08 novembre 2008


L'automne est bien là,

J'ignore comment font les personnes qui vivent dans des régions du monde où les saisons se ressemblent. J'ai besoin de ces successions même si l'automne demande beaucoup au moral. Il faut du cran pour supporter de quitter l'été et sa douceur, son plaisir de vivre. La saison suivante est celle d'un long processus de dépouillement. On perd pour mieux retrouver au printemps. On y laisse aussi parfois un peu de son courage. Alors, l'envie réapparaît de créer une ambiance chaleureuse. On recherche les siens, les objets chers, les lainages, les feux de bois et les bougies, tout ce qui peut rappeler la lumière et la chaleur perdues. Même les thés dégustés ne sont pas les mêmes. Les Rocher sont à l'honneur, les saveurs et parfums de fruits sec et les notes pâtissières sont appréciés.
Tié Guan Yin n°4 découvert tardivement grâce à Florence, Shui Xian 5, fidèle compagnon des saisons froides, Da Hong Pao 4 et sa force réconfortante, Mi Lan Xiang 4 qui débarque parmi les familles de Wulong moins estivales que la sienne, Bu jian Tian et son grain poudré qui évoque la cacao sans faire l'impasse sur des notes fleuries.
Sans parler des Pu Er qui s'invitent dès que la pluie entre en scène.

Il nous faut cette richesse, ces parfums capiteux pour affronter l'hiver prochain, traverser la longue nuit de l'année et gagner une nouvelle fois la lumière du jour.

7 commentaires:

Francine a dit…

Superbe ce que tu écris sur l'automne... tu m'a presque réconciliée avec elle. Et merci aussi pour tes billets que je lis toujours avec intérêt, quant aux photos, je te jalouse un peu!

Raphael a dit…

Merci, c'est gentil.
Si ça peut donner envie de boire des "thés de saison", c'est toujours ça.
En revanche, les wulong sont un peu compliqués à gérer le soir.
Ils ont tendance à maintenir les yeux grand ouverts et à faire sortir les fantômes des placards.
Des thés parfaits pour l'Ecosse en quelque sorte.

Anonyme a dit…

L’automne va finir : au milieu du ciel terne,

Dans un cercle blafard et livide que cerne

Un nuage plombé, le soleil dort ; du fond

Des étangs remplis d’eau monte un brouillard qui fond

Collines, champs, hameaux dans une même teinte ;

Sur les carreaux la pluie en larges gouttes tinte ;

La froide bise siffle ; un sourd frémissement

Sort du sein des forêts ; les oiseaux tristement,

Mêlant leurs cris plaintifs aux cris des bêtes fauves,

Sautent de branche en branche à travers les bois chauves,

Et semblent aux beaux jours envolés dire adieu.

Le pauvre paysan se recommande à Dieu,

Craignant un hiver rude ; et moi, dans les vallées

Quand je vois le gazon sous les blanches gelées

Disparaître et mourir, je reviens à pas lents

M’asseoir, le cœur navré, près des tisons brûlants,

Et là je me souviens du soleil de septembre

Qui donnait à la grappe un jaune reflet d’ambre,

Des pommiers du chemin pliant sous leur fardeau,

Et du trèfle fleuri, pittoresque rideau

S’étendant à longs plis sur la plaine rayée,

Et de la route étroite en son milieu frayée,

Et surtout des bleuets et des coquelicots,

Point de pourpre et d’azur dans l’or des blés égaux.

Théophile Gautier
Pensées d'automne

Raphael a dit…

La classe...
Une petite leçon de poésie venue de Milan.
Je te lis en dégustant un Dan Cong.
Finalement c'est pas si mal de travailler pendant que d'autres font le pont.

Raphael a dit…

Je suis désolé mais je viens de faire une fausse manipulation et j'ai effacé un commentaire (que je n'ai même pas eu le temps de lire).
Il avait pour titre "well written".
Si l'auteur voulait bien me donner une seconde chance de le publier...
Encore navré.

Philippe a dit…

On peut très bien vivre les saisons en se concentrant uniquement sur les Pu Er : les jeunes crus très verts en été, les plus âgés en automne, les vieux en hiver, ceux à mi-chemin au printemps... etc

Je dois avouer que je vis différentes phases de Pu Er en fonction des saisons.

Raphael a dit…

Oui mais depuis 2005 les tarifs font que c'est souvent l'été du Pu Er...