28 août 2008



The man who has been there...
Cela commence un peu comme un titre de chanson de Johnny Cash et puis finalement cela vous renvoie au thé.
Il y a ceux qui en parlent, en boivent, en achètent, écrivent sur le sujet et puis il y a ceux qui vont en Chine pour essayer de comprendre le thé.
Ces personnes méritent notre respect car elles ont poussé la passion jusqu'à s'investir au-delà de la gestion d'un simple loisir.
J'ai découvert grâce à Michel certains jeunes Pu Er de Nada.
Je dois dire que leur point commun est "le fond".
Que l'on apprécie les parfums, saveurs, rondeurs et l'aspect général d'un thé est affaire de goûts et de vécu.
Un critère me semble en revanche déterminant dans le choix d'un thé: le fond.C'est à dire la complexité, la personalité, la typicité.
En bref le caractère.
Sans cela, il ne reste que l'ennui.
Les autres critères objectifs accessoires du premier sont la transparence et l'endurance.

Les Pu Er de chez Nada que j'ai pu goûter ont des qualités, parfois aussi des défauts (encore que pour leur prix...) mais ils ont tous du fond.
En gros, ils ont une histoire à raconter.

Je n'ai pas l'expérience et la connaissance pour dire s'ils deviendront de grands Pu Er mais cette incertitude plane sur tous les jeunes thés sans distinction de provenance et de prix...
La différence, c'est que les prix de Nada sont raisonnables au regard de la concurrence.
Je pense que je vais suivre cette carte avec intérêt.
Le 12 Gentlemen Yiwu 2006 est délicieux, le Yiwu Yi Chang Hao 2007 est un peu fermé et timide au nez mais fin et prometteur avec un caractère de Pu Er bien juteux déjà bien trempé et la galette "Nada" 'Cha Chan Yi Wei' 2008 tirée à 40 exemplaires à sa demande n'est pas une curiosité.
C'est un vrai bon, délicat et increvable Pu Er.
J'ai préparé un zhong avec 2 grammes que j'ai suivi sur 4 jours.
J'ai finalement jeté les feuilles ... pour libérer un zhong, non parce qu'il était mort.

J'ai eu de bonnes expériences avec Yunnan Sourcing mais la carte de Scott est résolument bas de gamme, par choix sans doute.
Avec Nada, on tient enfin une source fiable orientée vers des Pu Er plus sérieux.
Essayez...
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26 août 2008



Un peu d'histoire,



On nous bassine que les Chinois avaient déjà bâti une civilisation pendant que nos ancêtres cherchaient encore des glands dans la forêt.



Bon, d'accord...



On nous récite que le thé, le Pu Er, c'est une affaire de Chinois, que l'on évalue l’origine des premiers plants de théiers à l’état sauvage, entre 60 à 70 millions d’années dans le sud-ouest de la Chine. Bon d'accord, d'accord, tout vient de là-bas, c'est entendu.



Mais le thé en Occident, en Asie Mineure, en Afrique hein ?



Les Holandais ont introduit le thé en Europe en 1606 ?



C'est ce que l'on nous a appris mais faut-il le croire...



Le reste du monde aurait-il attendu si longtemps pour découvrir les plaisirs du thé ?



Pas si sûr...



J'ai effectué une petite recherche pour vous et l'art parle souvent davantage que les livres.



Jugez plutôt en observant quelques oeuvres reproduisant la vie des amateurs de Pu Er, oui, j'ai bien dit de Pu Er !

















Regardez cet Egyptien de l'Antiquité en train de tasser ses galettes dans sa jarre.




Mais s'il ne fallait en retenir qu'un, un seul, le plus illustre des dégustateurs de Pu Er de toute l'histoire, ce serait celui-ci:
















Observez la fureur de Moïse qui, parti en pleine nature avec un groupe d'amis pour déguster un vieux Sheng compressé, se rend compte qu'il a oublier d'emporter de quoi découper sa galette.



Bien d'autres témoignages de l'histoire du thé se cachent dans les musées de nos villes.



Il nous appartient de rétablir la vérité !



A la demande générale, je rajoute une référence incontournable et d'actualité:





Le discobole immortalisé par le sculpteur Myron, cinq siècles avant JC !


Nous sommes ainsi renseignés sur la nature de la première discipline olympique: le lancé de galettes !


24 août 2008



L'age de raison.

On nous avait dit qu'il faudrait être patient, que l'on ne profiterait peut-être pas du fruit de nos efforts, que nous pourrions bien investir pour les générations futures, qu'acheter des Pu Er jeunes et les stocker, c'était mourir un peu puisque, accepter la course du temps.

Les plus braves ont tenu bon, ont dépensé, immobilisé des sommes non négligeables, encombré leur logis pariant sur le thé, pariant sur le temps.

Alors ils s'étaient donnés rendez-vous avec l'histoire, parfois effrayés par le message que ce pari fou représentait.

J'ai fait partie de ces fous heureux et je n'attendais pas de récompense pour mes efforts dans cette vie ou dans une autre.

