28 janvier 2008


La course effrénée du thé.




Je ne voudrais pas paraître écrire pour les autres mais j'ai l'impression que depuis deux ans nous nous mettons une grosse pression sur les stocks de thé et la nécessité d'acquérir le plus de références possible.


Il est vrai que les Pu Er mûrs disparaissent et que bientôt il sera très difficile d'en trouver.


Pour autant, faut-il en acheter plus que nécessaire à notre consommation habituelle ?


Faites vos comptes et vous remarquerez peut-être que vous ne parviendrez pas à boire tout ce que vous avez engrangé. Alors à quoi bon immobiliser des fonds ainsi ...


Prenons un exemple de dégustateur: sa consommation moyenne hebdomadaire peut se calculer ainsi:


8g de Pu Er ancien (dégusté sur deux fois deux jours)


2g de Pu Er jeune


4 à 6g de Wulong


Cela nous fait au moins six dégustations. Ce qui n'est pas énorme mais déjà respectable.


On est donc à 10g de Pu Er hebdomadaires.


Mettons que notre dégustateur respecte ce planning sur 50 semaines par an.


Il consomme donc environ 500g de Pu Er par an.


Rapportez ce chiffre à votre rythme d'achat et vous saurez si vous vous rangez dans le groupe des acheteurs raisonnés ou des acheteurs compulsifs.




27 janvier 2008




Conscient que la barque de Charon vous ait laissés ...perplexes, je vous propose à présent une petite anecdote plus proche de nous tous.


Sommes-nous libres ?
Alors que je me rendais vendredi matin à mon bureau comme je le fais chaque jour, empruntant un bus parisien ; je fus pris d’une traître envie de rebrousser chemin pour rentrer me préparer un Dan Cong.
Je m’imaginais déjà attablé face à un Bai Yé Dan Cong 3 dans le calme du matin, et peut-être écoutant quelques Klavierstücke de Schubert interprétés par Wilhelm Kempf lors de ce merveilleux concert du 5 juin 1969 capté au Queen Elisabeth Hall de Londres.
Mon autobus venait de traverser le Pont du Garigliano qui enjambe la Seine, comme chacun sait, et non le fleuve vert du même nom au nord-ouest de Naples dans lequel fut jeté la dépouille du pauvre Manfred.
De l’autre côté de la chaussée se trouvait un autre bus de la même ligne. Piqué au vif par cette apparition tentatrice, je me vis soudain descendre du bus, traverser la rue et monter dans l’autre bus, savourant déjà en pensée les parfums de fruits exotiques et de frangipane chaude.
Mais quelques scories de conscience professionnelle suffirent à m’alourdir le corps pour que je restasse assis sur mon siège et poursuivisse mon chemin.
J’avais rêvé mon escapade frondeuse davantage que je ne l’avais vécue !

Sommes-nous encore libres de nos envies de thé ?
Obéissons-nous inconsciemment à de sourds appels lancés par nos précieuses feuilles (de thé, pas les oreilles) ?
Et lorsque nous nous consacrons à notre loisir favori, sommes-nous toujours maîtres de notre choix ou au contraire, subissons-nous le secret appel de certaines références ?

Quel temps quotidien consacrez-vous à penser au Pu Er, aux Wulong et autre Gong Fu Cha ?

Enfin, le soir, lorsque vous baissez le rideau du courage et de l’énergie pour vous endormir, emportez-vous dans vos pensées nocturnes quelques théières ou effluves chéries ?

18 janvier 2008


Ivresse de l'ombre.

Il est tout à fait possible de passer à côté des merveilles du monde sans les remarquer.

Le dégustateur curieux trouvera peut-être un jour son Virgile ou sa Béatrice qui lui permettra de voir les étoiles sur le chemin du thé. Pour cela, il aura fallu croiser la panthère, le lion et la louve sans rebrousser chemin et s'affranchir de la luxure, l'orgueil et l'avarice. Car le thé n'est ni luxe, ni fierté et coûte à celui qui l'approche.
Le coût du thé est matériel, certes, car il faut récompenser le travail noble et le savoir. Mais il est aussi dévoreur de temps et de pensées. Il occupe l'espace qui lui est offert et qu'il convient de délimiter.

Voir et sentir au-delà de ce qui est perceptible, réussir le passage sans préter trop attention aux plaintes des damnés de la médiocrité, mais prendre le temps de les interroger pour savoir pourquoi, eux, n'ont pas su entendre le chant du thé.
Pour enfin trouver sa vérité à travers l'expérience et un morceau de connaissance. Accepter la peine et la souffrance de ceux qui ont échoué mais sans les plaindre, car ils ont mériter de rester dans l'ombre.

N'écouter que les douces et réconfortantes paroles du poète et savoir fuir les démons. Marcher le long des cercles et bolges de l'ignorance, toujours plus profond vers la lumière.
Etre seul parmi la masse des ignorants mais suivre en pensée les autres pèlerins qui ont su trouver leur guide et le parcours vers le ciel.
Emmerger du vide et de l'espace infini pour se trouver, enfin. Merveilleux breuvage qui communique avec celui qui lui prête intérêt, lui renvoie son image.
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On se trouve dans le thé comme on se trouve au fil du temps, au milieu de l'arc de vie, par une forêt obscure.