même temps que des infusions riches en bouche. Même si l'on attendra jamais l'explosivité des parfums qu'offre le zhong, on pénètre avec cette théière un univers fait de liqueurs charnues et capiteuses qui ne me déplaît pas.
Et puis, ce bruit de sabre que l'on dégaine lorsque l'on retire le couvercle à longues lèvres est un régal...

Bon désolé, Philippe, j'ai encore tiré le premier...

27 décembre 2008


Comment vous dire…

J’ai vu passer un certain nombre de théières, voire un nombre certain.
On apprend à aimer les belles choses, à distinguer le bon grain de l’ivraie, le travail de l’artiste, le choix d’une terre particulière.
Et puis, il y a l’usage. On est parfois déçu. L’objet était beau mais se révèle médiocre dans sa tâche d’infuseur.
Et puis un jour … c’est la révélation, comme marcher sur quelque chose de dur, se baisser et trouver un diamant.
Cela m’est arrivé sans prévenir, par surprise.
Un coup de fil, puis un autre, une rencontre, un échange et enfin l’opportunité.
La chance de pouvoir acquérir un objet très spécial, miraculeux.
Une théière à l’esthétique parfaite, à la terre parfaite, à la taille parfaite, qui monte violemment et durablement à des températures insensées, change de couleur tout le temps, blanchit à plein, fonce dès qu’elle se vide, crépite, frémit au contact de l’eau bouillante.
Une vraie sorcière qui sonde l’âme du thé, va chercher les moindres secrets des plus grands, fait rendre gorge, tout avouer aux plus simples, détaille tout, avoue tout mais n’est jamais cassante ou brutale.

La théière ultime pour les Pu Er et sans doute pour les autres thés si on lui demande.

Un objet qui parle de générosité entre les personnes, offerte à prix d’ami parce que pour certains la transmission a du sens, parce que pour certains perdre, donner un peu de soi peut être un trésor.

Un tournant dans ma vie de dégustateur.

Merci.

22 décembre 2008

Rideau




Bientôt sur vos écrans, la collection hiver 2008/2009...


Bonnes fêtes à toutes et à tous !

21 décembre 2008




Et si...












Le proverbe dit: "si tu possèdes plus de trois objets, les objets te possèdent".




Cette pensée me trouble et je me demande si je ne devrais pas me séparer de certaines théières.



Mais qui pourrait bien être intéressé par de vieilles terres usagées...




18 décembre 2008


M3T Vs Mariage Frères

Vous en avez rêvé, je l'ai fait.

Enfin, sur ces colonnes, un banc d'essai comparatif des deux établissements les plus connus de la capitale.
Il se trouve que je les ai visités l'un après l'autre un week-end, il y a peu.
Ce qui m'a donné l'idée de ce "papier".
Samedi, j'étais place Monge, table 9 comme d'hab.
Dimanche, tea time aux Grands Augustins.
Les lieux:
La M3T propose une déco dans le style industriel londonien du meilleur effet avec des murs de briques et un sol en dur assorti.
La lumière douce très étudiée créé une véritable ambiance surtout lorsque la nuit tombe.
Les boîtes de thés grimpent le long du mur du fond et portent des inscriptions que personne ne comprend à part la patronne. Quelques théières sont suspendues mais rien de bien excitant car les terres épuisées sont planquées dans le cabinet privé de Madame à l'étage. Des livres sur la cuisson des crevettes et d'autres sur l'art de se masturber en pensant au thé sont disponibles près de l'entrée.
Le personnel est compétent et porte le cheveu court.
L'ambiance est studieuse et souvent silencieuse de peur de représailles, je présume.
Pour entrer, il faut sonner, comme chez Harry Winston. Mais c'est un peu moins cher.
Chez Mariage, la déco est pseudo coloniale. On porte le blanc comme chez le dentiste mais moins bien repassé, lin oblige. Le cheveu est souvent court aussi, mais moins que Place Monge. L'accès aux théières est plus aisé et le choix plus varié. Beaucoup de couleurs pour aller avec la déco de chez soi. Un bon point. Les boîtes sont plus grosses mais courent aussi sur les murs. Ca doit faire asiatique. On comprend les inscriptions mais elles ont souvent été choisies sous l'emprise de substances moins acceptées que le thé. Ici aussi, ça sent bon dans la boutique. Ca ne sent pas le thé mais c'est sympa. Le thé non plus ne sent pas le thé, d'ailleurs.
Il y a aussi un salon de thé pour déguster sur place mais à l'étage, cette fois. Ne vous trompez pas car si vous grimpez direct à l'étage à la M3T, vous risquez de redescendre plus vite que vous êtes montés...

La plus grande différence entre les deux établissements est probablement "le manger". A la M3T, faut venir avec, chez Mariage, il est fourni. Je précise qu'il n'y a pas de micro-ondes à la M3T. Venez donc avec un repas froid. Sardines, saumon fûmé, gigot froid, etc...
Chez Mariage, il y a des gâteaux, bons d'ailleurs et pas donnés. On peut aussi manger salé.
Sinon, pour aborder un sujet qui intéresse tout le monde, côté drague, la M3T, c'est mort. Ca branche pas du tout. Ou alors, j'ai rien compris. Chez Mariage, c'est plus ouvert, me semble-t-il. Par contre faut pas espérer consommer sur place. Rien n'a été prévu à cet effet. Pas de préservatifs aux toilettes, d'ailleurs, il n'y a pas beaucoup de place pour la bagatelle...
Pas trouvé de backroom non plus...
La clientèle est très différente. Place Monge, il y a un peu de bobos mais pas trop. Pas mal de jeunes et de groupes de femmes. Il y a même un des employés qui s'est spécialisé dans cette dernière catégorie. Enfin, quelques pervers qui fantasment sur les théières mais que les pouvoirs publics ont jugé acceptable de laisser évoluer en liberté.
Chez Mariage, y a du bobo, de la vieille et du touriste. Beaucoup de touristes...
Alors, à l'heure du bilan, difficile de se prononcer sur un choix.
L'eau chaude est bien meilleure Place Monge et pas toujours beaucoup plus chère.
Les théières sont plus grosses et décoratives chez Mariage mais deviennent de plus en plus chères avec les années.
Celles de la Place Monge sont plus petites, faciles à ranger et discrètes. Elles n'ont jamais été données. Mais le stock est mal géré. Difficile de trouver le même article en plusieurs exemplaires.