Et puis, l'espoir est né peu à peu à force de goûter et regoûter l'œil aux aguets, tous les sens en éveil dans l'espoir d'un signe du temps. L'espoir de signes du temps, de maturation de thés, l'espoir d'un rendez-vous plus proche que promis.
.


Aujourd'hui, j'ai assez de recul et de tests derrière moi pour fêter la victoire, brandir la tasse et clamer que nous avons bien fait, que le temps n'est pas figé et tend déjà la main aux fidèles.

Tenez, cette galette 31 M3T qui a fait grincer bien des dents. Cette galette que certains voulaient brûler sur l'autel du stockage sec, que d'autres savouraient presque en cachette et avec honte. Et bien cette galette est passée de l'autre côté, du côté des vrais et bons Pu Er avec sa robe fauve, sa transparence, son velours et des saveurs de fruits secs et de vieux parchemins. Ce thé maudit sera vengé et maudira à son tour les incrédules.

Parce que ce thé aujourd'hui, je vous le dis, ce thé il y a encore peu si vert, poissonneux et ingrat, ce thé maintenant est magnifique et vient, chez moi en tous cas de refermer la porte de la honte et du doute. Il est entré dans une phase de maturité. Alors, je vous entends déjà rire de ce dégustateur naïf qui nierait le rôle du stockage humide et voudrait accélérer le temps pour se faire plaisir, pour se rassurer.

Je tiendrai bon. Si le temps n'a certes pas achevé son oeuvre, il est au travail et rend déjà des comptes qu'il est bon de boire ici et maintenant.

Puissent les autres thés suivre cette voie et nous ravir avant que n'ayons oublié de nous faire plaisir.





(Derniers essais: Yixing 13cl, 3g de galette 1998 n°31, inf de 30" à 5')




17 août 2008



L'Alpha et l'Omega.

Ok, j'ai une confession à vous faire: je ne suis pas cool.
Pas du tout même. Pourtant, j'ai essayé, j'écoute même Led Zeppelin et Cesaria Evora.
Mais rien à y faire, dès que je porte un T-shirt avec un slogan, j'ai l'air déguisé et je ne supporte pas l'imprécision et le non respect des règles.


Par exemple, je suis incapable de préparer une infusion sans compter les secondes dans ma tête.


Pour aggraver mon cas, j'ai épousé la femme la moins cool de l'hémisphère nord avec un sens de l'humour plus sharp qu'une lame japonaise.

Alors quand je croise des gens cools, c'est amusant.
Pas hostile mais amusant.
Tenez, Michel, par exemple. Il est adorable ce type.
Je ne le connais pas beaucoup mais je le trouve cool. Il doit l'être.

L'autre jour, il m'envoie du thé pour que je goûte des trucs.
Alors, c'est du Michel, quoi... Ca part dans tous les sens.
Y a des sachets avec des mots griffonnés, une lettre qui a l'air codée par les services secrets de Sa Majesté. Et le tout ressemble à une prise des stup.

Alors, je goûte ses échantillons de Pu Er.
Il y a des trucs vraiment bien. D'autres moins.

Et puis, je comprends que mon interlocuteur ne recherche pas forcément les mêmes sensations dans le Pu Er.
Certains thés qu'il trouve super me donnent l'impression de sucer un caillou tellement ils sont raides.
Je me retrouve davantage dans d'autres échantillons, comme ce 12 Gentlemen 2006 Yi Wu, formidable.

Alors, je me dis que l’on n’a pas appris le Pu Er de la même façon.
Il trouve que les Sheng de la M3T ont un petit goût de stockage humide, voire de Shu.


Ce qui m'étonne puisque je n'aime pas les Shu.
Moi, je trouve que les Sheng qui ne viennent pas de ma M3T sont presque toujours secs, sans fond et manquent de fruit et de complexité.

Alors qui a raison ?
Personne, sans doute, ou tout le monde.

Mais, c'est bien de pouvoir partager, s'énerver de ne pas être compris, être différent, aimer des choses différentes et peut-être surtout faire des connaissances grâce au thé.

Tiens, je suis peut-être en train de devenir cool, moi aussi...

10 août 2008


Recherche de l'épure et de l'essentiel.

La pratique du Gong Fu Cha demande du temps et de la disponibilité.
Je compte le temps que la vie me laisse chaque jour comme les grains de sable fin qui coulent en jets continus entre les doigts écartés.
La disponibilité de l'esprit bien davantage que du corps se paie en or.
Le torrent du temps qui s'enfuie sans pitié emporte tout sur son passage.
J'ai besoin de moi et des autres dans ce chaos incontrôlable.
Arrêter les images, les rendre belles et savoureuses, montrer le dos au vent qui mugit.
Goûter le meilleur du thé même rarement mais pleinement quitte à oublier les justes bons, les justes justes.
J'ai eu le temps du quotidien du thé et ne le regrette pas.
J'ai soif aujourd'hui d'îlots temporels, de concentration totale.
Je ne veux plus vivre avec le thé mais faire naître des moments privilégiés qui lui seront offerts pleinement.