09 mai 2009


















Au delà des vertes conventions (version 1)

Si pour vous le thé vert est un végétal léger et un peu ennuyeux qui se fait infuser trois fois en zhong, vous devriez aller demander à Gilles des nouvelles de l’Anji Bai Cha.
Quoi de neuf à la M3T ?
Bah en cette saison, cela va de soi non ?
Les thés verts sont arrivés et seront ultra-frais pendant deux mois.
Ne les dégustez que maintenant ou jamais, sauf si vous aimez infuser l’herbe sèche…
Le petit nouveau est ample mais pur, sur l’asperge et les fleurs avec une finale sucrée.
Oubliez les conventions, la salade cuite et l’évanouissement des feuilles après trois infusions. Ici, le voyage est plein de promesses et ne craint pas les passages, trois, quatre, cinq, six pour 3g en zhong.
La grande classe avec une bouche riche, apaisée, loin des duretés habituelles.
Et quelles couleurs !
Un festival de verts tendres à soutenus.
Le bonheur.
Un thé de méditation, à boire avec soi dans le calme d’un dimanche après-midi.


Eloge de la lenteur (version 2)

Dimanche, ne presque rien faire, le doigt sur l’aiguille du temps, regarder quelques photos, se laisser bercer par Melody Gardot dans le titre « My one and only thrill ».
S’interdire l’effort, ne porter ses sens que vers la douceur, un temps propice à une dégustation de grande classe, pas forcément ruineuse, promenade sur un bouquet de fleurs, un souvenir d’asperges verts, sans amertume, ni raideur, une bouche ample et veloutée, regarder les reflets verts amande dans le lac limpide.
Boire le printemps, sentir la lourdeur du corps, l’appel du sommeil, se sentir tomber, refuser toute résistance.
Il faut aller maintenant à ce rendez-vous de l’éphémère, goûter à la fraîcheur des thés de saison, car dans deux mois il sera trop tard.









08 avril 2009






















Lukewarm, James !

Un récent article publié dans le très sérieux British Medical Journal indique qu’une consommation de thé noir (comprendre rouge, je présume) à haute température augmente très sensiblement le risque de développer un cancer de l’oesophage.

Vous pourrez lire un extrait de cet article et visionner une vidéo sur le sujet en suivant le lien ci-dessous.

http://www.bmj.com/cgi/gca?gca=338%2Fmar26_2%2Fb929&sendit=Get+All+Checked+Abstract%28s%29

L’étude a été menée sur une population du nord de l’Iran.

La qualité du thé y est-elle pour quelque chose ?

Il semble que non, non plus que la boisson en elle-même.

Comment prenez-vous votre thé ?

Au-delà de cette alarme, comment préférez-vous le boire ?

Je trouve que les températures trop chaudes nuisent à l’expression des thés les plus complexes et délicats.

C’est notamment le cas pour les Dan Cong et thés peu fermentés comme les WSBZ ou les Gao Shen Cha les plus fleuris.

A l’inverse, un thé refroidi perdra également toute expressivité.

L’important est donc de trouver un juste milieu.

31 mars 2009
























Bis repetita placent…

Voilà, la récolte d’automne de Pu Er du Mengku est emballée, importée, étiquetée, référencée, en un mot disponible.

Il y a notamment ce vrac 31 à pas cher, 15 euros les 75g.

C’est souple, bon, fruité, typé Mengku, gras ce qu’il faut. Un peu plus fin que la galette du début 2008 du même terroir.

Bref, que du bonheur. Un produit très bien placé, très agréable à déguster, qui tient bien les infusions, avec tout le raffinement et l’absence d’agressivité souhaités.

Il y a aussi une nouvelle galette Mengku.

Et après… ?

Bah, c’est du Pu Er frais, quoi.

Et on a beau se tortiller les fesses sur sa chaise, difficile d’y voir autre chose que ce que l’on déjà vu l’an passé.

C’est bien là le problème, Les années passent, les jeunes Pu Er se succèdent sur la carte et on finit pas se lasser de ce film.

« C’est toujours le même film qui passe » disait la chanson.

Alors, dans 10, 15 ans les différences se feront sans doute apprécier. Mais en attendant… on s’ennuie un peu.

On immobilise de la place chez soi, des sommes non négligeables pour stocker du Pu Er frais et tout se ressemble.

Heureusement qu’il y a les wulong pour donner un peu de couleurs au tableau parce que les années à venir risquent d’être un peu longues.

25 mars 2009


















Citoyen du monde

La saison des voyages va bientôt reprendre pour moi.

C’est chaque fois une renaissance, une source de vitalité.
Un besoin de voir vivre, évoluer les autres, de photographier leur environnement, au sens propre comme au figuré.