Essayez les deux.

17 décembre 2008




Relief...


Une donnée que j'observe de plus en plus fréquemment est le relief d'un thé, tant en bouche qu'au nez, la capacité à s'exprimer un certain volume qui ne doit pas être confondue avec l'épaisseur.


C'est un peu comme si l'on pouvait tourner autour des arômes et saveurs.


Ne dit-on pas qu'un thé décevant est plat ?


Le volume s'exprime aussi par l'espace occupé en bouche, la manière ont la liqueur va venir tapisser le palais, le rendu du tombé en bouche, comme un corps solide.



Certains grands thés sont très présents en bouche mais leur mâche est aérienne, tout comme leur faculté de disparaitre comme par enchantement tout en laissant un souvenir très présent au palais.


Seules l'observation et la concentration, bref le calme, permettent de remarquer cet aspect du caractère d'un thé.







16 décembre 2008



Bon les jeunes .... ?!
Vous êtes là ?
Ok, alors j'vais pas vous la tartiner façon tailleur vénitien.
Du gros, du gras, du lourd.
Des faits !

Voilà, dans le droit fil de mon sentiment du moment, c'est à dire "c'est qui l'patron ?!?", j'ai décidé de tester ma théière à Pu Er en terre soit disant épuisée (c'est moi qui m'épuise à force d'entendre ce couplet) avec .... un Dan Cong.
Allez, zou ! un p'tit Ba Yé 3, autrement dit, du tout bon, 5g, de l'eau chaude optimale ( Brita 8 jours) et roule !

Première infusion, 45", histoire de détendre mémère. Un peu raide, en bouche, pas très révélateur des capacités du thé et un nez décevant.

Round 2: 2'30" Résultat: beurk ! Du jus de métal ! Y a pas à dire, l'effet mémoire des théières, c'est pas du roman. Ah si vous aimez le minéral, ça va être la fête. Pour les autres, circulez...


Acte 2: changement de décor. On vide grand-mère et on transvase dans ma théière à Rocher.
Je me dis que le retour dans la maison des Wulong fera du bien. J'attaque sec avec 3'.
Du bon, du moelleux, du fond et du nez. Bref, ça va nettement mieux. Pourtant, la théière est plus grosse et j'ai même perdu quelques unes des feuilles dans le déménagement de peur d'abîmer le culottage de la première.


A l'heure du bilan. C'est intéressant. D'abord parce que sans vouloir tirer de généralités, l'expérience Dan Cong dans une théière à Pu Er est un échec clair et net. Ensuite, parce que même avec la seconde, ce que je pensais déjà se confirme: on perd trop au nez en fraîcheur en comparaison avec le zhong. Mais bon, aucune n'était culottée pour cette famille de thés.


Par contre, il y a quelques semaines, j'ai eu une belle expérience de dégustation de Dan Cong en théière à la M3T avec une liqueur tout en relief, un nez capiteux et expressif, de la mâche et une très enviable longueur en bouche. Tout cela avec un Ba Yé 4, pourtant plus modeste que le n°3.


Il y a donc matière à creuser et à renouveler les expériences.




02 décembre 2008


Plénitude hivernale.

Je n'ai pas trouvé mieux pour résumer mon sentiment du moment.
Pour la première fois depuis des années, je n'ai pas d'angoisse, de stress, d'excitation, ou que sais-je encore à l'idée de passer ma commande de fin d'année de thés.
Tout simplement parce que je n'ai pas d'envie ou de besoin particulier.
Je n'ai pas vraiment de trou insupportable dans ma collection de Pu Er, pas de wulong dont je rêve de découvrir les secrets, non rien que de la sérénité. Finalement, la crise tombe la bonne année. On serre tous un peu la vis sans s'en rendre forcément compte et cette année, il n'y aura pas de frustration. Les galettes jeunes ne font pas vraiment rêver comme le faisaient les vieux Cheng. On les achète pour les oublier sur une étagère, la plupart du temps. Dans l'espoir qu'elles deviendront grandes mais pas de raison de rêver. Les nouvelles références en Pu Er anciens sont intouchables alors, non rien à faire que de regarder tout ça avec le détachement d'une vache au bord d'une ligne de chemin de fer.

A l'heure du bilan 2008, je retiendrai simplement un tournant dans ma modeste et courte vie de dégustateur: la généralisation de l'usage du zhong. Je lui préfère la théière 9 fois sur 10, ne sortant les belles terres que deux ou trois fois par mois en moyenne.
Manque de temps, flemme, aspect pratique, précision pour la découverte de nouvelles références (qui ont été nombreuses cette année).
Plus d'avantages que d'inconvénients à mon sens. Et peut-être aussi le sentiment que le zhong me rapproche du thé, débarrasse d'une certaine forme de pollution de l'expérience par l'aura de la terre.

A tout bientôt dans ces pages et ailleurs.