Déjà enfant, je visualisais les personnes vivant de l’autre côté de la planète et me demandais comment ils faisaient pour ne pas tomber, me figurant que je me trouvais sur le haut du globe, puisque je parvenais à tenir en place.

Les voyages d’agrément sont une chance, beaucoup ne peuvent sortir de chez eux pour divers raisons, moyens, maladie, d’autres s’épuisent dans les aéroports, un laptop accroché comme une lourde pierre sur l’épaule et ne rêvent que de chez eux et des leurs.

J’ai besoin du sentiment d’appartenir à une communauté plus vaste que l’hexagone, de me sentir « citoyen du monde » pour reprendre l’expression de l’un d’entre vous qui se reconnaîtra sûrement.

Dans mon « plan de campagne », entre avril et juillet, je promènerai mon sac entre la Suède, la Norvège, les Etats-Unis, l’Islande et la Tunisie. Partout, une petite tasse à couvercle de porcelaine me suivra, comme un poisson pilote, comme un moyen de retrouver un peu de chez moi partout où mes pas me porteront.

Il m’importe de garder ce repère partout, ce rituel de l’eau chaude et de l’oubli de soi, pour un temps.

09 mars 2009























Monstres sacrés volume 3

Galette 1987 « you shook me all night long » n°10

On peut être raisonnablement sensible à la théine et peiner à trouver le sommeil après une dégustation de bleu-vert, de vert ou de certains jeunes Pu Er.

En général, les vieux sheng sont peu dérangeant, le temps ayant calmé leur fougue, ce qui en fait d’agréables compagnons du soir.

Il en est tout autrement avec la galette n°10.

Qui n’a pas connu la longue nuit suivant une dégustation de cette référence, ne sait pas ce qu’est la solitude.

Thé de méditation nocturne pas excellence, il vous réservera des matins difficiles, jambes de plomb et estomac au garde à vous.

Vous l’aurez compris, il sera judicieux de terminer la dégustation avant la fin de l’après-midi.

D’un point de vue gustatif, ce thé est une splendeur. Beaucoup de rythme, de dynamique, une grande complexité aromatique et une spectaculaire longueur en bouche.
Pas de dureté ni d’âpreté mais il sera inutile de surdoser, le thé étant suffisamment expressif pour s’affirmer pleinement avec 4 ou 5g dans un volume moyen.
Dès les premières infusions, il est là, magnifique, rond, souple, tout en velours mais puissant, avec son nez mentholé et sa bouche végétale si fraîche, pure et transparente.

Un apprentissage préalable des sheng tendus me semble opportun avec par exemple les vracs 1980 et 1985, le Tuo Cha n°8 de 1986 pour pleinement apprécier toute la richesse de la galette de 1987.

Pas mal de fidèles de la place Monge la classent dans le quatuor de tête avec la galette n°13 de 1984, celle de 1985 n°11 et la n°29 de 1982.

Elle est bien entendu sortie de la carte et demeure difficilement trouvable (si vous en avez à vendre, contactez-moi ;o).

Je n’ose pas imaginer le prix de vente si elle devait réapparaître à la carte, si l’on songe au tarif d’une modeste galette n°19, par exemple…


02 mars 2009

















Avec le temps...

Tout s'en va, disait la chanson.

Les grands thés ne s'en vont que lentement.

Samedi soir, Antonio m'offrait une dégustation de Pu Er en vrac de 1950.

L'occasion d'organiser une rencontre entre un grand thé et une grande théière (la citrouille).

Après 8 ou 9 passages, nous passions aux bulles, laissant de côté le thé pour un temps.

Le lendemain l'eau chaude a repris le chemin de la théière avec bonheur.

Quatre infusions plus tard, le Pu Er avait encore une histoire à raconter.

Enfin, aujourd'hui, les feuilles ont retrouvé un peu de peps en zhong pour 5 nouvelles et dernières infusions. Trois jours de dégustation pour 5,5g de feuilles.

Il est toujours difficile de décrire ce qu'un thé de cette trempe apporte par rapport à un bon Pu Er. Peut-être un sentiment de sagesse, de calme; notions qui riment rarement avec expressivité et complexité. La dégustation est détendue mais riche.

En même temps, je terminais d'user un Bayé Dan Cong 4 engagé hier dans la théière "les coeurs".

Le Dan Cong offrait une très belle résistance aux infusions, passant de la fleur d'osmanthe à l'abricot sec, d'un jour l'autre.

Lorsque les feuilles sont un peu usées, il est intéressant de mener deux, voire plusieurs infusions en parallèle, sans risque d'interférence.

Les belles feuilles donnent décidément beaucoup au dégustateur.

23 février 2009






















Poésie figée dans la terre.

Comment décide-t-on de graver dans la terre un poème, comment choisit-on une théière plutôt qu'une autre pour laisser un message ...

Faut-il honorer les éléments constitutifs de la dégustation, l'eau, le thé, le dégustateur.

Je n'ai aucune connaissance du sujet. Aucune expérience. Juste quelques caractères sur ma sorcière laissés pour aider à libérer l'esprit, le temps de quelques feuilles.

Le précédent propriétaire n'avait pu me livrer le message.

Alors, j'ai sonné à quelques portes, pour arriver à une réponse, confiée approximative mais début d'une réponse.

(Le traducteur n'est pas francophone)

"I try to decipher the meaning of those words. I am not sure if they have been perfectly translated but I try my best!

Basically the words are grouped into 2 phrases, starting from the rightmost column. They can be translated as:

This is a poem composed by the old man who dwelled in an heavenly, cliffy mountaineous area. (just to describe how free and noble a life that the old man is having!)

Let's share the best tea ever together. (雨前茶 means the tea made from tea leaves harvested in a period between Ching Ming Festival and 穀雨 [the day in the luna calendar that rain is expected to flourish the vegetations] in spring. 雨前茶 is supposed to be in good quality because the tea leaves are collected new and they have just sprouted!)"



22 février 2009






















Monstres sacrés volume 2

S'il ne devait rester qu'un Pu Er dans ma collection, ce serait certainement la galette n°13 de 1984.

Je l'ai réellement découverte assez tardivement, il y a 3 ans.

J'ai pu en acquérir 2 par chance alors qu'elle sortait de la carte.

Longtemps vantée par l'ami Gilles, elle a mis du temps à se présenter à moi.

Il faut avoir essayé au moins une fois ce velouté, cette mâche onctueuse si souple.

Le caractère est très homogène avec une pointe de verdeur qui pourrait rappeler le carré de 1980 avec davantage de classe, un geste plus noble.

Ce thé est l'expression de l'harmonie, tout est parfaitement orchestré, si bien qu'il est bien difficile de décrire un tel équilibre. La longueur en bouche est exemplaire, sans brutalité, comme le souvenir encore frais d'un baiser tendre.

Tout s'impose au dégustateur qui subit le délice sans pouvoir intervenir, comme une onde de plaisir qui laisse sans volonté ou désir d'agir.

La bouche est fraîche, mentholée, la noix et la chataîgne ne sont pas loin.

La liqueur est expressive, dense mais jamais lourde.
Comme une grande Dame que rien ne saurait perturber.

L'ultime marche avant le royaume des seigneurs ?





20 février 2009

Ne nous plaignons pas...

Demain, samedi ou peut-être dimanche, irai-je à la Maison des Trois Thés en prenant mon métro ou le bus.

Ce n'est pas très pratique de chez moi ou de mes endroits de promenade habituels; il faut faire un changement.

Mais comment me plaindre en comparaison avec nos amis de province, Belgique, de Suisse, d'Italie et d'ailleurs qui doivent prendre un avion, un train à grande vitesse ou leur auto.

Et encore... il y a des voyages pour boire une tasse de thé qui méritent le respect bien davantage encore.

Jugez plutôt en regardant les photos que vient de me transmettre Antonio:









16 février 2009
























Vade retro !

Et si l’on cherchait à désapprendre pour mieux approfondir l’étude des thés ?

Il y a déjà plusieurs années que cette idée me trotte dans la tête.
Pourquoi ne pas tenter l’expérience du « blending ».
Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de renier la recherche de pureté et le respect du terroir mais il faut bien considérer que nombreuses galettes de Pu Er sont déjà des blend et pas seulement les tâcherons.


Tenez, cette jolie galette n°57 de 2008, n’est-elle pas le blend de deux récoltes ?
Pourquoi ne pas aller encore plus loin et essayer d’unir les forces de différentes familles de thés ?


Imaginez un sheng un peu doux avec une finale sur le fruit frais exotique apportée par un peu de Dan Cong.
Un vigoureux carré 4 aux notes miellées procurées par quelques feuilles de beauté Académique 2.


Un univers sans limites s’ouvrirait à nos papilles, peut-être déjà exploré par certains d’entre vous.

Je vais faire quelques expériences pour voir si cela représente une perte de temps ou si, au contraire, le diable a mis le pied dans l’entrebâillement de la porte…

12 février 2009




Menu dégustation,

Comme les prémices d'un printemps dévotement espéré, quelques rayons de soleil ont honoré ma dégustation il y a quelques jours.
Alors, pris d'un enthousiasme soudain, j'ai enchaîné les belles choses.
Ba Yé Dan Cong 4, Tié Guan Yin 9, carré 85 n°4.
Il faut parfois savoir étaler les joujoux, s'amuser avec, regarder la lumière danser autour et capter la magie de l'instant.
Puis une chose qui me venait rarement en tête auparavant a rejailli : l'idée d'un menu avec plusieurs "courses" comme on dit de l'autre côté de la Manche.
Pourquoi ne pas penser une dégustation comme un repas ?
Prendre une entrée, un plat principal et un dessert.
Certes, cela demande du temps et de la vessie mais l'idée qu'un gong fu cha puisse se soigner comme un art de la table me séduit.
Il faut alors penser les accords, trouver des successions naturelles, ne pas gâcher un thé par le souvenir du précédent.
Un petit exercice intéressant qui apprend sur la personnalité de chaque thé, sa façon de marquer son emprunte et d'accueillir le suivant.
Pourquoi pas…



23 janvier 2009















Thés de crise !

Cela ne vous a pas échappé : la crise est là.
Derrière ce slogan racoleur, se cache l’espoir de raison, de parcimonie, de consommation intelligente.
Vous n’y croyez pas ?
Moi non plus.
Difficile d’imaginer que les gens vont se mettre à lire parce qu’ils ne peuvent plus se payer de console de jeux. Mais bon, comme vous êtes des gens bien, je vous propose ma solution à la crise… du thé.

Face à la vie chère, voici une toute petite sélection de références de la Maison des Trois Thés au rapport qualité/prix excellent.

Il y a bien sûr d’autres filières mais je les connais mal et d’autres seront meilleurs que moi pour vous les conseiller. Profitez de ces lignes pour nous éclairez de vos expériences.

Alors, bonne dégustation.

Dans la famille des Rocher, j’appelle le …

Bai Sui Xiang 2 (orthographe sous toutes réserves)
Un Rocher tout en finesse avec une belle rétro, une finale florale (assez rare) et une torréfaction légère.
La tenue des infusions est top malgré son côté aérien et son comportement lors des infusions longues est remarquable.

Dans la famille des Dan Cong, j’appelle le …

Bayé Dan Cong 4.
Famille illustre grâce au magnifique n°3.
Quelle ne fut pas ma surprise, lors de la découverte du n°4.
Un nez de fleur d’osmante (petite fleur blanche dont les senteurs évoquent la pêche)
Pour ceux qui ne connaissent pas, retenez juste que cela sent très très bon.
Je trouve que ce thé a un goût de confiture de mangue à la menthe poivrée.
Tout un programme…
Une très belle bouche, tout en équilibre, veloutée et grasse.
Des notes pâtissières avec une pointe élégante d’amertume qui laisse le palais frais avec un souvenir de fruits exotiques, surmonté d’une note résineuse.
En poussant les infusions suivantes, vous pourrez apprécier des saveurs gorgées de soleil, pêche, passion, pâte de coing.

Dans la famille des Wenshan Baozhong, j’appelle le …
Numéro 1.
D’accord, ce thé n’a pas la complexité d’un numéro 3 mais les notes de riz soufflé, de fruits sec, la bouche mielleuse et florale, sont bien là.
Les feuilles ne sont pas très belles mais elles donnent beaucoup.
Je conseille de doser léger pour éviter de faire ressortir l’amertume qui n’est pas souhaitable dans cette famille.


Je n'ai pas les prix en tête mais c'est dans le domaine de la raison.



06 janvier 2009



Putain, fait froid !

Avez-vous senti le monstre mordre ses sujets ?
Les avez-vous observés, courbés qu'ils étaient dans les rues, peinant à avancer entre deux abris ?
Je plains ceux qui n'ont pas de répit, rien de chaud à se mettre dans le ventre.
Même les privilégiés guettent des jours meilleurs.

Le matin m'accueille avec un Gao Chen Cha 12.
A peine arrivé au bureau, je reprends avec un Wen Chan Bao Zhong 1.
Il est 11 heures, voici venir le Tié Guan Yin 4.
Le déjeuner se termine avec la suite du Wen Chan.
17 heures, la pendule appelle un petit Vrac 23.
Puis, re-morsure du ciel, le temps de rentrer chez moi.
Le dîner se dépêche de terminer pour laisser place au carré n°2.

La journée a été ponctuée par le temps du thé. C'est bien agréable ainsi.
Pour demain matin, on parle de -12 à Paris.
Bon, peut-être pas à mon heure, mais tout de même...

Que ferait-on sans l'eau chaude...